Genre : Thriller, action
Durée : 109’
Acteurs : Denzel Washington, Dakota Fanning, David Denman, Gaia Scodellaro, Remo Girone...
Synopsis :
Depuis qu’il a renoncé à sa vie d’assassin au service du gouvernement, Robert McCall peine à faire la paix avec ses démons du passé et trouve un étrange réconfort en défendant les opprimés. Alors qu’il a trouvé son havre de paix dans le sud de l’Italie, il découvre que ses amis sont sous le contrôle de la mafia locale. Quand les événements prennent une tournure mortelle, McCall sait ce qu’il doit faire : protéger ses amis en s’attaquant à la mafia.
La critique de Julien
C’est en 2014 qu’on faisait la connaissance de Robert McCall, un ancien agent de la CIA, veuf, insomniaque et maniaque, lequel, dans ses premières aventures post-mise à la retraite, avait démantelé, avec méthode et violence, un réseau de malfrats russes, puis, quatre ans plus tard, vengé la mort suspecte d’une amie et ancienne collègue, Susan Plummer (Melissa Leo). Toujours vaguement inspiré de la série télévisée américaine "Equalizer" (diffusée sur CBS de 1985 à 1989), "The Equalizer 3" est réalisé et écrit respectivement pour la troisième fois par Antoine Fuqua et Richard Wenk, lui qui marque sans doute ici la dernière incursion de Denzel Washington dans la peau de ce redresseur de torts, qui ne sait toujours pas s’il est un homme bon ou mauvais, mais qui fait toujours solitairement justice lui-même, pour des innocents et les plus démunis, comme ici pour les habitants de la petite ville fictive Amalfitaine d’Altamonte, soumise à la (méchante) mafia locale...
Après un détour (très) sanglant dans un vignoble pour récupérer "ce qui lui appartient", McCall, blessé d’une balle dans le dos, sera alors secouru par un gentil médecin (Remo Girone) résidant dans la ville côtière, située à quelques kilomètres de Naples. C’est là qu’il découvrira la dolce vita, trouvant et comprenant (enfin) la paix, tout en se faisant même des amis. Sauf que ce havre de paix est aux mains de la Cammora, agissant comme un cancer incurable, laquelle a pour ambition de posséder toute la côte, tout en finançant des attentats avec de la drogue achetée en Syrie.
Et si finalement Robert McCall était là où il devait être ? S’il y avait bien un remède contre ledit cancer, en sa personne ? Une chose est certaine : il vaut mieux écouter le bonhomme, sirotant tranquillement son thé avant de massacrer à tout-va, agissant, tapi dans l’ombre, comme un croque-mitaine, et de manière aussi répressive et barbare que les méthodes peu chrétiennes de cette mafia locale...
C’est un Denzel Washington fatigué qu’on retrouve ici devant la caméra de son acolyte Antoine Fuqua, grâce auquel il a d’ailleurs remporté l’Oscar du meilleur acteur en 2002 pour son rôle de flic ripou dans "Training Day". Certes, ce manque d’énergie va de pair avec la convalescence de son personnage, et son âge, mais cela n’aide pas le récit à prendre de la hauteur ni du rythme. D’ailleurs, "The Equalizer 3" ne fait ici que nous resservir une vision démodée et surtout très clichée de la mafia italienne, horrible et sans scrupule, répandant librement la terreur dans cette bourgade balnéaire, sans qu’elle n’ait rien ni personne à craindre, avant l’arrivée de McCall. À cet égard, le film, lors des quelques confrontations, s’avère être excessivement gore et violent, comme s’il cherchait à prouver systématiquement quelque chose. Certains plans stylisés et poseurs finissent alors par nous conforter dans l’idée que celui-ci cherche constamment à taper dans l’œil du spectateur, en faisant ainsi couler beaucoup de sang, tout en enchaînant les chorées (mineures) à la "John Wick", et cela dans des décors photographiés par Robert Richardson (Tarantino, Scorsese, etc.), où l’architecture italienne catholique est de mise, filmant également des statues romaines nues, dans le prolongement du corps de son interprète principal, soulignant ainsi sa puissance. Sauf que Washington n’a plus l’âge pour les bêtises, se limitant ici au strict minimum (même si sa carrure fait beaucoup), tout en tuant tout de même plus vite que son ombre (ou plutôt que celle de sa doublure), lors de scènes au climax cependant bien mesuré, et bien aidé par la musique enragée de Marcelo Zarvos. La mise en scène de Fuqua n’offre dès lors pas de grandes surprises ni de grands enjeux, ne se limitant ainsi qu’à faire monter, crescendo, ce qui doit arriver, en jouant sur la surenchère d’effets, par exemple à coups de canon de pistolet enfoncé dans l’orbite, de fractures ouvertes, de têtes coupées, de corps pendus, etc. C’est à se demander comment le personnage de Washington peut encore dormir sur ses deux oreilles, lui qui ne semble pas connaître la rédemption...
Ne cherchez pas non plus ici de quelconques nuances dans le scénario criblé de balles de Richard Wenk. À titre d’exemple, on ne comprend pas pourquoi les habitants de la ville en question ne sont pas plus vigilants quant aux attaques répétitives de la mafia (alors que même le chef de la police est corrompu), eux qui organisent de plus une cérémonie religieuse en plein extérieur alors qu’un règlement de comptes final doit y avoir lieu. "Roberto" McCall agit également trop facilement, tel un fantôme, ce qui est trop beau pour être honnête, surtout si on compare sa manière à celle d’un "John Wick", qui lui se surpasse, en plus d’amasser les coups. Qu’en est-il également de l’absence de touristes, alors que "l’américano" semble être le seul étranger - qui plus est en canne - à se promener dans les ruelles escarpées de la ville ? Or, ce n’est pas pour autant que sa psychologie est ici approfondie, tandis que les quelques personnages secondaires ne sont réduits ici qu’à de la figuration de victimes (Eugenio Mastrandrea en carabinier de la police locale et bouc émissaire de la mafia) ou bien à faire un clin d’œil inutile avec le passé de McCall (Dakota Fanning)...
Or, comme par magie, et malgré ses nombreuses faiblesses, "The Equalizer 3" parvient à s’apprécier dans sa fainéantise, lequel, s’il joue en terrain connu, le fait plutôt bien, ou du moins en prenant son temps. Nous prenant dès lors par surprise, le film d’Antoine Fiqua, soigneusement emballé dans ses artifices, se suit sans grand mal, lui qui devrait ainsi plaire au spectateur peu exigeant, venu chercher là un semblant d’action brutale et de castagne, tandis que tout laisse à croire ici que papy McCall n’est pas encore prêt à manquer au prochain appel...