Synopsis : Berlin 1921, Talaat Pacha, principal responsable du génocide Arménien est exécuté dans la rue par Soghomon Thelirian, dont la famille a été entièrement exterminée. Lors de son procès, il témoigne du premier génocide du 20ème siècle tant et si bien que le jury populaire l’acquitte.
Soixante ans plus tard, Aram, jeune marseillais d’origine arménienne, fait sauter à Paris la voiture de l’ambassadeur de Turquie. Un jeune cycliste qui passait là par hasard, Gilles Tessier, est gravement blessé. Aram, en fuite, rejoint l’armée de libération de l’Arménie à Beyrouth, foyer de la révolution internationale dans les années 80. Avec ses camarades, jeunes arméniens du monde entier, il pense qu’il faut recourir à la lutte armée pour que le génocide soit reconnu et que la terre de leurs grands-parents leur soit rendue.
Gilles, qui a perdu l’usage de ses jambes dans l’attentat, voit sa vie brisée. Il ne savait même pas que l’Arménie existait lorsqu’Anouch, la mère d’Aram, fait irruption dans sa chambre d’hôpital : elle vient demander pardon au nom du peuple arménien et lui avoue que c’est son propre fils qui a posé la bombe.
Pendant que Gilles cherche à comprendre à Paris, Anouch devient folle de douleur à Marseille et Aram entre en dissidence à Beyrouth… jusqu’au jour où il accepte de rencontrer sa victime pour en faire son porte-parole.
Acteurs : Simon Abkarian, Ariane Ascaride, Grégoire Leprince-Ringuet, Syrus Shahidi.
Conjonction de l’Histoire, de la fiction et du réel, tel est ce qu’est ce film de Robert Guédiguian. Conjonction terrifiante lorsque le soir même, quelques heures après la vision presse, le vendredi 13 novembre 2015, les attentats de Paris bouleversent la ville, la France et le monde. Et s’il n’y a aucun rapport entre ceux-ci et le film, il n’empêche que l’on ne peut manquer de faire des parallèles. Le film est une fiction, mais d’après une histoire vraie !
Le réalisateur adapte le livre La Bombe de José Antonio Gurriarán en abordant plusieurs thèmes sur la toile de fond du génocide arménien par les Turcs. Une première partie, en noir et blanc, se déroule durant les années 1920 et relate l’opération Némésis et l’assassinat de Talaat Pacha. Nous faisons ensuite un bond dans le temps, pour arriver au début des années 1970 avec (notamment) les actions de l’Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie.
L’auteur du livre, José Antonio Gurriarán, est un journaliste espagnol qui, en 1981 à Madrid, a sauté sur une bombe posée par des militants de l’Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie, l’ASALA. Il a réchappé de cet attentat à moitié paralysé. Et alors qu’il ne savait absolument rien de la question arménienne, et pour s’en sortir, il va vouloir comprendre. Il se met à travailler sur le génocide et sa négation, il lit, il se renseigne, il se documente… Et au bout de ce processus, convaincu que la cause arménienne est juste, il décide de rencontrer les responsables de l’attentat. Après beaucoup d’échecs, parce que ses différents interlocuteurs ont peur, bien sûr, qu’il soit manipulé par les services secrets turcs ou par Interpol… il reçoit un coup de fil : rendez-vous à Beyrouth tel jour à telle heure. Il s’y rend avec un photographe et passe une journée entière à discuter avec deux dirigeants de l’ASALA, qui vont ensuite l’emmener dans un camp de la Bekaa où il rencontrera ceux qui ont posé la bombe…. C’est l’histoire de José qui est adaptée, transposée, sur mode de fiction dans ce film, à travers le personnage de Gilles (Grégoire Leprince-Ringuet).
Une histoire de fou ne se veut pas être un documentaire, il n’empêche qu’il en a quelques accents ce qui le rend boiteux au plan strictement cinématographique. Le film est en effet loin d’être parfait : il est trop didactique, presque scolaire, et n’est pas toujours bien joué, notamment par Leprince-Ringuet ! Par ailleurs certaines scènes peuvent manquer de crédibilité, notamment sa rencontre avec la mère de celui qui a déclenché l’attentat. Le film est-il proche du "réel" ? Peu importe. Ma note est un mixte entre un 50/100 pour le film en lui-même, et un 80/100 pour le thème qu’il aborde, celui du génocide arménien.
Le réalisateur semble "neutre" alors qu’il aborde des questions qui résonnent étrangement aujourd’hui, au lendemain du 13 novembre ! Qu’est-ce qu’une cause juste ? Est-ce qu’une action bonne peut se faire au prix de la vie d’innocents ? La question est posée durant le film par différents protagonistes. Tout cela peut sembler à la fois vain et cruel aujourd’hui. N’empêche que, plus que jamais, ce film doit être vu pour faire un travail de mémoire et de réflexion sur le bien et le mal, sur les façons de lutter contre celui-ci ainsi que sur la notion de juste cause. Car une cause juste pour l’un le l’est pas pour d’autres !
Un dossier pédagogique est disponible. Il peut être lu aussi bien par des adolescents que par des adultes. N’hésitez pas à prolonger votre réflexion après avoir vu le film en le lisant (ou à le lire avant le film pour vous y préparer).
Bande-annonce :