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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

George Miller (2015)
Mad Max : Fury Road
Sortie le 14 mai 2015
Article mis en ligne le 13 mai 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : Ancien policier de la route, Max Rockatansky (Tom Hardy) erre désormais seul au volant de son bolide (une Ford Falcon XB 351) dans un monde dévasté où les clans de cannibales, les sectes et les gangs de motards s’affrontent dans des déserts sans fin pour l’essence et l’eau. L’un de ces clans est aux ordres d’« Immortan Joe » (Hugh Keays-Byrne), un ancien militaire devenu leader tyrannique. L’une de ses plus fidèles partisanes, l’impératrice Furiosa (Charlize Theron), le trahit et s’enfuit avec un bien d’une importance capitale pour le chef de guerre : ses « épouses », un groupe de jeunes femmes lui servant d’esclaves et de « ventres ». Immortan Joe se lance à la poursuite de Furiosa avec toute son armée motorisée à travers le désert.

Max est embarqué malgré lui dans cette traque délirante, ayant été capturé et enchaîné à l’avant du véhicule de Nux (Nicholas Hoult), l’un des soldats d’Immortan Joe. Max n’a pas le choix s’il veut survivre à cet enfer : il devra s’associer avec Furiosa pour échapper à Joe et son armada de fous furieux.

Acteurs : Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Rosie Huntington-Whiteley, Zoë Kravitz, Riley Keough, Nathan Jones.

 Mad Max : 1, 2 et 3 !

Mad Max, ce sont trois dates : 1979, 1981 et 1985. George Miller était aux commandes et il semblait bien que tout avait été dit à l’aide cette dystopie qui se déroule dans l’Outback australien. On y découvrait le tout jeune Mel Gibson (23 ans) dans son quasi premier rôle au cinéma. Depuis il est devenu la figure emblématique de la saga et il est grimpé au panthéon des stars.

Nous connaissons bien cet univers : il n’y a plus de pétrole et on se bat pour le peu qui reste ; le policier Max Rockatansky, sa moto, ses combats impressionnants ; son coéquipier Jim, brûlé grièvement par un gang qui tuera sa femme et son bébé. Ce sera le départ d’une vengeance meurtrière. Il se mettra ensuite dans le deuxième volet au service d’une communauté qui exploite une réserve de pétrole. Il devra se battre et échapper à une bande de pirates motorisés qui le pourchassent. La poursuite finale sera considérée comme l’une des plus grandes poursuites automobiles de l’histoire du cinéma. Je poursuis (c’est le cas de le dire) en passant outre Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre (Mad Max : Beyond Thunderdome) de 1985 pour arriver à cet impensable quatrième volet.

 Mad Max 4 : impensable ?

Impensable, même si on y pensait depuis longtemps, dès après la sortie du 3e volet, puis, de nouveau, en 2003. Le tournage était alors envisagé en Australie avec un budget de cent millions de dollars américains. Vraiment ? Et sans Mel Gibson ? Trois ans plus tard, en 2006, le réalisateur s’exprime : « Il y a un vrai espoir réel. La dernière chose que je voulais faire est un autre Mad Max, mais ce scénario est arrivé et je me suis fait complètement emporter par cela. » Trois ans se passent encore, nous sommes en 2009 : réaliser le film en images de synthèse et en 3D (comme pour Happy Feet (2006). On abandonne l’idée de la synthèse et on garde la 3D en ayant deux films pour objectif : Mad Max : Fury Road et Mad Max : Furiosa. Le tournage est repoussé en début 2012. Des pluies intenses ont modifié l’endroit prévu à Broken Hill (Nouvelle-Galles du Sud).Exit l’Australie. On ira dans le désert de Namibie pour un tournage très éprouvant de six mois. A l’arrivée, trois ans plus tard, cela donne quoi ?

 Soyons honnêtes !

