Class Enemy, deuxième film slovène de cette soirée dominicale (8 juin 2014), a été réalisé par Rok Bicek. Il s’agit de son premier long métrage qu’il a également co-scénarisé.
Voici la présentation du dossier presse : Après le suicide d’une étudiante, des élèves se liguent contre un professeur (Igor Samobor) aux méthodes strictes, et l’accusent d’être responsable de la mort de leur camarade. Rien n’est pourtant tout noir, ni tout blanc… Prix de la critique à la Mostra de Venise et représentant de la Slovénie aux Oscars 2014, Class Enemy est inspiré d’événements dont le réalisateur Rok Bicek a été le témoin au lycée. Le film, à l’esthétique épurée, met en garde contre les problèmes de communication à l’école où, souvent, le seul moyen d’apaiser des frustrations est la rébellion. Edifiant.
Edifiant, j’en conviens également après avoir vu le film. Pas toujours dans les meilleures conditions : les spectateurs slovènes étaient nombreux, plusieurs largement en retard, passant allègrement devant le projecteur qui envoie les sous-titres sur l’écran secondaire, d’autres, commentant le film en slovène durant la projection. Et même un spectateur belge, s’écriant durant le film, à propos du professeur d’allemand : "Mais quel imbécile !". C’est dire que le film était prenant, poignant et que l’on devait, semble-t-il, prendre fait et cause, contre le professeur d’allemand.
Mais est-ce si évident ? Les choses sont-elles ainsi en noir et blanc ? Comment communiquer ? Quelle peuvent être l’utilité de la parole, du langage (comme catharsis) et de la littérature (comme relecture et prise de distance) ?
J’ai apprécié l’interprétation remarquable d’Igor Samobor comme professeur de remplacement mais également celle des étudiants qui n’est pas sans faire penser à celle des élèves du film Entre les murs (sauf qu’ici, nous y sommes enfermés en permanence !). Ajoutons à cela, un jeu d’acteurs bilingues, puisque le film est en slovène et en allemand durant les cours et les échanges avec le professeur. Chacun des étudiants est typé, remarquable et très souvent juste.
Si bémol il doit y avoir, c’est peut-être l’aspect trop théorique, parfois scolaire (mais on est dans une école !) d’un film qui n’ose probablement pas aller jusqu’au bout de son propos et des questions posées. La fin du film ne paraissant pas résoudre la tension accumulée durant son développement.