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CINECURE
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Yann Gozlan
Boîte noire
Date de sortie : 08/09/2021
Article mis en ligne le 5 septembre 2021

par Charles De Clercq

Synopsis : Que s’est-il passé à bord du vol Dubaï-Paris avant son crash dans le massif alpin ? Technicien au BEA, autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile, Mathieu Vasseur est propulsé enquêteur en chef sur une catastrophe aérienne sans précédent. Erreur de pilotage ? Défaillance technique ? Acte terroriste ? L’analyse minutieuse des boîtes noires va pousser Mathieu à mener en secret sa propre investigation. Il ignore encore jusqu’où va le mener sa quête de vérité.

Acteurs : Pierre Niney, Lou de Laâge, André Dussollier, Sébastien Pouderoux, Olivier Rabourdin, Aurélien Recoing, Guillaume Marquet, Mehdi Djaadi

Il y a dix ans, Yann Gozlan réalisait Captifs son premier film, un film de « genre » puisqu’il était classé dans la catégorie « film d’horreur »... mais pas que, car il s’agissait aussi d’un thriller et le réalisateur jouait là sur nos peurs mais aussi la tension. Certains plans étaient angoissants tant l’attente de l’inconnu se faisait lourde, intense et oppressante. Certes, le film n’a pas la carrure des spécialistes du genre et sa cotation IMDB est à un peu plus de 5. Pouvait mieux faire donc. Mais un style se dessinait-là. Il y eut ensuite Un homme idéal, avec Pierre Niney dans le rôle titre. Notre conclusion se formulait ainsi : « Dès le premier plan, nous connaissons la fin du film. Il n’y a plus rien à attendre comme surprise, sinon celles de faux semblants qui obligent le spectateur a croire ce qu’il a vu. Et qu’a-t-il vu ? A-t-il vu ce qu’il croit ? On se posera la question après le mot fin, où la reconnaissance se fera sur fond d’absence et de perte d’identité. La vérité d’un roman se fera au prix d’une disparition, d’un effacement, trace fugace d’un passage devant une librairie. » Nous y reviendrons ! Car Yann Gozlan va réaliser son troisième film en 2018, Burn Out ; Nous relevions alors que l’on ne trouvait pas « vraiment le focus du film. Il est bien sûr aux frontières de la caricature par rapport à d’autres films du même genre et insiste trop sur l’aspect mécanique de la moto. Toutefois, même si le film s’oubliera assez vite, il devrait se voir avec plaisir par les amateurs de film d’action que l’on peut regarder avec des amis sans se prendre la tête ».

Les deuxième et troisième films de Gozlan se situaient donc dans une bonne moyenne ; ni transcendants, ni mauvais, mais il y avait du potentiel. Celui-ci est pleinement utilisé dans son quatrième film dont on a l’impression que des leçons ont été tirées des précédents et que le meilleurs de ceux-ci a été utilisé. Le scénario a été écrit à plusieurs mains : Nicolas Bouvet, Jérémie Guez et Simon Moutairou et Yann Gozlan ! L’intrigue sur base d’un crash d’un avion où l’explication la plus simple et convaincante est celle d’un attentat terroriste va se déployer au cordeau, avec un tension dramatique intense, un suspens longtemps maintenu, angoissant comme dans son premier film. Boite noiredu nom des premiers outils d’enregistrement de vols qui tenaient en des photos prises à intervalles réguliers depuis une « boîte noire » dans le cockpit de l’avion, boîtes qui sont maintenant de couleur orange et contenaient au début des enregistreurs à bande et aujourd’hui avec des disques SSD - un peu comme dans les clés USB) — met en scène Mathieu Vasseur (Pierre Niney), qui rêvait d’être pilote mais ne pouvait l’être à cause d’un problème de vue et deviendra alors une « oreille » [à l’image de Chanteraide (François Civil) dans Le chant du loup)]. Celui-ci écoutait les bruits des sous-marins, Matthieu, lui écoute (notamment) les sons enregistrés depuis la cabine grâce à l’enregistreur phonique (ou CVR, de l’anglais cockpit voice recorder : enregistreur de conversations de poste de pilotage), qui permet de restituer les conversations ainsi que les alarmes sonores et, dans une certaine mesure, les bruits suspects dans le cockpit [1]. Et tout comme dans L’Homme idéal où l’on devait se poser des questions sur ce que l’on voit, il s’agit ici de (se) poser des questions sur ce que l’on entend, ce que l’on n’entend pas et l’interprétation que l’on peut et doit en faire. Il est difficile de préciser davantage car il faut découvrir la progression de l’enquête de Mathieu dont le personnage est cassant, peu empathie, presque autiste, qui reconnait difficilement ses erreurs (il semble en avoir déjà commises), manque de respect humain vis-à-vis de ceux qu’il côtoie mais aussi de sa femme Noémie (excellente Lou de Laâge) dont il consulte le smartphone à son insu, copie des dossiers confidentiels sur son ordinateur. Même si c’est pour la bonne cause, c’est aller fort loin et tout cela aura des incidences sur sa vie privée. Il y aussi un de ses supérieurs qui a disparu du jour au lendemain, un salon d’aviation qui s’annonce ; la carrière professionnelle de Noémie...

C’est donc un excellent thriller que l’on ne peut que recommander. Il y a probablement l’un ou l’autre invraisemblance (mais on ne vas pas se laisser noyer pour autant) mais qui ne nuisent pas au scénario et maintiennent la tension dramatique jusqu’au bout. Non seulement il y a le plaisir d’un thriller qui vous tient en haleine, mais l’on apprend également pas mal de choses sur les boites noires (oranges donc), leur fonctionnement, leur décodage et il y a quelques très beaux plans filmés à l’intérieur d’un avion qui ont de la classe. Ajoutons quelques seconds rôles qui sont bien interprétés : ainsi André Dussollier, Olivier Rabourdin et Sébastien Pouderoux !



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