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Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec
Les Hirondelles de Kaboul
Sortie du film le 04 septembre 2019
Article mis en ligne le 14 septembre 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • premier film d’animation pour ses deux réalisatrices, que sont la comédienne Zabou Breitman, et dessinatrice d’animation Eléa Gobbé-Mévellec, elle qui avait notamment jusque-là travaillé sur « Ernest et Célestine » (2012) ;
  • adaptation libre du roman de Yasmina Khadra, « Les Hirondelles de Kaboul », paru en 2002 ;
  • l’enregistrement des voix s’est déroulé sur quatre jours en septembre 2016, tandis que Jean-Claude Deret (le père de Zabou Breitman), qui doublait le personnage de Nazish, est décédé seulement quelques mois après avoir enregistré sa voix pour le film ;
  • présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2019 ;

Résumé : Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies.

La critique de Julien

Adapté du roman de l’écrivain algérien Yasmina Khadra, « Les Hirondelles de Kaboul » nous raconte la vie croisée de deux couples afghans sous le régime des Talibans, en 2001. Alors que son bouquin « L’Attentat » avait déjà été adapté en 2013 au cinéma dans un film réalisé et co-écrit par Ziad Doueiri, c’est aujourd’hui au tour de cette autre œuvre faisant partie d’une trilogie autour du « dialogue de sourds » qui oppose l’Orient et l’Occident à vivre sur grand écran, mais pas de la même manière. En effet, son duo de réalisatrices Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec ont opté pour un film d’animation, avec l’aide précieuse de la maison de production d’animation française les Armateurs (à qui l’on doit notamment « Ernest et Célestine »).

Par choix de possibilité d’abstraction et de légitimité dans leur approche, les cinéastes permettent à ce récit de vivre une autre vie, tandis que Zabou et ses co-scénaristes ont profité de ce format pour développer d’autres éléments de l’histoire, et de focaliser notre regard sur certains. Ainsi, s’il n’est pas l’adaptation parfaite de son modèle, « Les Hirondelles de Kaboul » n’en demeure pas moins aussi fort. Ainsi, plusieurs divergences sont à noter, comme par exemple celle du métier exercé par l’une de ses héroïnes, c’est-à-dire dessinatrice plutôt qu’avocate, elle qui se dessine elle-même (et même nue), ce qui offre ici par exemple un contre-poids audacieuse à cette modification, étant donné que la représentation de l’être humain chez les Talibans est strictement interdite. Se déroulant plutôt en 1998 qu’en 2001, cette histoire respecte cependant la trame de celle du bouquin, au travers de laquelle on suit celle du chef de prison Atiq et de sa femme mourante Mussarat, lequel se refuse pourtant à répudier ses vœux de mariage pour une plus jeune (au contraire de ses congénères masculins), ainsi que celle de Mohsen et sa femme Zunaira, qui voient leur carrières et leur style de vie réduits à néants par l’arrivée des Talibans. Le film ne nous épargne alors pas la dure réalité de ses hommes et femmes qui s’effacent face à la charia meurtrière et oppressive des Talibans. Mais cette histoire traite aussi d’amour malgré l’obscurité, du sacrifice, et d’espoir. Et même si le choix de l’animation adoucit la barbarie des horreurs de la lapidation, ou encore du port obligatoire du tchadri par les femmes, « Les Hirondelles de Kaboul » nous marque d’une autre manière, c’est-à-dire par son dessin, réservé donc aux adultes. Ainsi, le destin de ces personnages, tués ou marqués à jamais, s’effacent devant nos yeux, comme le vent passe, et poursuit son chemin, à l’image d’un injuste et vain combat mené pour la liberté...

Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec réussissent à retranscrire avec force et poésie cette histoire d’amour vécue sous l’extrémisme, aidées par un casting vocal précis, ainsi qu’un exemplaire travail sur le son.



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