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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Zach Braff
A Good Person
Sortie du film le 31 mai 2023
Article mis en ligne le 26 juillet 2023

par Julien Brnl

Genre : Drame

Durée : 128

Acteurs : Florence Pugh, Morgan Freeman, Celeste O’Connor, Molly Shannon, Zoe Lister-Jones...

Synopsis :
Après avoir été mêlée à un accident meurtrier, la vie d’Allison vole en éclat. Alors qu’elle semble toucher le fond, ce sont les liens improbables avec son beau-père qui lui font reprendre goût à la vie.

La critique de Julien

C’est sur le tard que nous avons découvert le drame intimiste « A Good Person », de Zach Braff, connu notamment pour avoir joué dans la série télévisée « Scrub (2001-2010) de Bill Lawrence, ainsi que pour avoir mis en scène le film »Garden State" (2004), dans lequel il tenait le haut de l’affiche avec Natalie Portman. Mais il n’est jamais trop tard pour vous parler d’un film qui nous a particulièrement touchés, et qui devrait en faire de même avec vous. Et autant dire que celui-ci fait partie de ceux qui donnent l’envie d’écrire aussitôt la séance terminée, ou plutôt le besoin d’extérioriser les émotions vécues, et notre coup de cœur...

Alors qu’il fut en couple avec l’actrice montante - mais qu’on ne présente déjà plus - Florence Pugh de 2019 à 2022, ces deux-là ont tout de même eu le temps de faire ce film ensemble, elle qui dépeint actuellement le rôle de Jean Tatlock dans le film biographique de Christopher Nolan, « Oppenheimer ». Dans « A Good Person », l’actrice et productrice britannique joue Allison Johson, une musicienne en herbe, fiancée à son amoureux de lycée, Nathan Adams (Chinaza Uche), lesquels s’apprêtent à se marier. Mais le lendemain d’une fête arrosée, cette dernière sera responsable d’un grave accident de la route, tuant notamment sa future belle-sœur, qui était passagère, alors qu’au même moment, Daniel (Morgan Freeman), son futur beau-père, en train de conduire sa petite-fille Ryan (Celeste O’Connor) à l’école, apprenait le décès de sa fille, causé ainsi par sa future belle-fille, sans rien dire encore à Ryan, quant à la mort de sa propre mère dans l’accident. Rongé par le chagrin, par la culpabilité, par le manque, et la dépendance, Zach Braff, qui a entièrement écrit le film, se penche alors sur une étude de cas, en prise aux conséquences de cette perte tragique, laquelle, pour certains, vont faire remonter à la surface de vieux démons...

Étant donné les temps qui courent, vous nous direz «  Encore un drame ; on n’a pas besoin de voir ça au cinéma !  »... Alors certes, « A Good Person » n’est pas le film le plus lumineux qu’on ait vu en termes d’événements racontés, mais il est pourtant extrêmement difficile de ne pas y trouver du réconfort, de reconstruction personnelle, de pardon, de rédemption humaine, et cela entre les magnifiques personnages qui y sont dessinés, et leur évolution. Alors que la majorité de l’intrigue se situe un an, puis quelques années après le terrible drame, le film s’intéresse d’une part à Allison, laquelle, également victime de l’accident, et se voilant la face quant à ses torts, est devenue dépendante à l’oxycodone, qui est un puissant analgésique, soit un anti-douleur sur ordonnance, prescrit à l’époque pour soigner sa blessure à la tête, désormais guérie. Or, la demoiselle, qui a abandonné du jour au lendemain Nathan, ne sait toujours pas comment gérer sa peine, quitte à se droguer, à longueur de journée, avec cet opioïde, classé par l’Organisation mondiale de la santé parmi les stupéfiants les plus dangereux, bien qu’elle soit consciente de devoir suivre une cure, en centre fermé, mais sans avoir d’argent pour cela, faute de sécurité sociale, étant donné notamment qu’elle ne travaille pas. Mais qui pourrait bien l’embaucher dans cet état ? D’autre part, ce récit se concentre sur Daniel, le grand-père qui, en plus de devoir supporter la mort de sa fille, élève seul, sa petite-fille, adolescence et en crise (victime alors d’intimidations à l’école). Or, ce dernier aurait justement bien besoin d’une « cage de la taille d’un ado », lui qui est, de plus, et depuis toujours, en froid avec son fils, Nathan, lequel lui reproche l’impardonnable, alors qu’il est un ancien flic alcoolique, l’ayant jadis brutalisé. Le vieillard, du haut de la maquette de la ville de South Orange, New Jersey, qu’il a créée dans sa cave, réécrit alors sa vie, tel un dieu, et en change les épisodes, avec des figurines inspirées par lui et ses proches. Or, ne sachant plus comment il faut faire avec Ryan, quitte à la priver de tous, Daniel va resombrer dans l’alcool, ce qui va le pousser à fréquenter un groupe de thérapie. À la suite d’une rencontre terriblement humiliante, Allison, quant à elle, va également faire le pas. Or, c’est de manière inattendue qu’Allison et Daniel se retrouveront au même endroit, ce dernier suppliant Allison de ne pas quitter les lieux, prenant ainsi sur lui-même, comme si Dieu le mettait au défi. Entre eux, il y a bien évidemment Ryan, qui espère (maladroitement) tout arranger entre son oncle et Allison (ce qu’aurait sans doute voulu sa mère), bien qu’elle en veuille à cette dernière, alors que le premier, lui, tente de reconstruire sa vie, et d’y retrouver une place, tout en essayant de comprendre, et de pardonner à ceux qui l’ont blessé.

« A Good Person » n’est certainement pas le film du genre le plus original qu’on ait vu, lui qui suit une dramaturgie et de multiples renaissances assez classiques, quitte à prendre des chemins convenus, et parfois peu nécessaires (ses personnages, par exemple, y avancent, avant de faire trois pas en arrière). De plus, on sait tous comment va se terminer cette inspirante histoire, jouée de la plus belle des manières par son casting, avec en prime le duo Florence Pugh, parfaite (et poussant même ici la chansonnette), et Morgan Freeman, particulièrement sur le fil de l’émotion. Ainsi, chacun de leurs échanges sonne juste, ainsi finalement que tous les dialogues profonds - et parfois vifs - du film, que l’on sent personnellement imprégnés par ce que semble avoir vécu Zach Braff. La mise en scène, sans fioriture, portée par une douce bande-originale, ainsi que l’écoute et le partage entre ses intervenants, font alors ressortir tout l’humanisme de ce film que l’on regarde avec attention, et beaucoup d’empathie. C’est un drame qui nous apprend ainsi à aimer notre destin (« amor fati », d’après une expression latine tatouée sur le poignet d’un des personnages), bien qu’on ne l’ait pas choisi, malgré les douleurs qu’il occasionne, mais dont on se relève, tant bien que mal...



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