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Guillaume Malandrin et Stéphane Malandrin
Je suis mort mais j’ai des amis
Sortie au BRFF le 10/6 à 19h30 (Flagey 4) et en salles le 17 juin 2015
Article mis en ligne le 3 juin 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : A la veille de leur départ pour leur première tournée en Californie, trois amis rockers se retrouvent confrontés au décès absurde de Jipé, le leader de leur groupe. Parce que l’amitié est plus forte que tout, ils décident de mener à bien cette tournée tant espérée. Leur voyage prendra une direction pour le moins déroutante à l’apparition de l’amant de leur meilleur ami disparu… un pilote de l’armée de l’air moustachu !

Présentation BRFF : Au titre, tout un programme. A la vision, un road movie à la belge où la route vers la Californie se transforme en un périple dans les territoires indiens du Grand Nord canadien. Le tandem Bouli Lanners et Wim Willaert mène à tambour battant ce voyage improbable. On les suit dans leurs délires, souvent imbibés, le sourire aux lèvres et la pêche d’un rocker. Car le film est drôle et très rock n’ roll. Scènes cocasses, répliques qui font mouche, scénario bien rodé, et un rythme qui ne s’essouffle jamais. Bref, pour nous, la comédie de l’année.

Acteurs : Bouli Lanners, Wim Willaert, Lyes Salem, Serge Riaboukine.

Si j’écris qu’il s’agit d’un film réalisé par deux frères qui souhaitaient travailler avec deux acteurs belges, il est probable que l’on ne pensera pas immédiatement aux frères Guillaume et Stéphane Malandrin. Sachant que Guillaume a réalisé Ça m’est égal si demain n’arrive pas en 2006 et co-réalisé et scénarisé avec son frère Stéphane Où est la main de l’homme sans tête en 2006, on ne sera pas surpris de voir les deux frères collaborer aux scénarios et à la réalisation de ce film belge, comme les deux premiers cités. Ajoutons, petite touche belge supplémentaire, que l’un des acteurs est wallon (Bouli Lanners) et l’autre flamand (Wim Willaert).

Après une comédie dramatique, suivie d’un thriller psychologique, les réalisateurs nous proposent ici une comédie, non pas typique, mais peut-être « typiquement belge », du moins par son côté que nous pourrions qualifier de surréaliste. Le synopsis en dit beaucoup sur l’histoire. L’effet de surprise auquel sont confrontés les différents protagonistes : la mort, de fait totalement absurde de Jipé, suite à un malheureux concours de circonstances, dont l’une fleure bon sa belgitude, puisque liée à une « baraque à frites » ! L’autre lorsque les potes découvrent qu’il y avait quelqu’un dans le placard de leur ami : son amant depuis cinq ans. Reconnaissons que l’on y va fort : l’amant est interprété par Lyes Salem, un acteur franco-algérien. En faire un militaire, moustachu, basané vient briser les clichés et gageons que le film pourra apporter en France une salutaire tranche de rire par rapport aux controverses suscitées par le « mariage pour tous ». Précisons de suite qu’il ne s’agit pas d’un film sur l’homosexualité, même si celle-ci est un des ressorts « dramatiques » de ce long métrage.

C’est qu’il s’agit d’un film de « potes », comme On voulait tout casser mais qui, malgré son côté absurde, est bien plus profond que celui de Philippe Guillard. Dans l’un et l’autre, il est question de la mort. Dans l’un, le mort est au futur, ne l’est donc pas encore, tandis qu’ici, les réalisateurs font mourir très vite leur acteur vedette (Jacky Lambert, déjà présent dans les deux films précédents). Dans l’un, la mort est annoncée, dans l’autre, elle est arrivée !

Dès le début du film, un tiers externe vient nous décrire les enjeux. Il s’agira d’avoir des amis. Il nous parlera d’un chanteur exclu de son groupe parce trop séduisant. Perdant ses amis, il sera sans amis et le plus malchanceux des hommes jusqu’à devenir un « porte-poisse ». Mieux vaut éviter de prendre l’avion avec lui.

Or, il faut prendre l’avion, car il y a un dernier concert à produire, aux USA. Ils partent à trois plus un. Un incident fera perdre l’un d’eux avant même de monter dans l’avion pour y retrouver le porte-poisse. Je laisse aux spectateurs le plaisir de découvrir les pérégrinations de nos antihéros avec l’amant de leur ami disparu dont la majeure partie se déroulera au Canada (tournage à Schefferville, petite bourgade perdue dans le grand-Nord canadien).

Tout comme dans On voulait tout casser, nous découvrons que des amis se cachent des choses, ont une vie secrète : ici l’amant dans le placard, mais ce n’est pas tout. D’autres choses, tues vont être dites, accéder à la parole, au risque de briser l’amitié. Peut-on ou doit-on tout se dire pourrait être une des leçons du film en forme de question envoyée à chacun. Bien sûr tout cela est traité avec humour et de façon absurde, surréaliste et il est bien difficile de définir un public cible. En effet, il faudra au spectateur être ouvert à cette « belgitude surréaliste » de cinquantenaires qui restent d’éternels adolescents, au look improbable de rednecks barbus hirsutes qui n’ont de plaisir qu’à jouer du rock ensemble. Et justement, il lui faudra beaucoup d’indulgence sur ce point, car le niveau sonore des scènes musicales est franchement très élevé et l’on n’attend qu’une chose : que la bande son assourdissante et couvrant la voix, fasse place au silence et s’arrête. Certes, on peut le comprendre au début, car c’est aussi à cause du bruit que cela va mal tomber (!) pour Jipé mais ensuite, on a pigé et on aurait gagné en confort à baisser le curseur d’un cran côté musique et l’augmenter d’un autre pour les dialogues. En effet, il y a parfois intérêt à être bilingue pour lire le néerlandais et comprendre des dialogues qui à certains moments sont difficilement audibles.

Des liens pour poursuivre la réflexion :

Je suis mort mais j’ai des amis : Trailer HD
Je suis mort mais j’ai des amis : Trailer HD

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