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Blitz Bazawule
La Couleur Pourpre (The Color Purple)
Sortie du film le 24 janvier 2024
Article mis en ligne le 28 janvier 2024

par Julien Brnl

Genre : Comédie musicale

Durée : 141’

Acteurs : Fantasia Barrino, Taraji P. Henson, Danielle Brooks, Colman Domingo, Halle Bailey, Corey Hawkins, Aunjanue Ellis, Elizabeth Marvel, Louis Gossett Jr...

Synopsis :
Séparée de sa sœur Nettie et de ses enfants, Celie mène une vie difficile, subissant même les coups d’un mari violent, simplement désigné « Monsieur ». C’est grâce au soutien de la chanteuse Shug Avery, à la sensualité débordante, et à sa belle-fille Sofia, d’une volonté inébranlable, que Celie puise une force extraordinaire. Une solidarité féminine hors du commun dont les liens qu’elle tisse avec ses « sœurs » sont désormais indestructibles.

La critique express de Julien

C’est en 1985 qu’est sorti au cinéma « La Couleur Pourpre », réalisé par Steven Spielberg, adapté du roman du même nom d’Alice Walker, paru en 1982, et récompensé par le prix Pulitzer. Le film, lui, alors nominé pour 11 Oscar, est malheureusement reparti sans la moindre statuette de la cérémonie, malgré son succès critique et commercial. Mais peut-être cette seconde adaptation, inspirée par la comédie musicale du même titre lancée en 2005 à Broadway, pourrait-elle inverser la tendance ? Pas certain, étant donné que le film de Blitz Bazawule n’a obtenu qu’une nomination secondaire à la prochaine cérémonie de l’Académie, tout en étant un échec commercial sur la longueur, malgré un démarrage tonitruant aux Etats-Unis. Notamment produit par Steven Spielberg, Quincy Jones (compositeur de la musique du film de ce dernier) et Oprah Winfrey (laquelle a tenu le rôle de Sofia dans le film de 1985, lors de ses premiers pas au cinéma), cette comédie musicale sort quelque peu dans l’anonymat dans nos contrées, au sein d’une trouble période pour les films de ce genre (exception faite au « Wonka » de Paul King - cependant non vendu comme tel)...

Sans être une copie conforme du film de Spielberg, « La Couleur Pourpre » est donc bien plus une version musicale du roman épistolaire d’Alice Walker, mettant en scène la triste histoire de Celie, une Afro-Américaine maltraitée et violée par son père, avant d’être forcée à épouser un agriculteur local, lequel lui fera subir des violences domestiques. Racontée dès 1909 dans les décors de la campagne géorgienne, et sur près d’une trentaine d’années, son histoire sera alors marquée par l’espoir de Celie de retrouver sa sœur, partie en Afrique, laquelle lui a promis de lui écrire tous les jours lors de son départ. Sauf que Celie ne recevra aucune lettre de celle-ci...

Qu’on se le dise, cette version n’a pas la même couleur que celle de Steven Spielberg. Excessif et édulcoré, le film de Blitz Bazawule plombe sans cesse l’émotion explicite sous-jacente par la mainmise de la musique sur tout le récit. Alors certes, l’implication des acteurs et la mise en scène de leurs numéros chantés sont exemplaires (malgré le côté inégal et surfait de certains), mais cela ne suffit pas à rendre le destin et la résilience de sa principale intéressée des plus puissants. Pourtant, le film n’épargne aucune des pires horreurs que pouvait subir à l’époque une Afro-Américaine dans la société américaine du début des années trente, par sa condition méprisée. Mais il le fait en les brassant, ou par le biais de grosses larmes, ou d’une pluie terrassante, s’abattant alors sur ses personnages après avoir été jetés par terre comme de véritables déchets. Cependant, « La Couleur Pourpre » nous montre cela avec très certainement moins de violence et de contenu sexuellement explicite que dans son modèle. L’impression d’avoir déjà vu cette histoire est ainsi doublement fondée, notamment par ses intentions. Mais elle n’en demeure pas moins dure, belle et inspirante, filmée qui plus est dans des décors typiques, au grès des années qui défilent devant nos yeux, pour se terminer autour d’un grand festin, main dans la main, lors de réconciliations et de retrouvailles, et de remerciements à Dieu. Quant à ses acteurs principaux, que sont Fantasia Barrino, Taraji P. Henson, Danielle Brooks et Colman Domingo, ceux-ci nous offrent là des prestations généreuses et soutenues. Et autant dire que le résultat n’aurait pas été le même sans l’implication fantastique de ces derniers ! Pour les amateurs de comédies musicales donc, sans jamais révolutionner le genre. Les puristes, eux, préfèreront la version de Steven Spielberg, ou tout simplement se replonger dans le livre d’Alice Walker.



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