Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Eric Lavaine
Chamboultout
Sortie le 3 avril 2019
Article mis en ligne le 20 avril 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • film librement inspiré du livre « La Course de la Mouette » de Barbara Halary-Lafond, une amie du réalisateur Eric Lavaine, laquelle a livré un témoignage de sa nouvelle vie depuis que son mari a été victime d’un accident de scooter, et en est notamment devenu aveugle ;
  • après « Retour chez ma Mère » (2016), « L’Embarras du Choix » (2017), et avant « Retour chez ma Fille » (2020), Alexandra Lamy tourne pour la troisième fois avec le cinéaste Eric Lavaine.

Résumé : Béatrice célèbre avec les siens la sortie de son livre, dans lequel elle raconte l’accident de son mari qui a bouleversé leur vie. Frédéric a perdu la vue et ne peut s’empêcher de dire tout ce qu’il pense : c’est devenu un homme imprévisible et sans filtre bien que toujours aussi drôle et séduisant. Mais ce livre, véritable hymne-à-la-vie, va déclencher un joyeux pugilat car même si Béatrice a changé les noms, chacun de ses proches cherche à retrouver son personnage. Le groupe d’amis et la famille tanguent… mais certaines tempêtes sont salutaires.

La critique de Julien

On ne peut pas gagner à tous les coups. Or, après l’échec de leur précédente collaboration sur « L’Embarras du Choix » (2017), Eric Lavaine et Alexandra Lamy réitèrent l’exploit. Dans « Chamboultout », l’actrice incarne une femme modèle qui doit user de toute son énergie pour s’occuper de sa famille depuis que son mari Frédéric (José Garcia) a été victime d’un banal accident de moto, lequel l’a rendu aveugle, et souffrant en plus d’un état neurologique végétatif. Pour alors exorciser ses douleurs, et inspirer d’autres victimes (directes ou non), elle se mettra à écrire un livre dans lequel elle parlera de son propre combat au quotidien, ainsi que du regard de ses proches et amis, tout en prenant soin d’en changer les prénoms. Quelques mois plus tard, en vacances dans une maison à Biarritz entre amis pour fêter l’anniversaire de son mari ainsi que la sortie de son livre, ces derniers découvriront l’ouvrage, tout en s’arrêtant sur des anecdotes déplaisantes à leur sujet, ce qui aura tendance à mettre le feu aux poudres, tandis que l’on découvrira la relation extraconjugale de Béatrice, malgré l’assistance et l’amour inconditionnel qu’elle porte pour son mari...

Eric Lavaine aime les comédies chorales. C’est à lui que l’on devait notamment le film « Barbecue » (2014), où Lambert Wilson incarnait un homme de vie bien rangé, et malgré tout victime d’un infarctus, lequel décida alors de profiter pleinement de la vie, tout comme de ses vacances annuelles en famille et entre amis dans une grande et magnifique villa avec piscine près du Vigan, avec cette année son lot de révélations plus ou moins compromettantes, comme s’il fallait qu’un drame ait lieu pour que des vérités éclates... Dans « Chamboultout », le cinéaste se repose plus où moins sur la même structure scénaristique, étant donné qu’un événement dramatique et impromptu de la vie de tous les jours va amorcer une réunion amicale électrique, suite à la lecture mal-interprétée de ce livre, et de propos sortis de leur contexte, s’incluant pourtant dans une démarche globale personnelle et bienveillante.

Alors qu’il rigole de le handicap de manière peu inspirée et pourtant soulignée au marqueur indélébile (le personnage de José Garcia ne peut notamment pas s’empêcher de se ruer sur la nourriture), le film peine à soulever un quelque intérêt en passant à côté de son sujet principal, pour alors s’apitoyer sur quelques querelles existentielles insignifiantes entre amis. En plus de beaucoup parler dans le vide, le film est prévisible, et ne chamboule jamais vraiment, tandis qu’il n’assume pas totalement son écriture. Ainsi, la confrontation entre le mari et l’amant n’aura, par exemple, jamais lieu. Pourtant, malgré tout notre compassion et compréhension pour cette femme, on aurait apprécié un peu plus de franchise, ou en tout cas un approfondissement de cette situation délicate qu’est celle de s’occuper à plein temps d’un mari handicapé, tout en restant une femme avec des besoins...

Certes, Alexandra Lamy passe du rire aux larmes avec un certain savoir-faire, mais l’actrice ne parvient pas à sauver les meubles. De Mickaël Youn à Anne Marivin, l’écriture des personnages secondaires manque également de contraste, tandis que certains agissent avec méfiance et peur d’affronter le regard de la maladie de leur frère et/ou ami Frédéric. C’est dommage, car on imagine bien le malaise d’autrui vis-à-vis d’une telle situation. Mais le film, lui, ne s’y attelle qu’en termes de réactions et de numéros d’acteurs. José Garcia, quant à lui, peine à toucher, et à vivre dans son rôle.



Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11