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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Noémie Lefort
Mon Héroïne
Sortie du film le 14 décembre 2022
Article mis en ligne le 17 décembre 2022

par Julien Brnl

Genre : Comédie

Durée : 108’

Acteurs : Chloé Jouannet, Pascale Arbillot, Louise Coldefy, Brigitte Fossey, Firmine Richard...

Synopsis :
Depuis son plus jeune âge, Alex ne rêve que d’une chose : réaliser des films. Mais à Rouen, son quotidien est bien loin du glamour hollywoodien. Surprotégée par sa mère Mathilde, elle espère intégrer une prestigieuse école de cinéma à New York. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu et ses rêves sont brutalement brisés. Refusant d’accepter son sort, Alex décide de partir pour la grosse pomme avec l’aide de son excentrique tante Juliette pour un projet fou : donner son scénario à Julia Roberts. Vite rejointes par Mathilde, cette aventure new-yorkaise va marquer pour les trois femmes le début d’une nouvelle étape de leur vie et les rapprocher plus que jamais.

La critique de Julien

« Mon Héroïne », c’est l’histoire un peu folle, et pourtant vraie, de Noémie Lefort, la réalisatrice de ce premier film. Après avoir réalisé un court-métrage intitulé « Calling Julia Roberts » dans le cadre de ses études de cinéma à Rouen lorsqu’elle avait vingt-ans, mettant alors en scène l’histoire d’une jeune fille passionnée de cinéma cherchant à donner son scénario à Julia Roberts, la jeune cinéaste en herbe a alors décidé de partir à New York, sur un coup de tête, afin de montrer son travail à la principale intéressée, et avoir son aval, un peu comme si son regard d’actrice lui donnerait le droit d’exercer son métier, et de continuer ainsi à croire à ses rêves. C’est ainsi qu’elle a contacté Shoelace Productions, l’une des sociétés de Julia Roberts, à l’époque, et précisément Thea De Sousa, ex-chef scénariste à Shoelace, dont le travail consistait notamment à lire des scripts pour Julia, à interpréter ou produire. « This is not the way we do things ! », lui a-t-elle répondu à plusieurs reprises, puisqu’il lui fallait pour cela un agent, ou un avocat. Mais Lefort lui a rétorqué qu’elle essayerait la prochaine fois avec Sandra Bullock, et que peut-être ça marcherait... Résultat, le court-métrage est parvenu à Julia Roberts, de laquelle la réalisatrice a reçu les lunettes de soleil de « Coup de Foudre à Nothing Hill », en remerciement et félicitations. Même si elle ne l’a pas rencontrée, mais bien croisée, mais avant qu’elle ne voit son œuvre, en quittant les bureaux de la maison de production, Noémie Lefort est ressortie grandie de cette expérience, laquelle est adaptée aujourd’hui au cinéma par elle-même.

Croire en ses rêves et ne jamais abandonner l’espoir de les voir se réaliser, tel est le fil conducteur de cette comédie initiatique, qui se regarde comme un conte de fées naïf, et qui réchauffe le cœur. Et ce qu’il raconte, l’héroïne du titre du film n’est pourtant pas celle que l’on pourrait croire, mais bien la maman (Pascale Arbillot) d’Alex (Chloé Jouannet), une femme célibataire qui a toujours élevée seule sa fille ; une mère aimante, mais aussi attach.i.ante, car toujours sur son dos. Très proche de sa sœur cadette Juliette (Louise Coldefy), et tante d’Alex un peu fofolle, c’est cette dernière va alors l’accompagner à New York à sa demande, Alex croyant que sa mère ne veut pas l’aider à croire en son rêve, tandis que la grand-mère Granny (Brigitte Fossey), elle, a toujours poussé ses filles et sa petite-fille à ouvrir des portes. Bref, il est donc avant tout question ici de transmission, ce voyage permettant à ces femmes de vivre une aventure qu’elles ne sont pas prêtes d’oublier, lequel les rapprochera, étant donné qu’elles se retrouveront dans la Grande Pomme...

Premier film français tourné à New York après la réouverture des frontières américaines, au sortir de la crise du COVID en novembre 2021, Noémie Lefort a fait fort avec celui-ci, lui qui se voit distribué par Universal Pictures, ce qui est un fait plutôt rare. « Mon Héroïne » coche alors beaucoup de cases du feel-good movie par excellence, mais aussi les faiblesses d’un premier film, lequel est un brin foutraque dans sa mise en scène, le montage accusant plutôt mal les ruptures de ton. L’ensemble déborde alors de bons sentiments et d’émotions, sauf que Noémie Lefort ne parvient pas ici à raccorder de manière équilibrée ses grandes idées, son film passant son temps à courir après une rencontre improbable, pour finalement braquer sa caméra sur la figure maternelle, lui rendant hommage, notamment au sein d’une dernière scène qui rappelle la première, mais vécue sous un autre regard, cette fois-ci accompli. Certes, c’est joli et touchant, mais c’est surtout idéaliste, et surfait. Mais le film peut compter sur la fraîcheur de ses interprètes, et surtout sur Louise Coldefy, qui avait d’ailleurs sauvé de l’imposture totale la dernière comédie d’Olivier Baroux, « Menteur ». L’actrice confirme ici son tempérament comique, de par sa posture et son élocution, lui donnant la capacité de créer un personnage aussi extravagant qu’extrêmement solaire. On l’adore littéralement ! C’est bien à elle que l’on doit ici nos sourires, elle qui verra d’ailleurs son personnage se tromper de bus touriste, se retrouvant, avec sa sœur et sa nièce, dans celui d’un « Sex and the City Tour » endiablé...

Calqué volontairement dans l’esprit sur des comédies anglo-saxonnes très connues, et parsemé de scènes de danse (sur le titre « I Was Made For Lovin’You » de Kiss« ) et de clins d’œil à la filmographie de Julia Roberts (décors, répliques de films, personnages secondaires) qui amuseront ses fans, »Mon Héroïne" passe ainsi de Rouen à New York, et risque bien de mettre des étoiles dans les yeux de petites filles, en quête d’impossible. Car on a beau croire à ce qu’a vécu Noémie Lefort il y a vingt ans (ce qui donne d’ailleurs à voir aujourd’hui ce film), mais on doute que cela puisse se reproduire à l’heure actuelle. Qu’importe, ce film tendre et léger fait du bien, et se regarde sans aucun déplaisir, surtout en ces temps d’incertitudes. Cela fait aussi du bien de rêver les yeux ouverts !



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