Synopsis : Les vacances, une île en Méditerranée. Trois errances, la fin de l’été, Déterminées, coûte que coûte, A ne plus le rester. La nostalgie d’un passé, Qui n’a jamais existé.
Acteurs : Alfie Thomson, Pere Yosko, Julienne Goeffers, Christian Carre, Delphine Théodore, Ahilen Saldano.
La vision de Parasol nous a rapidement fait penser à l’un des films de la trilogie de Ulrich Seidl, Paradis : Amour (Paradies : Liebe). C’est qu’il est question, notamment, d’amour ou de quête d’amour en terre étrangère après avoir fui la banalité du quotidien...
Le film traite de trois trajectoires parallèles qui ne se rencontreront donc jamais, si ce n’est à l’infini selon les mathématiques. Il faut ici avouer que nous n’avons croisé aucune des trois destinées et que nous aussi étions à distance, évoluant en quelque sorte sur une voie parallèle, regardant les images avec une étrange sensation de mise à distance à tel point que le film d’une durée de 75 minutes nous a paru beaucoup plus long.
C’est d’autant plus surprenant qu’un ami critique, Nicolas Gilson, dont j’apprécie le jugement a un avis très positif sur le film. N’hésitez donc pas à le lire pour ne pas vous fier à ou vous contenter de ma mésimpression !
Avant de poursuivre, découvrons les intentions de Valéry Rosier : Les personnages de Parasol sont seuls. Une solitude physique agrémentée d’un besoin d’amour et de reconnaissance. Chaque personnage, à sa manière, se lève un jour et se met en mouvement pour contrer cette solitude.
Ils veulent fuir cette solitude à tout prix, quitte à prendre des mauvaises décisions, ou à se faire encore plus mal, quitte à s’entourer des mauvaises personnes. Ils ne supportent pas l’immobilité, le fait de ne pas être acteurs de leur propre vie.
Dans la continuité de mes précédents films (Dimanches et Silence radio) mon intention dans ce film est de montrer comment nous, êtres humains, nous comportons face à la solitude, le vide et l’absurdité que nos vies portent toutes en elles.
Placer ces histoires dans le contexte du tourisme m’est apparu comme une évidence. La manière dont on cherche à tout prix à remplir nos vacances n’est-elle pas révélatrice d’une certaine vacuité de nos vies ? Révélatrice d’une solitude inhérente à l’homme d’aujourd’hui ? Comment l’acte de partir ailleurs est une fuite impossible d’un enfermement dans un monde clos.
Selon Cioran, ’la seule préoccupation de la plupart des hommes est de fuir l’ennui de la vie’. Il ajoute que ’l’ennui est à l’origine des divertissements humains dont le succès met à nu le côté misérable de l’humanité.’
Mes personnages sont en mouvement, je les veux tendrement humains, en contrepoint de ce contexte qui nous pousse à montrer notre côté misérable.
Qui sont ces personnages, antihéros du film et de la société ? Une dame du troisième âge (actrice néophyte et cependant excellente) qui veut poursuivre dans la vraie vie, loin de chez elle, durant quelques jours de vacances, une relation, torride - du moins en vocabulaire - initiée via des réseaux sociaux avec un certain André. Ensuite, Pere... un père divorcé qui passe quelques jours avec sa fille adolescente qui n’est pas consciente des tentatives de son géniteur pour se faire aimer d’elle, jusqu’à dérouter le petit train touristique qui lui permet de montrer aux rares vacanciers les "splendeurs locales" ! Enfin, un jeune homme, anglais, en vacances avec ses parents et qui fait croire à ses amis restés au pays que celles-ci sont merveilleuses alors qu’il n’en est rien. C’est la vacuité totale, il n’y a personne et seulement une caravane avec une fille qu’il regarde, voit... mais rien de plus. Le jeune, Alfie va s’acoquiner avec deux jeunes du coin, arnaqueurs à la petite semaine qui le feront boire, le battront et voudront le rançonner.
Tout cela est filmé, souvent à distance, en plans fixes, comme si le réalisateur avait posé sa caméra et laissé libre cours à ses acteurs de laisser passer le temps... de ne rien faire... sinon découvrir l’absence de sens de ce temps qui s’écoule inexorablement vers le non-sens de la mort après une vie vide de repères et de relations. Cela avait un côté Strip Tease (la célèbre série d’émissions de la RTBF) du moins si l’on avait dressé trois portraits consécutifs. Ici, le réalisateur a choisi un montage où il alterne les plans des "aventures" des trois protagonistes qui ne se rencontreront jamais, le seul point qu’ils ont en commun est leur lieu de villégiature. Ce montage alterné est probablement porteur de sens pour le réalisateur, mais hélas, il ne m’a pas séduit. Je n’écrirais pas qu’il s’agit d’un "film de crapule" comme le fait Antoine Van den Kerkhove (source du pdf joint), mais que simplement je ne suis jamais arrivé sur ce lieu de vacances (paradisiaques ?).
Alors, je m’abstiens de donner une cotation chiffrée au film et vous invite à écouter le début de cette vidéo où Nicolas Gilson exprime son coup de coeur pour Parasol.