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Philippe Lefebvre
Nouveau Départ
Sortie du film le 27 septembre 2023
Article mis en ligne le 2 octobre 2023

par Julien Brnl

Genre : Comédie romantique

Durée : 96’

Acteurs : Franck Dubosc, Karin Viard, Clotilde Courau, Youssef Hajdi, Tom Leeb, Clémentine Baert, Bérengère Krief, Louise Orry-Diquéro, Joaquim Fossi : Malo...

Synopsis :
Amoureux de Diane comme au premier jour, Alain traverse la cinquantaine sans crise. Même le départ des enfants, il l’a bien vécu. Diane moins... Cette période, elle l’entame avec la sensation qu’elle pourrait mourir d’ennui ou d’angoisse. Pour Alain, qui voit pour la première fois son couple vaciller, il est temps de se poser les questions essentielles, et de prendre un risque majeur après 30 ans de vie commune : quitter Diane pour réveiller la flamme et l’envie de se retrouver.

La critique de Julien

Après « Le Siffleur » (2010), l’acteur, scénariste et producteur français Philippe Lefebvre repasse derrière (et même devant) la caméra pour « Nouveau Départ », une comédie romantique sur le couple, en pleine crise, et en l’occurrence ici de quinquagénaires, joués par Franck Dubosc et Karin Viard. Librement adapté du film argentin « El Amor Menos Pensado (Retour de Flamme) » (2018), ce film commence là où il se termine, et nous emmène à la rencontre de Diane et Alain. Pianiste concertiste, ce dernier est amoureux fou de son épouse comme au premier jour, tandis qu’elle travaille dans le milieu jeuniste de la presse hebdomadaire, dans lequel elle peine à garder une place, et être à la tendance, en plus de souffrir des symptômes de la ménopause et d’avoir l’impression de s’ennuyer dans sa vie, quitte à être angoissée par cela. Car si Diane a peur de l’inconnu, elle a surtout peur de mourir d’ennui. C’est alors par un concours de circonstances occasionnel que ses collègues la verront sous un autre œil, elle qui fera croire à ceux-ci qu’elle a un amant, en la personne de son patron dragueur, évidemment bien plus jeune qu’elle, et joué par Tom Leeb. Un jeu certes stupide, mais qui l’amusera, et la fera ainsi sortir de son image très placardisée. Sauf que son mari ne le verra pas du même œil, et prendra, par amour, une décision radicale, après 30 ans de vie commune, en espérant ainsi créer du manque entre eux, plutôt que de se perdre définitivement...

Philippe Lefebvre met ici en scène cette (ces) période (s) de la vie où aimer l’autre (et inversement) ne suffit plus à nous rendre heureux, mais où il est nécessaire de se réinventer soi-même. Indépendamment donc de celui avec qui on partage la vie, « Nouveau Départ » parle de renaissance personnelle, de redéfinition, même si celle-ci passe souvent par celle de son couple, surtout après des dizaines d’années de mariage, le réalisateur parlant ici de « confrontation de nos crises intérieures » comme cause de « problèmes de couple ». Même si l’on est persuadé que c’est justement en son (sa) partenaire que l’on peut trouver une nouvelle énergie pour raviver notamment la flamme, et non justement par un événement extérieur, comme celui d’un nouveau-né dans la famille, mais bien donc par une épreuve globalement partagée, « Nouveau Départ » fait partie de ces agréables comédies françaises réussies (si, si, cela existe), avec lesquelles on passe du bon temps.

Autant dire que l’alchimie entre Franck Dubosc et Karin Viard fait ici des étincelles, le premier dans le rôle d’un mari sensible et blessé dans son orgueil, et la seconde dans celui d’une femme aigrie en plein lâcher prise, totalement paumée, et quelque peu maladroite. On se prend dès lors d’empathie pour leurs personnages, très humains, lesquels ont chacun de leur côté des cartes à défendre, à jouer, peu importe le risque, soit celui de l’amour qui les unis. Le film questionne alors le célibat à cinquante ans, de nos jours, mais aussi l’image que l’on renvoie à la nouvelle génération (« nouveau départ ou voie de garage ? ») ainsi, et surtout, que de la crise du couple, et joue énormément sur le quiproquo de situation pour faire avancer (ou reculer) son intrigue et, de fait, le parcours de ses deux personnages principaux, attach(i)ants. On rigole alors dans ce film, lequel est une jolie proposition de rom-com moderne. En effet, certaines situations cocasses et de (très) nombreuses répliques font le job, et amusent (« J’ai l’air d’une quinqua qui n’a plus été à une fête depuis 2010. Il ne manque plus que le cake dans le Tupperware. », « Ça, c’est la réalité qui nous envoie sa facture dans la gu**** », « Tu parles comme un chanteur du sud ; tais-toi Cabrel ! », etc.). « Nouveau Départ » ne manque pas non plus de sel, de caractère, et de piment, ce qui le rend particulièrement efficace, sympathique, réjouissant même, et plutôt juste dans sa manière de traiter la question de la « Grande Histoire » qui vacille, et du remariage...

Malgré ses qualités, qui l’élèvent (bien) plus haut que la grosse majorité des récentes comédies françaises, le film ne passe tout de même pas à côté de lourds stéréotypes, à l’image des seconds rôles campés par Youssef Hajdi (le coloc célibataire et collègue d’Alain) et Clotilde Courau (la copine nymphomane de Diane, qui compare ses conquêtes à des marques de voiture), sans oublier Tom Leeb dans la peau du beau gosse misogyne et prétentieux qui fait tomber les femmes à ses pieds. L’histoire, de fil en aiguille abracadabrante, peine aussi à convaincre dans ses dernières lignes, faute de plausibilité. Mais Philippe Lefebvre emmène son monde avec un certain savoir-faire, une certaine honnêteté, et surtout beaucoup de bienveillance et de rythme, malgré quelques longueurs, au travers desquelles ledit couple finit par tourner autour du pot, alors que l’on sait très bien comment cela va se terminer. Mais pour une fois qu’une comédie française n’est pas lourdingue, on ne va pas s’en plaindre ! Rien de bien original, donc, mais un vrai bon moment de cinéma, touchant, rassurant, drôle, mieux servi par ses dialogues et ses acteurs que par son écriture, assez conventionnelle, et sans doute trop idéalisée...



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