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Quentin Dupieux
Daaaaaalí !
Sortie du film le 07 février 2024
Article mis en ligne le 11 février 2024

par Julien Brnl

Genre : Comédie

Durée : 77’

Acteurs : Jonathan Cohen, Edouard Baer, Anaïs Demoustier, Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Didier Flamand, Romain Duris, Agnès Hurstel...

Synopsis :
Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.

La critique de Julien

C’est dans le cosmo qu’est allé chercher l’inépuisable Quentin Dupieux pour mettre en scène son nouveau délire, « Daaaaaalí ! », lequel est un non-biopic sur la personnalité du peintre espagnol. Présenté hors compétition à la Mostra de Venise, son douzième métrage ne raconte donc pas la vie de Salvador Dalí, mais bien une vaine tentative d’interview de l’artiste par une journaliste (Anaïs Demoustier), avant d’en réaliser un film. Sauf qu’à chaque rencontre, l’homme s’échappera, et l’objectif avec. Mais Dupieux ne fait pas ici les choses à moitié, et rend un hommage nourri par le cinéma de Luis Buñuel à la personnalité obsessionnelle et à l’impossibilité à raconter Dalí, dans un film où la forme l’emporte avec beaucoup d’imagination sur le fond. Et on en redemande !

Cinq mois après la sortie du « Yannick », lequel est devenu son plus gros succès commercial tout en concourant pour deux César (celui du meilleur acteur pour Raphaël Quenard et du meilleur acteur dans un second rôle pour Pio Marmaï), le prolifique réalisateur a une fois de plus écrit, photographié et monté son nouveau film, lequel nous immerge dans une boucle infinie et insensée, et dans laquelle cinq (-six) acteurs prêtent simultanément leurs traits au peintre. Mises en abyme (rêves dans le rêve, films dans le film, etc.), répétitions de scènes sous divers angles de vue nous en changeant ainsi notre interprétation, ruptures de montage, Quentin Dupieux s’amuse énormément avec son nouveau film, lequel - n’ayons pas peur de le dire - est un (nouveau) style à lui tout seul. C’est un film qui avance puis recule brusquement, sans prévenir, à mesure notamment que le rêve inouï d’un évêque alors raconté en images par Dali s’arrête, avant d’être repris et prolongé pendant un repas...

Certes, l’objet cinématographique est complètement loufoque et uniquement visuel, mais on se laisse prendre au jeu de « Daaaaaalí ! », autant que ses acteurs se donnent du plaisir à y jouer le peintre du surréalisme, avec leurs deux moustaches en l’air, leurs grands yeux bien ouverts, l’accent prononcé et l’attitude excentrique, sans oublier la mégalomanie. Même si chacun d’eux apporte son petit grain de folie et n’est pas à comparer puisqu’ils interprètent une même personne « excentrique et concentrique, à la fois anarchiste et monarchiste », c’est bien Édouard Baer qui tire son épingle du jeu, face à Jonathan Cohen, Gilles Lellouche ou Pio Marmaï (Alain Chabat et Pierre Niney étaient également, mais indisponibles). En effet, ses r roulés viennent tellement de loin qu’ils en sont très comiques ! Quant aux seconds rôles, Romain Duris sort du lot dans la peau d’un producteur imbu de sa personne et très odieux, tandis que Anaïs Demoustier est à l’image de son personnage, quelque peu effacé, et écrasé...

Ludique et porté par la musique originale de Thomas Bangalter (anciennement l’un des membres de Daft Punk) uniquement concoctée à la cithare ancienne, « Daaaaaalí ! » n’en oublie pourtant pas l’œuvre de Salvador Dalí, lequel s’ouvre d’ailleurs sur un plan reproduisant son tableau « La Fontaine nécrophile coulant d’un piano à queue » (1932), tandis qu’une scène du film s’inspire de « La Harpe moyennement fine et invisible » (1932). Dupieux ne revendique pourtant pas son film comme surréaliste, lequel est d’ailleurs un mot qui, selon lui, s’emploie aujourd’hui à tort et à travers. C’est plutôt une expérience et tentative réussie de convoquer l’esprit hanté (dont par la mort) du peintre tout en se refusant au sérieux, ce qui caractérise fondamentalement le cinéma du metteur en scène. On en ressort dès lors avec le sourire aux lèvres, et même amusé, et de surcroît impressionné par l’évolution artiste de Quentin Dupieux, lequel, à l’image de Dalí, s’octroie ici toutes libertés, inspiré également ici du cinéma des Monty Python. Bref, on adore !



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