Synopsis : Une grande prairie, un rassemblement country western quelque part dans l’est de la France. Alain est l’un des piliers de cette communauté. Il danse avec Kelly, sa fille de 16 ans sous l’œil attendri de sa femme et de leur jeune fils Kid. Mais ce jour-là Kelly disparaît. La vie de la famille s’effondre. Alain n’aura alors de cesse que de chercher sa fille, au prix de l’amour des siens et de tout ce qu’il possédait. Le voilà projeté dans le fracas du monde. Un monde en plein bouleversement où son seul soutien sera désormais Kid, son fils, qui lui a sacrifié sa jeunesse, et qu’il traîne avec lui dans cette quête sans fin.
Acteurs : François Damiens, John C. Reilly, Finnegan Oldfield, Antonia Campbell-Hughes
Les Cowboys, c’est un peu deux films pour le prix d’un seul ! Sur le plan de la structure (le scénario n’a rien à voir) cela faisait penser à The Place Beyond the Pines de Derek Cianfrance, où le héros meurt au milieu de l’histoire pour démarrer ensuite un autre récit où le fils poursuit le combat du père.
Les codes du western
Le film se déroule sur une vingtaine d’années et sont titre est à double sens : le premier, parce qu’il démarre dans un un rassemblement country western il y a une vingtaine d’années, le deuxième parce que le réalisateur a voulu puiser dans un classique The Searchers (La Prisonnière du désert) pour en faire l’ossature de sa version contemporaine. Nous ne sommes plus ici dans l’Ouest américain de jadis, mais dans un monde contemporain, confronté à la radicalisation de certains musulmans. Il n’empêche que le réalisateur va réutiliser les codes : "Je suis basque et quand, enfant, je voyais des westerns à la télévision, mon grand frère me disait souvent : « Pense que les indiens sont des Basques ». C’est ainsi que s’est bâtie une des idées principales du film : parce que les membres de cette communauté country se prennent pour des cowboys, ils imaginent que les Arabes sont des Indiens.
On pouvait dès lors emprunter le code narratif du western : par exemple il était clair pour nous qu’une fois à Charleville, le père est en territoire Comanche. De la même façon, lorsqu’à Anvers avec son fils, des silhouettes les suivent sur les toits, il s’agit d’un guet-apens indien. Plus tard, au Pakistan, le fils fumera le calumet avec les talibans. Avoir un genre bien défini en tête, comme le western, m’a permis dans le cadre d’un premier film, d’éclairer un peu la route, de guider mes choix de réalisation."
En-quête de fils et de fille
Ce sont plusieurs (en)quêtes qui se mettent en place. S’il y a celle d’Alain (François Damiens) qui veut retrouver envers et contre tout sa fille Kelly (Iliana Zabeth), il y a aussi Ahmed (Mounir Margoum) qui est recherché apr son père (Djemel Barek), quêtes qui semblent bien vines à force de durer. Jusqu’au jour où le temps qui passe se manifeste par le changement de visage, le fils Kid, 13 ans (Maxim Driesen) fait place maintenant au jeune adulte (Finnegan Oldfield) qui poursuivra l’oeuvre du père après sa mort. C’est une soeur qu’il recherche, désespérément, parcourant le monde et fréquentant ceux-là qui sont partis dans d’autres pays pour combattre. Pourra-t-il y rencontrer sa soeur, femme désormais ? Et quelle femme pourra-t-il ramener au pays au prix de quelle mort ? Et quel sera le rôle de l’américain (John C. Reilly) ? Et celle-là qu’il découvrira, qu’elle sera sa place de retour au pays, un pays qui n’est pas le sien, qui n’est pas le leur ?
Un film à voir
Sur ces autres terres, avec des paysages si différents de ceux du pays dans la première partie (à tel point qu’il nous semble avoir affaire à deux films, comme je l’écrivais au début) le fils va développer une maturité insoupçonnable ! De quasi mutique, il accédera à la parole pour tenter de trouver un terme à sa quête.
Si le film n’atteint pas le classique de John Ford, il nous permet de découvrir un excellent François Damiens, toujours aussi bon quand il sort de sentiers de la comédie ou des caméras cachées, mais également d’autres acteurs dont Finnegan Oldfield au service d’un scénario qui n’est pas parfait, mais nous touchera beaucoup en ces temps troubles que nous vivons aujourd’hui.
Enfin, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de la critique de Nicolas Gilson, sur le site Un grand moment. Il vous sensibilisera à une lecture du film plus approfondie que la mienne.