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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Michael Chaves
La Nonne 2 : la Malédiction de Sainte Lucie (The Nun II)
Sortie du film le 13 septembre 2023
Article mis en ligne le 16 septembre 2023

par Julien Brnl

Genre : Horreur

Durée : 110’

Acteurs : Bonnie Aarons, Taissa Farmiga, Storm Reid, Anna Popplewell, Jonas Bloquet...

Synopsis :
1956, France. Un prêtre est assassiné. Un mal se répand. Sœur Irène se retrouve une fois de plus confrontée à Valak, la nonne démoniaque.

La critique de Julien

Franchise horrifique la plus lucrative de tous les temps avec plus de deux milliards de dollars de recettes à travers le monde en l’espace de neuf films, l’univers cinématographique « Conjuring », initié par James Wan avec « Les Dossiers Warren » (2013), se poursuit avec la suite de son plus grand succès, « La Nonne » (2018), réalisé à l’époque par Corin Hardy. Tandis qu’il a déjà mis en scène les films « La Malédiction de la Dame Blanche / The Curse Of La Llorona » (2019) et « Conjuring 3 : sous l’Emprise du Diable » (2021), c’est au cinéaste Michael Chaves que l’on doit les nouvelles aventures du démon Valak, prenant ainsi l’apparence d’une religieuse, sous les traits de l’actrice américaine Bonnie Aarons, laquelle avait déclarée à l’époque « aimer les gens » avec « Valak et sa nonne » et « leur présence effrayante ». Or, ironie du sort, celle-ci vient de porter plainte contre Warner Bros. Pictures, New Line Cinemas et Scope Production pour une violation de contrat, laquelle réclame ainsi une prime liée aux performances du premier film au box-office, mais aussi « une part proportionnelle de 5% de 50% des recettes brutes » provenant du merchandising de son personnage, qu’elle n’aurait donc pas reçu en totalité, laquelle stipule que les studios cachent, de plus, le montant réel de la part légitime de ses revenus, tout en continuant à exploiter son image. N’est-ce donc pas cela la véritable horreur de cette histoire, surtout au regard de l’actualité, en plein piquet de grève des scénaristes, actrices et acteurs, lesquels se battent contre Hollywood, étant donné la montée inquiétante de l’IA dans ce milieu, et de litiges de confiance, comme dans ce cas ? N’ayant dès lors bénéficié d’aucune promo, « La Malédiction de Sainte Lucie » est pourtant bien parti pour faire frémir le box-office et devenir une nouvelle pompe à fric pour ses investisseurs, malgré une piètre qualité, même s’il demeure meilleur que son prédécesseur (ce qui, entre nous, n’était pas très difficile)...

Se déroulant quatre ans après les précédents événements survenus à l’abbaye de Saint-Carta, en Roumanie, on retrouve, d’un côté, sœur Irène (Taissa Farmiga, la sœur cadette de Vera Farminga, jouant Lorraine Warren), ayant enfin prononcé ses vœux et résidant dans un couvent en Italie, ainsi que, de l’autre, Maurice « Frenchie » Theriault (notre compatriote Jonas Bloquet), alors qu’une croix inversée était apparue dans son coup après avoir sauvé sœur Irène, lui qui, possédé, cultive désormais ses tomates dans une école et pensionnat pour jeunes filles, à Aix-en-Provence, où il est domestique. Mais alors que l’Église subit d’étranges décès en prenant source depuis Saint-Carta, tout en se déplaçant d’est en ouest, ladite sœur sera réquisitionnée par le Vatican pour enquêter sur ces disparitions ciblées, elle qui est désormais la seule membre vivante de l’Église à connaître Valak. Alors qu’elle sera témoin de visions où Maurice lui demandera de le sauver, celle-ci entamera alors son périple, en compagnie de Sœur Debra (Storm Reid), une jeune novice, laquelle l’a rejointe sans permission. Les deux femmes se retrouveront dès lors confrontées, les yeux dans les yeux, à Valak, en quête quant à lui d’une relique de Sainte Lucie, sainte patronne des aveugles. L’occasion peut-être aussi pour sœur Irène d’en apprendre sur son passé, et sa descendance...

Force est de constater que ce n’est pas encore « La Nonne 2 » qui va nous réconcilier avec le « Conjuring Universe ». Le film de Michael Chaves souffre, en effet, de la même malédiction que celle de ses précédents métrages, lequel s’avère long à la détente, en plus d’insister systématiquement sur ses effets artificiels et prévisibles, eux qui nous préparent ainsi à chacune des menaces de Valak, plutôt que nous prendre de court. Le métrage de Chaves est dès lors incapable d’installer une quelconque tension en continu, laquelle retombe entre chaque aller-retour du montage entre ce qui se déroule dans le pensionnant, et l’enquête menée par sœur Irène. De plus, c’est systématiquement dans le noir que ces scènes se déroulent, quitte à ne pas y voir grand-chose (en témoigne l’affiche officielle du film). Outre ainsi de très rares sursauts, cette suite ennuie donc plus qu’elle ne divertit, malgré l’imposant - et disproportionné - charisme du démon muet, ainsi qu’un final bien plus généreux - mais fourre-tout - que celui de son aîné. On sent cependant ici que le budget de production du film est bien plus confortable, notamment en matière de décors fantasmés par les Américains de la France catholique d’après-guerre, ou de maquillages, « La Nonne 2 » étant bien plus violent (et sanglant) que le film de Corin Hardy. Qu’à cela ne tienne, cela ne le sauve pourtant pas des enfers, lui qui accumule les clichés du genre et les lourdeurs narratives. À titre d’exemple, les personnages agissent ici - comme d’habitude - contre-nature, en plus d’être mal joués et doublés. Difficile, en effet, d’être en empathie avec celui de Jonas Bloquet, malgré ce qui lui arrive. Le joli minois de Taissa Farmiga et le manque de caractère de son protagoniste empêchent également toute émotion, même si l’écriture lui réserve (enfin) un véritable rôle à tenir, en parallèle avec la martyre Lucie de Syracuse (oui, ils ont osés). Que dire d’ailleurs de l’abus superficiel et opportuniste de symbolique christique du film, lequel n’est définitivement en rien original ?

Bref, aucun miracle ici à l’horizon, si ce n’est la mauvaise prémonition que ce n’est sans doute pas la dernière fois que l’on croisera la cornette de Valak (pour autant que son actrice soit payée à juste titre), ainsi que « Frenchie », étant donné la scène post-générique rafistolée que l’on a pu découvrir à l’issue de « La Nonne », le concernant, et qui, dans la timeline sens dessus dessous de l’univers Conjuring, n’a pas encore eu lieu. Bref, on a perdu la foi...



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