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Disponible depuis le 1er février sur Netflix
Kiki la petite sorcière (1989) : La Kiki de toutes les Kiki
Comment se positionner face au lancement de Disney+ ?
Article mis en ligne le 17 février 2020

par Delphine Freyssinet

Synopsis : Kiki, 13 ans, est une petite fille comme les autres, si ce n’est qu’elle est sorcière. A son âge, la tradition veut qu’elle quitte ses parents pour s’établir pendant un an dans une autre ville pour exercer ses talents de sorcière. Son balai magique entre les jambes, son chat noir Jiji, et sa radio (cadeau de son père) sous le bras, elle s’installe à Koriko, une ville de bord de mer. Kiki y trouve rapidement un emploi de livreuse dans la boulangerie d’Osono. Voler sur un balai, c’est bien pratique pour livrer des colis.

Durée : 1h42 - Age : à partir de 8 ans

Le contexte de la diffusion sur Netflix

La future plateforme de streaming des studios Disney débarque sur les écrans et autres tablettes le 24 mars, et compte bien dérouler le tapis rouge à Mickey, Donald et leurs amis en accueillant 7500 épisodes de séries, 300 films du catalogue historique, et 100 films inédits et plus récents. Objectif : concurrencer le géant numéro 1 Netflix.

Pas de quoi décontenancer le colosse aux pieds d’airain : face à cette joyeuse parade de souris aux grandes oreilles sympathique, de canard grin-cheux, de garçon qui refuse de grandir et boude dans son île du Pays imaginaire, de princesse endormie, ou de cette autre totalement étourdie avec son soulier, Netflix ouvre les portes de son royaume à une princesse louve, aux sorcières - qui ont très peu d’heures de vol de balai au compteur - à un aviateur porcin, à un voisin étrange, ou à une petite fille qui apprend à grandir.

Vous avez reconnu Princesse Mononoké, Kiki la petite sorcière, Porco Rosso, Mon voisin Totoro et Le voyage de Chihiro, quelques-uns des plus célèbres films d’animation japonaise, produits par le légendaire studio Ghibli. Netflix intègre donc la totalité des films produits par le studio fondé - en 1985 - par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, deux anciens réalisateurs de films d’animation et de séries animés pour la Toei Animation. Les 21 films - dont la coproduction La Tortue rouge est absente, mais qui inclue Nausicaä de la Vallée du Vent, sortie avant la création du studio - rejoignent Le Tombeau des Lucioles (de Isao Takahata)

Netflix marque un grand coup puisque Hayao Miyazaki lui-même avait toujours refusé de « rendre ses films disponibles digitalement dans le monde, que ce soit en streaming ou en téléchargement » assurant qu’il est « vital et que c’est une opportunité particulièrement appréciée pour l’audience, d’expérimenter le film ensemble dans un décor de cinéma ».

Après Le château dans le ciel (1986), Le Tombeau des Lucioles (1988) et Mon Voisin Totoro (1988), Kiki la petite sorcière est le quatrième film du Studio Ghibli. On y retrouve les thématiques chères à Miyazaki, qu’il ne cessera de magnifier par la suite : la nature, le respect des animaux, l’aviation, l’enfance et l’apprentissage de l’indépendance.


Cliquez sur le titre pour découvrir l’histoire.

Kiki, le film

Comme souvent dans ses films, le héros est une petite fille. Et elle est plutôt attachante cette petite Kiki ! Impétueuse, espiègle, gaie, enthousiaste, rêveuse, bien élevée, serviable, gaffeuse, voulant aller plus vite que la musique, en l’occurrence que son balai de jeune sorcière.

La scène d’arrivée dans la petite ville de bord de mer - un carambolage évité de justesse - digne d’un Charlot dans Les lumières de la ville - est un bijou de scène comique, au timing millimétré rendu encore plus saisissant par la précision méticuleuse du dessin.

La délicatesse de Miyazaki s’exprime dans une scène toute simple et a priori banale : Kiki, impatiente de quitter la maison - la plupart des parents auront un pincement au cœur - n’en réclame pas moins à son père de lui « faire faire l’avion » comme lorsqu’elle était petite. Un père qui a un peu de mal à la soulever, sa fille grandie bien vite. Si les parents disparaissent bien vite de l’histoire, ils n’en ont pas moins une image ultra positive et presque idéalisée : en accordant toute leur confiance à leur fille, en l’encourageant dans ses désirs, ils lui permettent de découvrir sa propre voie, d’avoir des doutes sans jamais se déprécier. Donner confiance en soi est le plus beau cadeau qu’un parent peut offrir.

D’ailleurs, cette bienveillance parentale ne disparaît pas, puisqu’elle est incarnée par le personnage de la boulangère Osono, enceinte de surcroît, pour mieux souligner ce rôle de maman de substitution auprès de Kiki.


L’avis de Delphine

Miyazaki sait comme personne faire se côtoyer le merveilleux et le banal, voire le vieillot : puisqu’on réclame sa carte d’identité à Kiki, alors qu’elle précise être « une jeune sorcière en apprentissage » , et que, logée chez Osono la boulangère, elle utilise les toilettes dans une cabane de l’arrière-cour.

Les dessins de Miyazaki, ont cette rondeur de l’enfance alliée à la maturi-té, exprimée par les expressions et les postures très réalistes des person-nages. L’alternance de plans larges, panoramiques, travellings, gros plans, permet heureusement de dynamiser l’histoire là où elle patine un peu.

Car si Kiki est attachante, les ressorts dramatiques prennent tout leur temps et l’intrigue reste plutôt simple. Une tension dramatique qui sera beaucoup plus éclatante et maîtrisée dans les dessins animés suivants. Miyazaki s’attarde ainsi à montrer une thématique qu’il illustrera mieux, magnifiquement et avec la profondeur juste quelques années plus tard, dans « Le voyage de Chihiro » : Kiki doit travailler pour gagner et affirmer son identité.

Mais il rester le maître des bonnes trouvailles : le stratagème pour remplacer momentanément le cadeau perdu lors de la livraison - et pour lequel Jiji est mis à contribution - et aussi cette scène inquiétante avec des oiseaux très hitchcockiens où Kiki se confond avec Tippi Hedren, sont des temps forts de ce dessin animé.

Tout comme cette séquence où Kiki perd ses pouvoirs et voit donc ses rêves d’avenir disparaître quand les autres réalisent les leurs.
Une histoire faussement mièvre, donc, empreinte de sensibilité, soulignée par la musique toujours idéale de Joe Hisaishi

A voir en attendant de se plonger dans « Princesse Mononoké » et « Le voyage de Chihiro » par exemple, deux de ses chefs-d’œuvre.

Un conseil : regardez Kiki la petite sorcière en VO sous-titrée. La voix française de Kiki plaintive, criarde, qui surjoue l’enthousiasme est horripilante, tout comme celle de Jiji le chat, d’ailleurs.

https://www.youtube.com/embed/rdWUjKpLmvk
Kiki la petite sorcière - YouTube


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