Synopsis : Deux frères un peu demeurés découvrent à la mort de leur père qu’ils ont été adoptés. Malgré leurs différends, ils se mettent en quête de leur père naturel qui vit sur une île isolée et peu peuplée. A leur arrivée, une surprise les attend. Confrontés à l’histoire de leurs origines, ils vont devoir en gérer les conséquences.
Le dernier opus d’Anders Thomas Jensen sera projeté en ouverture de la 34e édition du BIFFF, en salle ciné 2 à BOZAR (dans la grande salle, ciné 1 le 29 mars à 20h00, le film d’ouverture est Pride + Prejudice + Zombies pour être proposé au public à partir du 20 avril 2016.
Voici tout d’abord ce qu’en écrit le BIFFF, avec sa verve et son verbe habituel. C’est peut-être trop en dire, même si les codes bifffiens sont respectés. Si cela ne vous dérange pa d’en savoir un peu plus avant la vision du film, vous pouvez cliquer sur le lien qui suit.
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Acteurs : Mads Mikkelsen, David Dencik, Soren Malling, Nikolaj Lie Kaas, Nicolas Bro.
Autant dire que le film est complètement déjanté et qu’il ne surprendra pas ceux et celles qui ont apprécié l’humour noir et caustique du film Les Bouchers verts (2003), deuxième des quatre films réalisés par Anders-Thomas Jensen. Ce long-métrage danois, dont le titre original est De Grønne slagtere raconte l’histoire d’une boucherie qui s’est spécialisée dans la vente de viande... humaine ! Encore faut-il s’en procurer ! Une anecdote très significative est narrée dans un des bonus du DVD par Nikolaj Lie Kaas et Mads Mikkelsen [acteurs que l’on retrouve dans Men & Chicken mais aussi dans Adam’s Apple (2005)]. Ceux-ci, interrogés sur le caractère éminemment singulier du film, précisent que le réalisateur leur a dit que lui avait encore un projet devant lui pour l’année suivante, mais qu’eux, comme acteurs principaux de ce film, risquaient de ne plus avoir aucun rôle à l’avenir ! Aujourd’hui, nous savons que cette crainte était inutile et que les acteurs ont fait carrière, brillante surtout pour l’un d’entre eux, Mads Mikkelsen !
C’est dire aussi qu’ils ont avoir beaucoup de plaisir à jouer dans ce nouvel opus, tout aussi déjanté que les précédents. Mais au-delà de l’humour caustique de cette histoire de paumés qui veulent retrouver leur(s) origine(s), de nombreuses questions de sens sont posées, à eux et à nous ! C’est qu’il est question de ce qui fait notre humanité, évoquée dès un prologue "enfantin" et rappelée, en épilogue, tout aussi enfantin, du film. Ou, comment reconnaître ce qui est animal en nous, notre part d’animalité (à tous ?) qui nous permet de nous découvrir une âme, en quelque sorte. Mais il faut pour cela ne pas rester à son niveau ! Il faut s’élever pour découvrir ce qui nous fait enfants d’un même père ? Et si l’on descend, c’est occasion d’aller à la découverte des gènes qui nous gênent aux entournures, mais aussi des matrices qui nous engendrent ! Faut-il s’élever ou s’abaisser ? L’un ou l’autre ? L’un et l’autre ? Car si ce n’est ni l’un ni l’autre, on risque bien de rester le groin au sol, comme un porc, ou plus exactement comme une poule voire un taureau ! S’agissant de terreau, quel est le sol, oserions-nous écrire, quelle est l’assise ou l’assiette de notre identité ?
Difficile de définir ce film qui nous invite à rejoindre une île intérieure, quasi repliée sur elle-même et ses habitants ? Il y a bien un docteur, mais il ne s’appelle pas Moreau ! Il y a bien des habitants, peu nombreux si l’on ne veut compter que les humains. Et encore qui parmi eux peut offrir un avenir fécond ? De cette question, nous ne ferons pas tout un fromage, n’est-ce pas !
Un film qui divisera le public, mais dont nous espérons que certains, comme ce fut le cas pour nous, se rueront dans les salles pour le revoir !
Bande-annonce :
(VO sous-titrée en anglais)