Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Crystal Moselle
Skate Kitchen
Sortie du film le 28 avril 2020 en Vod Premium sur VOOmotion, Universcine...
Article mis en ligne le 1er mai 2020

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • « Skate Kitchen » est le nom d’un véritable groupe de sept skateboarders new-yorkaises, chacune interprétant ici son propre rôle, mais fictif ;
  • initialement pensé comme un documentaire, le premier film de Crystal Moselle fait suite au court métrage « That One Day » (2006), tourné pour la série Women’s Tales de Miu Miu, et déjà centré sur ce groupe.

Résumé : À New-York, la vie de Camille, une adolescente solitaire et introvertie va radicalement changer en intégrant un groupe de jeunes filles skateuses appelé « Skate Kitchen ». Cette bande éprise de liberté et sa rencontre avec un jeune skateur énigmatique vont l’éloigner de sa mère avec qui elle s’entend de moins en moins.

La critique de Julien

Pour la cinéaste Crystal Moselle, difficile de croire qu’une rencontre dans le métro de Brooklyn aurait pu aboutir un jour à une si belle expérience cinématographique. En effet, c’est dans un transport en commun qu’elle a rencontré deux de ses futures héroïnes, Nina Moran et Rachelle Vinberg, membres des Skate Kitchen, un véritable groupe de femmes skateboarders à New York. S’en est suivi un court métrage précurseur, intitulé « That One Day », sorti en 2016, lequel a donc donné vie, après sa présentation et ses encouragements récoltés à Sundance, à ce film, fictif. En effet, « Skate Kitchen » suit le portrait de Camille, jouée par Rachelle Vinberg, alors légèrement basé sur l’adolescence de la demoiselle, son expérience en déménageant à New York, et sa relation avec sa mère colombienne, bien que l’intrigue se concentre essentiellement sur sa relation d’amitié grandissante avec un groupe de skateboarders féminin à New York.

Que l’on aime ou non le skateboard, « Skate Kitchen » est l’occasion de découvrir un monde assez méconnu dans nos contrées. En effet, on ne peut pas dire que le skate soit une discipline très répandue dans les rues, et chez nos jeunes. Mais c’est surtout pour la qualité de sa photographie que le film se retient, et la soif de liberté qu’elle libère, sans parler de sa bande-originale urbaine, très sympathique. Ayant tourné sur place, à New York, Moselle a filmé des lieux emblématiques de skate-parks, tels que dans le Lower East Side, ainsi que dans le Queens. Et agrémenté des idées du directeur de la photographie Shabier Kirchner, « Skate Kitchen » multiplie des méthodes de captures d’images à la fois originales et flexibles, comme l’utilisation d’une mini-caméra, d’une caméra portable placée sur une planche à roulettes motorisée pouvant se déplacer à des vitesses allant jusqu’à 20 miles par heure (32 km/h), ainsi que des caméras montées sur pousse-pousse. Le tout permet alors de capter avec proximité et fougue cette bande de filles en plein exercice de leur discipline, au travers de laquelle elles vivent, faisant donc entièrement partie d’elles. Or, quand on sait que la première coupe du film durait près de cinq heures, pour finalement n’en garder « que » 105 minutes, on se dit que Crystal Moselle n’a pas manqué de matériel. C’est donc pour son incursion visuellement dynamique et authentique dans son univers que « Skate Kitchen » se suit avec passion, au regard de celle que dégagent ses personnages principaux. Bref, on aurait bien traîné encore un peu plus dans les rues de New York avec ce groupe, mais à condition d’enjeux plus établis.

En effet, « Skate Kitchen » raconte la quête identitaire et d’appartenance à un groupe d’une demoiselle mal dans sa peau, tiraillée par ses parents séparés (dont une mère stricte), tandis que les scénaristes développent en parallèle une double rivalité, l’une autour de sentiments amoureux partagés autour d’un même garçon (incarné par Jaden Smith, le fils de Will), et l’autre entre filles et garçons dans le milieu du skateboard, à prédominance masculine. Malheureusement, tout cela reste, d’une part, maladroit et, de l’autre, pas assez approfondi. On aurait ainsi souhaité quelque chose de plus fort, voire de différent, pour changer, une fois... Mais peut-être cela sera-t-il le cas dans la série télévisée HBO « Betty » ? Dérivée du film et dirigée par Moselle elle-même, cette série, composée de six épisodes, verra ainsi revenir la majorité du casting du film reprendre leurs rôles. Alors certes, cela peut paraître tôt vis-à-vis de la sortie du film en VoD, mais ce dernier est en réalité sorti aux Etats-Unis en août 2018. On comprend donc que la série sorte ce 01 mai 2020 sur la chaîne américaine... Mais dès lors, à quand chez nous ?

Après Jonah Hill avec « 90’s » sorti l’année dernière, le cinéma américain indépendant glisse un peu plus ses caméras du côté du milieu de skateboard, 100% féminin dans son cas. Et malgré son manque scénaristique d’ambition formelle, et d’action, « Skate Kitchen » capte l’attention par ses prises de vues, parfois sensationnelles, et son immersion sans prétention en territoire adolescent, sur quatre roues.

https://www.youtube.com/embed/lncRKk2q4DQ
Skate Kitchen Trailer BE - YouTube


Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11