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Barbet Schroeder
“Ricardo et la peinture” : Ivre d’amitié et de peinture
Sortie : le 15/11/23 en France (pas de date en Belgique)
Article mis en ligne le 20 novembre 2023

par Delphine Freyssinet

Synopsis : Barbet Schroeder présente un portrait de son ami Ricardo Cavallo, qui consacre sa vie à la peinture.
De Buenos Aires au Finistère, en passant par Paris et le Pérou, ce film est une invitation à plonger dans l’histoire de la peinture, mais aussi à découvrir la vie de cet homme exceptionnel qui, avec simplicité et humilité, s’est toujours engagé entièrement, jusqu’à transmettre sa passion aux enfants de son village.

Points particuliers :

  • Présenté au BAFF - Brussels Art Film Festival le 19 novembre 2023
  • En sélection au festival de Locarno 2023
  • Barbet Schroeder a commencé sa carrière comme assistant d’Eric Rohmer aux “Cahiers du cinéma” et sur ses tournages
  • En 1962, Il fonde sa société de production “Les films du Losange”
  • César 2008 du meilleur documentaire pour “L’avocat de la terreur” consacré à Jacques Vergès
  • Le film est dédié à Karl Flinker, un grand amateur d’art, libraire et galeriste (aujourd’hui disparu), grâce à qui Barbet Schroeder s’est intéressé au travail de Ricardo Cavallo.

Quel dommage que ce documentaire présenté au Brussels Art Film Festival ne bénéficie pas d’une sortie nationale !

Un documentaire qui, 7 ans après “Le Vénérable W” (sur un moine bouddhiste génocidaire), signe le retour en (état de) grâce de Barbet Schroeder.

Non que le cinéaste - réalisateur entre autres de “J.F. partagerait appartement”, “Le mystère Von Bülow” - se soit perdu en chemin, mais après terminé La trilogie du Mal, (“Général Idi Amin Dada “, “L’avocat de la terreur” et “Le Vénérable W”) cela fait du bien de voir Barbet Schroeder revenir à la lumière, la beauté et à un autre grand mystère de la vie : la création artistique.

La création, c’est celle du peintre Ricardo Cavallo, avec qui il entretient une amitié forte depuis 40 ans. On voit d’ailleurs Barbet Schroder (et son équipe) dans le champ de la caméra, discutant avec son ami, s’étonnant, commentant, Ricardo expliquant, s’interrogeant, se racontant, avec humour et pudeur.

Cet artiste est totalement habité par son travail, menant une vie presque ascétique en Bretagne, dans le Finistère, dans le petit village de St Jean Du Doigt.

Ricardo se nourrit de peinture, de lumière et…de riz : à tous les repas, dès le petit déjeuner, et depuis des décennies.
C’est plus simple à cuisiner, il peut se concentrer sur l’essentiel : sa peinture.
On le voit partager ses repas frugaux (une pomme ou une orange accompagne le riz) avec l’équipe du film et c’est aussi ce qui rend ce documentaire aussi émouvant.

Il faut voir Ricardo Cavallo, descendant les rochers, tout son barda sur le dos, pour accéder à une anfractuosité de la falaise.

C’est là, dans cette sorte de cathédrale étroite de granit, qu’il passe la journée, devant son chevalet, les heures des marées écrites sur l’index et le majeur, pour ne pas se faire surprendre.

Ce qui est fou, c’est qu’à l’image, on a l’impression que les rochers ont été peints exprès pour le tournage. Non, ils sont bel et bien naturellement vert émeraude, et on comprend ce qui fascine tant le peintre dans ce décor. Pour qui connaît la Bretagne, on sait que les variations de lumière sont si riches, si subtiles, qu’on ne se lasse pas de les attendre pour les contempler.

La particularité de l’art de Ricardo Cavallo, ce sont ces carrés - des panneaux de bois prédécoupés (30 x 30 cm), marouflés de toile - qu’il peint et assemble ensuite, comme un puzzle, donnant lieu à des œuvres monumentales, comme ce paysage côtier de 10 mètres de long.

Un documentaire qui est une ode à la beauté et à l’amitié - Barbet, Philippe, Pierre - et qui nous donne surtout envie d’écumer les musées avec lui !

Si Ricardo Cavallo parle de Goya, Picasso, Monet, Braque, son “maître”, son choc artistique émotionnel reste à jamais Diego Velasquez
Regardez-le et écoutez-le décrypter le portrait du Pape Innocent X, il s’agit là d’une magistrale leçon d’histoire de l’art, de technique de peinture.

Ricardo Cavallo donne tout à son art - dormir à même le sol dans la chambre de bonne parisienne de ses débuts ne lui a jamais fait peur, tant qu’il pouvait se concentrer sur sa peinture.

Pour lui, peindre est une façon de vivre, de capturer la beauté, de regarder le monde autrement.
C’est ce qu’il essaie de transmettre dans son école de dessin et de peinture, gratuite, ouverte à tous.

Un documentaire qui nous donne illico envie de rejoindre Ricardo Cavallo dans sa grotte en Bretagne, juste pour le regarder peindre, et pour écouter si le murmure assourdissant des vagues ne nous livre pas le secret de fabrication de ses couleurs incroyables et de son imagination.

A souligner, la sortie d’un magnifique album jeunesse chez l’Ecole des Loisirs, “L’enfant, le peintre et la mer” de François Place qui raconte la manière de travailler de Ricardo Cavallo, les valeurs qu’il transmet dans son école de dessin et de peinture gratuite et ouverte à tous, à travers sa rencontre avec un jeune garçon.

Je vous recommande les deux.

Pour prolonger la chronique, voici la présentation sur RCF Bruxelles, par Delphine Freyssinet, de la bande dessinée L’enfant, le peintre et la mer de François Place. L’histoire d’un enfant qui rencontre Ricardo Cavallo, qui consacre sa vie à la peinture. Cliquez sur ce lien pour découvrir le livre.



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