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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Jessica M. Thompson
Le Bal de l’Enfer (The Invitation)
Sortie du film le 02 novembre 2022
Article mis en ligne le 2 novembre 2022

par Julien Brnl

Genre : Horreur

Durée : 104’

Acteurs : Nathalie Emmanuel, Thomas Doherty, Stephanie Corneliussen, Alana Boden, Hugh Skinner, Sean Pertwee...

Synopsis :
Après la mort de sa mère et n’ayant aucun autre parent connu, Evie fait un test ADN... et découvre un cousin dont elle ignorait l’existence. Invitée par sa nouvelle famille à un mariage somptueux dans la campagne anglaise, elle est d’abord séduite par l’aristocrate qui l’accueille mais ignore encore les prochaines heures horribles qui l’attendent...

La critique de Julien

Y a-t-il des invitations qui se refusent ? On en a bien peur, ou pas ! Propice à cette période de l’année, le cinéma horrifique a décidément la cote cette semaine, alors que sort « Le Bal de l’Enfer » de Jessica M. Thompson, elle dont le premier métrage « The Light of the Moon » est sorti il y a cinq ans, tout en étant inédit chez nous. Alors que son second essai nous fait immédiatement penser au « Wedding Nightmare/Ready or Not » du duo Matt Bettinelli-Olpin/Tyler Gillett, dans lequel Samara Weaving découvrait les drôles de traditions de la belle-famille de son personnage, le soir de sa nuit de noces, dans le domaine de cette dernière, « The Invitation » (titre en V.O.), qui était initialement intitulé « The Bride », met en scène l’actrice anglaise Nathalie Emmanuel, révélée dans la série « Game of Thrones ». Elle interprète ici Evie, une jeune demoiselle métisse qui suit un master artistique à New-York, mais qui gagne sa vie en tant que freelance, elle qui est principalement serveuse (de carpaccio de bœuf) dans les soirées mondaines, avec sa meilleure amie Grace (Courtney Taylor). Alors que son père est décédé il y a une dizaine d’années, sa maman, elle, est morte il y a un an, des suites d’un cancer. Fille unique se sentant quelque peu orpheline, Evie procédera alors à un test ADN, afin de savoir si elle a encore de la famille. C’est alors qu’elle rencontrera un cousin éloigné, l’extravagant - et très blanc - Oliver Alexander (Hugh Skinner), qui lui racontera le scandale lié à l’arrière-grand-mère d’Evie, Emmaline, qui a eu un enfant secret avec un valet noir. Dans le milieu de la famille Alexander, Evie est donc ce qu’on appelle une « sang mêlée », elle dont l’héritage est biracial. Oliver, excité comme une puce à l’idée de la présenter à sa famille, l’invitera alors à un prochain mariage familial (« LE » mariage du siècle), ce qu’elle acceptera. Arrivée en Angleterre, à Whitby, à la New Carfax Abbey, Evie rencontrera alors successivement le séduisant ténébreux seigneur du manoir et ami de la famille Walter De Ville (Thomas Doherty, pour son premier « grand » rôle au cinéma), la femme de chambre de longue date du domaine Mme Swift (Carol Ann Crawford), ainsi que les demoiselles d’honneur (l’une attentionnée, l’autre condescendante), elles qui ne semblent - étrangement - pas connaître la mariée en question lorsqu’Evie les questionne à ce sujet. Les festivités prendront alors une tournure cauchemardesque, la demoiselle découvrant les secrets de ses hôtes...

Alors qu’elle a toujours voulu faire un film d’horreur raconté d’un point de vue féminin, Jessica M. Thompson s’est entourée ici d’une équipe féminine, dont la scénariste Blair Butler, la directrice de photographie de son précédent film Autumn Eakin, la décoratrice Felicity Abbott, ou encore la costumière Danielle Knox et la coiffeuse et maquilleuse Nora Robertson. Dans ce thriller horrifique qui tarde a véritablement démarrer, il est grandement question d’une romance subvertie, sur fond de racisme, son personnage principal tombant dans le cercueil de l’élégant maître des lieux, pourtant au charme de pacotille, lui qui affiche un sourire ravageur aux joues creusées. Difficile donc, par définition, de lui résister. On a alors la mauvaise sensation de se retrouver dans une nouvelle version de la saga « Twilight », tant ce que nous présente ce métrage est assez cliché ; le premier baisé qu’échangeront les deux personnages se fera d’ailleurs devant un feu d’artifice, ce qu’Evie ne manquera pas de faire remarquer, bien qu’elle tombera dans tous les pièges possibles et imaginables...

Beaucoup de dialogues niais pour pas grand-chose et quelques vaines scènes à suspens tentent de rythmer la mise en scène de Jessica M. Thompson, au travers desquels des servantes se font massacrer par une sorte d’ombre dans la bibliothèque - interdite d’accès - du manoir, alors qu’Evie, elle, sera hantée par une autre ombre dans sa chambre, durant la nuit. C’est que cette dernière est en fait la dernière représentante de sa lignée, elle dont la famille Alexander a besoin pour honorer une tradition séculaire... Et malheureusement, « Le Bal de l’Enfer » tarde à mener la danse, et tourne en rond, en plus de se prendre trop au sérieux. Et quand vient (enfin) le moment d’embrayer le pas, le scénario enchaîne son dernier acte à vitesse grand V, avec ses révélations très premier degré, sans artifices ni originalité, le personnage principal passant rapidement de victime à vengeance féminine, lequel ne va donc pas se laisser mordre si facilement, et faire acte inouï de bravoure, face à la dominance masculine, en métaphore donc d’une lutte très actuelle, et d’un commentaire racial (assez vite expédié par quelques répliques)...

Tourné dans le château de Nádasdy, à environ une heure de Budapest, ayant la particularité d’avoir une architecture Tudor (1485-1603), le film de Jessica M. Thompson profite cependant de sa cinématographique, lui dont l’image est soignée et nette, mettant notamment en exergue toute la puissance imposante dudit bâtiment, tandis que ses intérieurs, gothiques victoriens anglais, laissent place à une lumière tamisée, éclairés manifestement aux bougies. Dommage que les lieux ne soient davantage pas utilisés à bon escient, tandis qu’on en voit que trop peu de pièces. Mais l’emballage, conformiste, inspiré des ambiances du roman « Dracula » de Bram Stoker et des vieux films de la Hammer, ne suffit évidemment pas à nous faire passer la bague au doigt. On ressort dès lors (très) frustré par cette invitation, que l’on vous invite à décliner, d’autant plus que la promotion du film (et donc sa bande-annonce) en a révélé la quasi-totalité du programme...



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