Synopsis : 1940. Paris, ville occupée. Et si, dans le flot des bombardements, la guerre emportait La Vénus de Milo, La Joconde, Le Radeau de La Méduse ? Que deviendrait Paris sans son Louvre ?
Deux hommes que tout semble opposer – Jacques Jaujard, directeur du Louvre, et le Comte Franz Wolff-Metternich, nommé à la tête de la commission allemande pour la protection des œuvres d’art en France – s’allient pour préserver les trésors du Musée. Au fil du récit de cette histoire méconnue et d’une méditation humaniste sur l’art, le pouvoir et la civilisation, Alexandre Sokourov nous livre son portrait du Louvre.
Avec : Louis-Do de Lencquesaing, Benjamin Utzerath, Vincent Nemeth
De Sokourov, nous gardons le souvenir de L’Arche russe (Russkiy kovcheg) en 2002 tourné dans et à la gloire du Musée de l’Ermitage de St Petersbourg, en un unique plan-séquence de 99 minutes. C’était un exercice de style fascinant, réservé aux érudits. L’éblouissement serait-il au rendez-vous ? retrouverait-on l’excellence technique de l’Arche ? Il n’en fut rien. Toutefois, quelques confrères (nous étions peu nombreux à la projection presse... chats échaudés ?), parmi les amis appréciés, ont manifesté leur enthousiasme, tout en reconnaissant s’être endormis... à peine une minute. Pour notre part, nous nous sommes d’emblée posé la question du focus de Francofonia, d’autant que le titre français est le titre de travail, soit Francofonia, le Louvre sous l’occupation. Et si le Louvre était bien présent à l’écran, il était loin d’être le sujet principal. Outre Jacques Jaujard, directeur du Louvre et le comte Franz Wolff-Metternich, il y était question d’un navire en danger (selon une conversation via Skype), la voix off omniprésente de Sokourov, l’apparition de "Marianne" et de Napoléon, assez grotesque(s), l’histoire du Louvre, Vichy, la guerre, le rapport à l’art des Français, et celui des Russes.
Ajoutons à cela des effets de style qui n’apportent (strictement) rien : un générique "final" pour débuter le film et cela, tenez-vous bien, en "split-screen), des images d’archives "reconstituées" avec vieillissement de l’image, points blancs, rayures : la totale ! Il y a certes une réflexion sur l’art et le rapport à la civilisation grâce à de faux échanges entre Jajard et Metternich dont une des scènes vise à nous faire connaître leur avenir à tous deux grâce à la rencontre d’une sorte de deus ex machina (Sokourov), mais aussi la présentation de Pierre Lescot, l’architecte qui a "initié un style d’architecture classique « à la française », notamment en rénovant la façade du Louvre".
L’on comprendra aisément que nous sommes aux antipodes d’un film de fiction "historique" comme The Monument Men et que s’agissant d’art nous avions largement préféré Diplomatie.
Il est probable, possible que les amateurs d’art, soucieux d’une réflexion philosophique et historique sur son rapport à l’humain et à la guerre y trouvent leur compte et ce serait là l’essentiel. Il est possible que certains d’entre eux et beaucoup d’autres trouvent ce documentaire lent et ennuyeux, dispersé. Il n’est pas question de les dissuader d’approfondir leur culture, mais ils iront voir le film en connaissance de cause. De notre côté, nous avons eu l’impression d’un exercice vain, proche du cinéma expérimental où le principal interlocuteur de Sokourov est... Sokourov. Nous y allions avec un a priori positif et avons quitté la salle avec de nombreux doutes et questions [1].
Un article d’Arte pour prolonger la réflexion de façon plus positive (source).