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Jon Chu
D’où l’on Vient (In the Heights)
Sortie du film le 07 juillet 2021
Article mis en ligne le 9 juillet 2021

par Julien Brnl

Genre : Comédie musicale, drame, romance

Durée : 143’

Acteurs : Anthony Ramos, Leslie Grace, Corey Hawkins, Stephanie Beatriz, Olga Merediz, Lin-Manuel Miranda...

Synopsis :
Les lumières scintillent à Washington Heights ! Une bonne odeur de café chaud flotte près de la bouche de métro de la 181ème rue, où les habitants du quartier, solidaires et débordant de vie, restent unis grâce à leurs rêves les plus fous. C’est là que vit Usnavi, patron sympathique et charmant d’une bodega (petite épicerie gérée par son propriétaire), qui épargne le moindre dollar dans l’espoir d’une vie meilleure...

La critique de Julien

Plus d’une année après sa première date de sortie officielle, « In the Heights », traduit en français par « D’où l’on Vient », débarque enfin le pied dansant dans les salles de cinéma, inspiré par la comédie musicale éponyme créée par Lin-Manuel Miranda et Quiara Alegria Hudes, à Broadway, en 2005. Tout comme son modèle, le film nous invite dans les rues du quartier de Washington Heights, centre de la communauté hispanique à New York, à la rencontre de plusieurs personnages qui poursuivent leurs rêves d’une vie meilleure.

Il y a tout d’abord Usnavi (Anthony Ramos), le narrateur, lequel raconte alors à quatre enfants, des années plus tôt, son histoire à Washington Heights, alors qu’il rêvait d’ouvrir son propre bar en République Dominicaine, et ainsi reprendre l’entreprise de son défunt père. Élevé par la matriarche du quartier Abuela Claudia (Olga Merediz), Usnavi nous présentera alors, tour à tour, ses amis proches, tels que Benny (Corey Hawkins) travaillant pour une compagnie de taxi, mais ne souhaitant pas faire cela toute sa vie, alors qu’il a le béguin pour Nina (Leslie Grace), fille du gérant de l’entreprise de taxi, laquelle est justement de retour de l’Université de Stanford, mais qui s’inquiète des coûts financiers de ces études vis-à-vis de l’entreprise de son père (Jimmy Smits). Sans oublier Sonny (Gregory Diaz IV), le petit cousin sans papier de Usnavy, travaillant pour lui, dans sa bodega, ainsi que Vanessa (Melissa Barrera), une jeune esthéticienne qui souhaite devenir styliste de mode, et pour qui Usnavy en pince. Tout ce beau monde chantera et dansera alors ses joies, ses peines et ses rêves, jusqu’à ce qu’une panne de courant vienne remettre en doute leurs espérances...

Malgré quelques petites différences avec la comédie musicale (victorieuse de quatre Tony Awards), dont des mises à jour scénaristiques ainsi que la suppression de certains personnages et chansons, « D’où l’on Vient » nous présente Washington Heigths, quartier d’immigrés que connaît très bien Lin-Manuel Miranda (il interprète d’ailleurs ici le rôle d’un vendeur de granita), pour y vivre, aujourd’hui habité majoritairement par des Latinos, et autrefois par les Dominicains, et encore plus tôt par les Irlandais, Italiens, et Juifs. Bref, un lieu culturel universel, qui sert donc de cadre à cette comédie musicale, et principalement l’intersection de la 175e rue et de l’Avenue Audubon, où l’épicerie SANTO Domingo Grocery Inc. a été utilisé comme extérieur de la bodega de Usnavy, lui dont l’origine du prénom est très originale. « D’où l’on Vient » ne lésine pas alors sur les scènes de danse endiablées et les chansons, mais parlées. En effet, mis à part quelques refrains, la bande-originale du film n’est donc pas du genre à s’écouter pour ses mélodies accrocheuses. Cependant, quelques-unes sortes du lot, telles que « Breathe », « Paciencia y Fe », « Blackout » ou « Carnaval del Barrio ». Qu’importe, la fraîcheur de son casting et ses chorégraphies communiquent une énergie et un amour démesuré pour la musique, pour la vie, pour les racines identitaires, pour ce quartier. On retiendra d’ailleurs particulièrement une scène, soit celle du numéro musical « 96 000 », tourné sur deux jours à la piscine de Highbridge Park, et ayant nécessité pas moins de 500 figurants !

Spécialiste des films musicaux (on lui doit notamment deux épisodes de la franchise « Step Up »/« Sexy Dance »), Jon Chu met donc en scène le quotidien rêveur de jeunes hispaniques face à leur condition d’immigrés, et à la difficulté de se bâtir un futur radieux quand on ne possède rien, et encore plus face au racisme endémique qui sévit aux Etats-Unis. S’il est donc question d’origines, « D’où l’on Vient » parle surtout d’espoirs, bien que certains personnages n’auront pas (encore) la chance de voir leur rêve se réaliser, alors que ce dont ils ont véritablement besoin, au fond d’eux, se trouvent plus près qu’ils ne le pensent. C’est justement ces tableaux enchantés qui leur permettront d’entreprendre plus clairement leur route, à partir du pont George Washington, filmés ici à plusieurs reprises, tout comme une célèbre boisson dont on taira ici le nom, en maladroits placements de produits.

S’il met le paquet en termes de spectacle, lui qui établit un riche panel multiculturaliste de la population du quartier de Washington Heights (excepté, d’après certains, des afro-latinos, accusant à tort, la production de colorisme), le film reste globalement inoffensif, manque d’approfondissement de ses propos, et souffre de prévisibilité et d’un excès de candeur. Tout est donc un peu trop lisse pour marquer durablement et servir ses discours. N’est pas Damien Chazelle qui veut ! Pourtant, « D’où l’on Vient » ne se tire jamais une balle dans le pied, et garde la tête haute, vers les étoiles, sans jamais tomber dans le misérabilisme. Et c’est sans doute là sa plus grande force, soit celle de ne jamais cesser de crier sur tous les toits la fierté d’appartenance, tout comme l’importance de poursuivre son chemin, peu importe les épreuves, et cela avec solidarité, et l’amour. Bref, vous l’aurez compris, ce film, c’est un véritable rayon de soleil, pour autant que l’on soit amateur du genre !



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