Signe(s) particulier(s) :
- basé sur le huitième roman de Charles Dickens, « David Copperfield », publié en 1850, considéré comme son œuvre la plus autobiographique.
Résumé : Orphelin de père, David Copperfield est élevé par sa mère affectueuse. Lorsque celle-ci se remarie, David est jeté hors de chez lui par son beau-père acariâtre. Il entame alors un long voyage et rencontre les personnages les plus excentriques de la Grande-Bretagne victorienne. Au cours de cette aventure à la recherche d’une famille, d’amis, de l’amour et d’une place dans la société, il va accumuler les brillantes idées pour son autobiographie.
La critique de Julien
Après « La Mort de Staline » (2017), l’humoriste, scénariste, réalisateur et producteur de radio Armando Iannucci, né à Glasgow de parents italiens, s’est attaqué au roman « David Copperfield » de Charles Dickens, décrit par beaucoup comme son « chef-d’œuvre » ou encore comme « le triomphe de l’art de Dickens », lequel, écrit pour la première fois à la première personne en ce qui le concerne, relate le parcours d’un jeune garçon durant l’Angleterre victorienne, de son enfance jusqu’à sa maturité, lui qui deviendra écrivain, et écrira sa propre autobiographie.
Film d’époque, « The Personal History of David Copperfield » est une nouvelle adaptation enlevée et fidèle du roman de Dickens, lequel marqua un tournant de maturité dans son œuvre. Découpé en plusieurs parties, Armando Iannucci soigne ici la mise en scène de son film. Alors que son héros narre son histoire au fur et à mesure qu’il l’écrit, il lui permet par exemple d’apparaître à l’âge adulte en spectateur des scènes relatives à son enfance, ce qui apporte de la malice et un regard pertinent sur ce qu’il raconte. Aussi, le cinéaste joue énormément entre les différents plans de son film, et permet à ses personnages de passer d’un lieu éloigné à un autre, et cela au sein d’une même scène, tel que du cinéma de théâtre. Car à ne pas s’y méprendre, ce film est extrêmement bavard, et enchaîne les rôles de composition hauts en couleur, au regard des nombreux individus qui entrent et sortent de sa vie, alors que Copperfield traversera, au fil de ses rencontres, les étapes de son développement. Pourtant, Armando Iannucci réussit à ne pas nous assommer, mais bien à divertir (malgré des débuts longuets), à donner vie à chacun des intervenants de cette histoire, étant donné la richesse de son adaptation, fluide et vivante, qui ne cesse de voyager, au travers de l’intemporalité du récit de Dickens, malgré quelques sorties de route, dues à son trop-plein de bonne volonté, lui qui veut trop en faire, et fatigue parfois. Mais tout comme Dickens, Iannucci utilise pour notre plus grand plaisir la satire comme dispositif narratif, pointant notamment du doigt les conditions de vie des enfants durant l’ère victorienne, puis la lente ascension sociale et intime d’un jeune homme, subvenant à autrui tout en poursuivant son propre chemin, semé d’embûches, mais également d’amitié, et d’amour. Enfin, la cerise sur le gâteau est apportée par son casting, aux petits oignons, alors emmené par un choix des plus audacieux, en la personne de Dev Patel, cet excellent acteur britannique d’origine indienne, de couleur, vu dans « Slumdog Millionaire » ou « Lion » (pour ne citer qu’eux), lequel est ici généreux d’un bout à l’autre, comme à son habitude, et reflète avec beaucoup d’humilité les multiples émotions de son personnage, attendrissant, persévérant.
Vingt ans après le téléfilm de Simon Curtis avec Daniel Radcliffe dans le demi-rôle-titre, Armando Iannucci, toujours entouré de son acolyte Simon Blackwell, nous livre une version modernisée, élégante (voire excentrique), loufoque, bien que parfois déstabilisante du célèbre roman « The Personal History of David Copperfield » de Charles Dickens, que ses amateurs auraient donc tort de bouder, tout comme ceux du film à costumes.
