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Oliver Parker
The Great Escaper
Sortie du film le 06 mars 2024
Article mis en ligne le 20 mars 2024

par Julien Brnl

Genre : Biopic

Durée : 97’

Acteurs : Michael Caine, Glenda Jackson, Wolf Kahler, John Standing, Danielle Vitalis...

Synopsis :
D’après l’histoire authentique du vétéran britannique Bernard Jordan, qui s’est évadé de sa maison de retraite en juin 2014 afin de pouvoir rejoindre ses camarades de combat lors des cérémonies organisées pour célébrer le 70e anniversaire du Débarquement des forces alliées en Normandie. 48 heures de cavale qui coïncidaient par ailleurs avec ses 60 ans de mariage avec son épouse.

La critique de Julien

Ce n’est pas la première fois que le cinéma britannique invite un senior à se lancer dans un road-trip pour une quelconque mission personnelle (promesse tenue, quête de rédemption, etc.). Récemment, Timothy Spall traversait en bus l’Écosse et l’Angleterre dans « The Last Bus » (Gillies MacKinnon, 2022), tandis que Jim Broadbent, lui, parcourait sept mille kilomètres à pied au travers de la Grande-Bretagne pour rendre visite à une vieille amie mourante dans « L’Improbable Voyage d’Harold Fry » (Hettie MacDonald, 2023). « The Great Escaper » d’Oliver Parker permet quant à lui au personnage de Sir Michael Caine (89 ans au moment du tournage) de s’évader de sa maison de retraite afin d’assister aux commémorations du 70e anniversaire du Débarquement, en juin 2014, en tant que vétéran de la Royal Navy britannique de la Seconde Guerre mondiale. Or, comparée à ses homologues, cette histoire est basée quant à elle sur l’histoire vraie de Bernard Jordan, un octogénaire ayant fui un jeudi matin la résidence The Pines, à Hove, au Royaume-Uni, pour ainsi se rendre en Normandie et participer aux cérémonies du D-Day, tout en ayant pris soin de prévenir sa femme, avec qui il vivait au sein de la maison de retraite. Décédé quelques mois après sa folle traversée, tandis que son épouse l’a rejoint quelques jours plus tard, « The Great Escaper » met dès lors en scène l’immense Michael Caine (91 ans aujourd’hui), ayant pris sa retraite cinématographique en octobre dernier, tandis que l’actrice Glenda Jackson, avec qui il partage l’affiche 47 ans après « The Romantic Englishwoman » (Joseph Losey, 1975), s’en est allée en juin dernier, à l’âge de 87 ans, soit neuf mois après la fin du tournage...

Bien qu’adapté de l’histoire de dudit vétéran, « The Great Escaper » prend fictivement des libertés quant aux réelles motivations du véritable héros de guerre Bernard Jordan avec celles du personnage de Michael Caine, lequel est rongé ici par un douloureux souvenir datant justement du jour du Débarquement des Alliés, dont il faisait donc partie. Ce pèlerinage lui permettra dès lors d’extérioriser ce qui lui pesait sur le cœur depuis tant d’années (on le comprendra à l’aide de flash-back), tandis qu’il partagera pour la première fois cette histoire à son épouse, Irène, de mèche dans sa fugue, et qu’il décida alors de médiatiser. S’il est donc question ici d’une quête de rédemption, mais aussi d’un hommage aux hommes et femmes ayant joué un rôle il y a maintenant quatre-vingts ans, ainsi que du « gâchis » de la guerre (la déchirante scène au cimetière de Bayeux), le film d’Oliver Parker est aussi une comédie dramatique qui nous parle de la longévité d’une grande histoire d’amour, mais aussi de la vie et de ses buts, surtout lorsque l’on (sur)vit avec des traumas physiques et/ou psychologiques, relatifs ici aux conséquences d’une guerre.

Malgré ses thèmes lourds (« La mort est-elle la seule évasion à la vieillesse ? »), « The Great Escaper » ne tombe jamais dans le sentimentalisme (patriotique), et trouve donc le bon ton pour raconter sa belle histoire, entre émotion et humour british, étant donné la personnalité respectueusement réfractaire de ses deux fantastiques octogénaires, alors en parfaite union, agissant donc ici à l’encontre des avis des employés de l’établissement dans lequel ils résident. Et Michael Caine et Glenda Jackson y sont forcément tendres et émouvants. On ressort dès lors ému par ce film, dont notamment par une scène inspirante de poignée de main échangée entre Bernard, un autre vétéran allié rencontré sur le ferry (John Standing, dans la peau d’un ex-pilote de la Royal Air Force) et des Allemands, également venus sur place pour les événements. On vous laissera le soin d’en découvrir les aboutissants, qui devraient servir d’exemple à bien des dirigeants actuels. Quant à Michael Caine, il s’agit là d’un dernier rôle parfaitement salutaire, qu’il serait dès lors dommage de rater...



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