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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Jean-Baptiste Durand
Chien de la Casse
Sortie du film le 14 juin 2023
Article mis en ligne le 20 juin 2023

par Julien Brnl

Genre : Comédie dramatique

Durée : 93’

Acteurs : Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Galatea Bellugi...

Synopsis :
Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié va être mise à mal par l’arrivée au village d’une jeune fille.

La critique de Julien

Après plusieurs courts-métrages, dont la fiction « L’amour sans le Sexe » (2010), réalisée dans le cadre de ses études à l’École des Beaux-Arts de Montpellier, laquelle était une autobiographie sur l’amitié racontant les rapports passionnels entre trois jeunes d’un village, le cinéaste français Jean-Baptiste Durand, justement originaire d’un petit village près de Montpellier (Montpeyroux, à côté du Pouget, où a été tourné le film), nous livre enfin son premier long, « Chien de la Casse ». Ce dernier tire son titre d’une expression venue des banlieues, désignant un être à la fois violent et sensible, lequel n’hésite jamais sur un moyen pour avoir ce qu’il veut, quitte même à passer ou à s’attaquer à ses amis. Or, il est justement question ici d’amitié dans « Chien de la Casse », mais de celles qu’on n’a pas vraiment choisies, avec les potes d’enfance, du village. Et parfois, ces relations peuvent être tendues, animales, ce à quoi se réfère justement le nom de ladite expression, évoquant la relation maître-chien, ou encore un rapport dominant/dominé, mais toujours avec cependant avec l’idée d’appartenance, de fidélité. Issu de cet univers très fraternel tangible, c’est donc tout naturellement qu’est venue l’idée au réalisateur de mettre en scène l’histoire de deux jeunes péri-urbains, Dog (Anthony Bajon) et Mirales (Raphaël Quenard), qui traînent et passent leur temps ensemble, refaisant le monde sur un banc... Sauf que l’arrivée d’Elsa (Galatea Bellugi) va mettre à mal leur relation, et en révéler sa teneur...

« Chien de la Casse » est un film qui offre un profond et intriguant écrin à l’amitié évoluant sous un angle inédit, et qu’un (premier) élément extérieur va venir perturber. Car les deux compères ont toujours évolué côte à côte, se sont toujours écoutés (sans forcément se répondre), et ont toujours parlé entre eux (Elsa dira à Mirales que sans Dog, il semble ne rien n’avoir rien à dire). C’est ensemble qu’ils se sont construits, et inévitablement englués dans une relation primaire, de « meute », sans que l’un ne réussisse finalement à porter l’autre. C’est bien d’une « bromance » dont il est ici question entre les personnages d’Anthony Bajon et de Raphaël Quenard, typique de celles qui isolent ses individus dans une sphère fermée au monde qui les entoure, une sorte de bulle qui peut, par moment, être anxiogène, et même écrasante, au regard des mots que s’échangent parfois ces camarades. Mais c’est davantage ici Mirales qui dépasse les bornes, alors que Dog (Bajon), capable de supporter les frustrations que ce petit milieu engendre envers ses sujets, se fait brutaliser par autrui. En effet, bien qu’il aime éperdument son ami, Mirales le considère très peu, tout en le rabaissant à la moindre occasion, l’identifiant justement à la bulle à laquelle ils appartiennent, et qu’il voudrait ainsi transformer, faire éclater. Mais cela ne l’empêche pas d’être intelligent, curieux, et d’aimer - notamment - la lecture, lui qui enchaîne les citations de grands auteurs, sans pour autant les mettre à profit pour lui, mais bien dans l’optique de changer l’autre. Joué par la révélation de ces derniers mois, Raphaël Quenard, qu’on avait déjà énormément apprécié dans la comédie « Fragile » d’Emma Benestan (sortie l’été dernier), Mirales s’avère être pourtant un être au grand cœur, apportant de la lumière à cette amitié, notamment par ses joutes verbales qui font souvent mouche, tandis que les amis jouent souvent « à la baballe » avec Malabar, le chien de Mirales, qu’il aime comme son enfant...

L’étendue de cette relation quasi exclusive va donc être révélée par le personnage de Galatea Bellugi (vue dans « l’Apparition » de Xavier Giannoli en 2015), et conduire à des péripéties qui vont les faire sortir de leur quotidien, redondant, et vers leur rédemption personnelle. Pourtant, le film de Jean-Baptiste Durand n’est pas des plus remuants, lequel, pour mettre en images cette photographie d’une amitié pas comme les autres, emprunte un long et lent chemin, alors que « Chien de la Casse » manque d’enjeux en termes d’écriture, malgré l’authenticité de sa démarche. C’est qu’il ne se passe pas grand-chose dans cette comédie dramatique, outre que lors d’un dernier acte, bien que finalement assez convenu. Mais ce choix est à l’image de la vie de ses personnages. Mais on s’ennuie autant qu’ils s’y ennuient... Cependant, le portrait de cette jeunesse paumée est irrésistible, car aussi touchée que touchante, et envers laquelle on se prend d’empathie, mais aussi d’admiration, tandis que ses deux acteurs principaux y sont parfaits.



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