  • le scénario tient en une phrase : on filme une course poursuite dans le désert, elle va durer 1h45 sur les deux heures du film ;
  • Mad Max (Tom Hardy) a très peu de dialogues : ceux-ci tiennent sur un feuillet A5. Les phrases sont courtes, parfois sans verbe et les grognements sont nombreux. Normal se dira-t-on : Mad Max a la tête encagée pendant le premier tiers du film ! La désincarcération ne l’aide pas. En fait, à côté de cela, les dialogues de Tom Hardy dans Bronson de Nicolas Winding Refn (2009) appartiennent au cinéma d’auteur ! L’expression d’Hardy - un acteur que j’apprécie au demeurant - est si monolithique, quasi inexpressive, qu’à côté de cela le jeu d’un Keanu Reeves est un chef d’œuvre d’expression !
  • Mad Max (dont on ne connaitra le nom qu’à la fin du film) est réduit à être un « homme objet » : poche de sang - donneur universel - pour des guerriers qui ne sont que des demi-vivants.
  • Bien plus, Mad Max n’est plus le héros. Ce rôle lui est ravi, magistralement, par Charlize Theron (l’impératrice Furiosa) et même par le jeune guerrier Nux (excellent Nicholas Hoult) qui, en plus de lui « piquer » son sang, le dépasse presque en terme de présence, de rôle et d’efficacité à l’écran. Bien plus, sa palette d’expression, son jeu et sa conversion à une autre cause dans le scénario donnent au jeune acteur âgé d’un peu plus de vingt ans au moment du tournage la possibilité d’un jeu très riche.

 Zorro est arrivé !

Et alors ? Zorro est arrivé ! Enfin, le septentenaire George Miller est arrivé. Sans se presser (trente ans quand même) il a décidé qu’il n’y aurait pas de script et qu’un story-board de 3500 vignettes dessinées serait largement suffisant. Il ne va pas sauver Suzy mais Charlize (Furiosa) qui va donc ravir la vedette à Mad dans un rôle qui lui va à ravir ! Il va l’embarquer ainsi que d’autres acteurs dans des rôles exigeants au plan physique. La majorité des cascades seront vraies et exécutées par les acteurs eux-mêmes, vrais également les crashs très nombreux de voitures. « Il fallait qu’on puisse lire la folie sur leurs visages ». Autant dire que tout cela ne fut pas une partie de plaisir : la chaleur, la souffrance et les exigences physiques ont aussi fait que le film est ce qu’il est !

Une daube ? Ben, c’est quoi une daube ? En tout cas, ce n’est pas un Bergman ou un Hanneke. Certainement pas un Mallick. Mais à une « baraque à frites » on ne demande pas de servir un homard à l’armoricaine ! Et il est à Bruxelles de telles friteries où les files sont telles qu’il faut attendre une demi-heure avant d’être servi. Pourquoi ? Parce que toutes anti-diététiques qu’elles sont, ces frites sont très bonnes. C’est ce qu’on demande et ce que l’on reçoit.
Ici, le film fait ce qu’on lui demande : une incroyable poursuite dans le désert qui dure quasiment durant la totalité du film. Pas de temps morts, peu de dialogues. De l’action du début à la fin et quelle action ! Epoustouflante avec des acteurs, mais surtout des actrices qui se donnent à fond.

 Bravo M. Miller !

Et donc, proficiat, M. Miller d’avoir osé vous attaquer à votre propre franchise, à votre propre succès, au mythe que vous avez créé. Vous avez osé ! Vous avez utilisé tout ce qui a été fait en matière de film d’action pour doper ce nouveau film à la testostérone au risque d’en priver vos acteurs au profit de vos actrices. Vous avez osé vous passer de Mel Gibson, faire passer Mad Max au second plan jusqu’à reléguer son identité pour ne la dévoiler qu’à la fin du film. Vous ne nous laissez aucun moment de répit. A part quelques trucages moins réussis, vous nous scotchez dans nos fauteuils jusqu’à nous couper le souffle. A tel point qu’il nous faudra bien une pinte de bon sang universel et une autre de lait maternel pour nous remettre.


Mise à jour : Lien vers un article d’Eddy Chevalier, Professeur agrégé d’anglais, docteur en civilisation américaine, dans le blog rue 89. « Mad Max : Fury Road » est une parfaite adaptation des « Monologues du vagin ».


Mad Max : Fury Road : Trailer #3 HD VO st bil
Mad Max : Fury Road : Trailer #3 HD VO st bil

Max Rockatansky fuit Wasteland avec un groupe de réfugiés pour échapper à la guerre menée par l’Impératrice Furiosa.
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