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CINECURE
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Philippe Machado
Les quatre tours
Sortie en Festivals dont le 3/2 au Festival des 24 Courts à Le Mans
Article mis en ligne le 18 janvier 2024

par Charles De Clercq

Synopsis : Christophe a toujours vécu à la cité avec sa bande d’amis. Des habitudes, une routine, de l’ennui. Il a du mal à voir son meilleur ami, Nassim, quitter la banlieue. Entre un sentiment d’abandon et l’amertume d’une page qui se tourne, ce changement de vie provoque des rancœurs. Christophe ne dit peut-être pas tout de ses sentiments. Au cœur du déménagement, il va tout faire pour perturber l’événement.

Interprètes : Noham Edje (Chrisophe), Yasin Houicha (Nassim), Isma Kébé (Hervé), Harmandeep Palminder (Rajivan)

C’est un pur hasard que la découverte de ce court-métrage qui s’avère être une petite pépite dans le genre. J’en ai commencé la vision en craignant le pire (soit le cas de certains courts) et en pressentant un classique « film de banlieue ». Et, peu à peu (je vais m’impliquer avec un « je » !), j’ai été happé par le film, par les mots du début, dans le noir, séduit par lui et a fini par me frapper de plein fouet d’une émotion remplie de nostalgie. Après l’avoir vu, il me trottait encore dans la tête comme un parfum qui évoque des amours passées et des souvenirs d’adolescence.

Les quatre tours se situe en « banlieue » comme on dit, mais il ne s’agit pas d’un film de banlieue et les « tours » ne sont pas des barres d’immeubles et nous sont révélées, notamment, au travers d’une photo qui nous fait découvrir quatre protagonistes de l’histoire qui nous est contée par le réalisateur qui est aussi aux commandes du scénario de ce film qui est aussi, d’une certaine façon, un « coming of age »...

L’on pourrait attendre de ce court qu’il traite de la violence dans les périphéries de nos grandes villes et qu’il nous offre quelques scènes d’action bien senties comme dans certaines séries télévisées. Et c’est un tout autre genre que propose ce court ! A dire vrai, il ne se « passe » pas grand-chose et s’il y a un itinéraire il est celui de différents passages : du statu quo initial qui sera bouleversé par un déménagement, d’un appartement de banlieue à un autre en ville, d’une relation amicale abandonnée pour une nouvelle, d’un autre genre, plus adulte ou en tout cas socialement perçue comme telle.

Par certains de ces thèmes et aspects Les quatre tours fait songer à Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand) par la façon dont il aborde la solitude, l’amitié qui unit des jeunes, des potes, la culture (inattendue selon les clichés)... le fait que rien ne passe, mais que cependant un événement vient bouleverser la donne !

L’amitié qui est là, d’abord entre Christophe et Nassim (potes depuis la plus tendre enfance), duo élargi à Hervé et Rajvan, semble inamovible et appelée à durer toujours (qui rime avec amour) à être figée à jamais dans un temps et un lieu. Ils ont leurs codes, leurs amitiés dans la cité, les proches, les parents. Christophe et Nassim ont la « tatche » littéraire et peuvent se lancer dans des joutes verbales qui peuvent exprimer des sentiment — par auteurs interposés qui se font porte-parole de choses que l’on ne dit pas, comme cela, avec les mots de tous les jours. On ne dit pas des mots d’amour à ses potes, mais on en vit par des liens d’amitié qui se tissent au quotidien et que l’on voudrait voir rimer avec « pour toujours » !

Mais il faut à un moment lâcher prise, car Nassim doit quitter la banlieue pour un avenir adulte : une future épouse, un appartement à soi, un avenir à construire, si différent de ce qui était vécu dans le lieu que l’on quitte (à jamais ?). Et si les potes peuvent vous accompagner avec la joie de voir quelqu’un grandir malgré la tristesse des séparations, il n’en va pas de même pour Christophe. Le film nous donne à voir ses états d’âme et ses tentatives (vaines) de retarder l’inévitable. Le film prend le temps pour cela, pour arriver, après des mots (maux) chantés, pour exprimer la fin inéluctable qui approche, au deuil à faire, le deuil d’une amitié, voire d’une improbable et/ou impossible bromance (?).

Rien de neuf dans cette histoire, possiblement déjà mise en scène au cinéma, mais elle est ici magnifiquement réalisée par Philippe Machado qui n’est pas totalement débutant dans le milieu du cinéma (voir ci-dessous), mais qui a un sacré potentiel. Mais cela ne serait rien non plus sans quatre formidables interprètes. Ils ne sont pas totalement débutants, mais excellent à entrer dans leur rôle et à leur donner une densité sans esbroufe, sans surjouer. Ils sont d’un naturel confondant (tout comme les seconds rôles et les figurants). Ajoutons une mention toute particulière pour Noham Edge qui arrive à exprimer une grande palette d’émotions avec son visage, ses yeux, ses mains, sa voix pour rendre compte du tragique, de la détresse de l’émoi de son personnage Christophe. Un réalisateur à suivre (de même que quelques-uns de ses acteurs) et duquel on espère découvrir un jour un long-métrage qui (nous) séduira autant que Chiens de la casse (par exemple !)...

Le réalisateur : Après avoir étudié la réalisation et la théorie à l’université Paris 8, Philippe Machado réalise en 2018 son premier court-métrage professionnel À l’année prochaine. Depuis, il produit les courts-métrages de jeunes réalisateurs avec la société Play It Again et prépare plusieurs projets de courts et longs-métrages de fiction. En parallèle, il participe à des tournages de longs-métrages en tant que régisseur. (source)

Lien vers un trailer sur Vimeo.



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