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Matthew Vaughn
Argylle
Sortie du film le 31 janvier 2024
Article mis en ligne le 21 février 2024

par Julien Brnl

Genre : Comédie, action, espionnage

Durée : 110’

Acteurs : Bryce Dallas Howard, Henry Cavill, Sam Rockwell, Bryan Cranston, Catherine O’Hara, John Cena, Samuel L. Jackson, Dua Lipa, Ariana DeBose, Rob Delaney, Sofia Boutella, Jason Fuchs...

Synopsis :
Elly Conway est l’auteure solitaire d’une série de romans d’espionnage à succès, dont l’idée du bonheur se résume à une soirée tranquille à la maison avec son ordinateur et son chat, Alfie. Mais lorsque les intrigues de ses livres centrées sur l’agent secret Argylle et sa mise de d’démanteler un syndicat d’espionnage mondial commencent à refléter les action secrètes d’une organisation d’espionnage bien réelle, les soirées tranquilles à la maison deviennent une chose du passé...

La critique de Julien

« Meilleur est l’espion, pire est la trahison ». Le génial metteur en scène Matthew Vaughn revient enfin au cinéma avec le tant attendu film de comédie d’action et d’espionnage « Argylle », produit par Apple TV+ (au même titre que « Killers of the Flower Moon » de Martin Scorsese et « Napoléon » de Ridley Scott) et la société de production Marv, que détient Vaughn. Tandis qu’on lui doit notamment « Kick-Ass » (2010) et la franchise « King’s Man », dont le dernier épisode (qui était en fait le premier) est malheureusement sorti en pleine pandémie, le fantasque réalisateur a semble-t-il été inspiré par le scénario de Jason Fuchs, autour d’une auteure solitaire à succès (Bryce Dallas Howard) voyant ses romans fictifs mettant en scène un agent secret nommé Argylle (Henry Cavill) devenir réalité. En effet, alors que le tome 4 de ses aventures vient de sortir et qu’elle travaille déjà sur le 5e volet, son œuvre semble étrangement contenir des révélations compromettantes, des prédictions quant aux agissements d’une organisation secrète, la « Division », alors à ses trousses. Fini de passer tranquillement du temps chez elle, au bord d’un lac du Colorado, avec son ordinateur et son chat bien-aimé, Alfie. Et si dès lors « Argylle » était plus qu’un personnage fictif ?

Il ne faut pas attendre longtemps pour reconnaître ici la patte du cinéaste britannique. « Argylle » est, en effet, doté d’une photographie picturale aux couleurs vives, signée George Richmond, déjà à l’œuvre de celle de ses deux premiers « Kingsman », tandis que le ton de l’action n’est pas à prendre au sérieux, mais bien avec une sacrée couche d’autodérision, au regard de la (laide) scène d’ouverture, tout droit sorti de l’imagination de son personnage principal, joué par une Bryce Dallas Howard volontairement un peu rondelette pour le rôle. « Argylle », plutôt que de donner le premier rôle aux personnages les plus fantasmés de l’histoire, le donne alors à ceux qui l’écrivent, lesquels sont, forcément, moins glamours. Certes, cette idée n’est pas très originale en l’état, mais donner le premier rôle à des personnages masculins ou féminins éloignés des standards de beauté de leurs homologues fictifs (ici Henry Cavill ou Dua Lipa, par exemples) a de quoi satisfaire. De plus, le duo que forment ici la fille de Ron Howard et l’acteur Sam Rockwell se révèle très amusant, tandis que l’action, elle, joue sur deux tableaux en parallèle, entre le monde fictif d’Elly, et le monde réel, quitte à parfois à nous perdre.

Fantasque, la mise en scène de Matthew Vaughn ne manque dès lors pas d’imagination, de ralentis et d’action, tandis que l’histoire méta en elle-même se révèle très référencée, pleine de rebondissements, quitte à en faire de trop. Mais les situations cocasses et irrésistiblement incohérentes (la danse avec les fumigènes, le patinage improvisé sur du pétrole, etc.) dans lesquelles se retrouvent cette écrivaine ordinaire, son chat et l’agent secret campé par Rockwell côtoient ici autant le rire que l’espionnage décalé à l’ancienne, pour un résultat assez original, bien que dans la même veine que « Kingsman ». Pourtant, « Argylle » n’a ni l’étoffe ni la classe et encore moins l’intelligence de ce dernier. De plus, ses effets spéciaux assez illisibles, voire grotesques (le chat en CGI fait peine à voir) et ses fonds verts laissent également à désirer, sans parler des raccords de montage assez poussif. D’ailleurs, le scénario de Jason Fuchs s’avère truffé de facilités qui tentent, ni vu ni connu, de servir l’action principale, voyageant quant à elle d’un bout à l’autre de la planète (en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire), et cela dans le but de mettre la main sur une clé USB. Dis comme ça, ça paraît un peu mince, surtout pour une intrigue tarabiscotée qui s’étale sur plus de deux heures. Mais le film s’avère tellement généreux et assumé qu’il est (pratiquement) impossible de s’ennuyer devant, à moins de ne pas être friand de ce style d’humour déjanté. Quoi qu’il en soit, malgré son excessivité et le manque de finesse de l’ensemble, « Argylle » est un pur divertissement d’espionnage décomplexé comme seul Matthew Vaughn peut en concocter, lequel est d’autant plus plaisant à suivre qu’il est porté par un casting cinq étoiles (sous-exploité) qui s’amuse, en témoigne sa participation au clip du funky titre « Electric Energy » chanté par Ariana DeBose, Boy George et produit par le seul et unique Neil Rodgers. On espère en tout cas que le film, qui sortira prochainement sur Apple TV+, y trouvera son public après son échec en salle, étant donné sa scène post-générique, nous faisant la promesse d’un crossover ambitieux entre les univers de Matthew Vaughn...



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