Synopsis : De retour d’Afghanistan, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatiques est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d’un riche homme d’affaires libanais, dans sa propriété "Maryland". Tandis qu’il éprouve une étrange fascination pour la femme qu’il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur "Maryland", Vincent perçoit une menace extérieure...
Acteurs : Matthias Schoenaerts, Diane Kruger,Paul Hamy, Jean-Louis Coulloc’h
Pour un cinéphile, les noms de Diane Kruger et de Matthias Schoenaerts imposent un a priori favorable et pas seulement par chauvinisme pour ce dernier lorsque l’on et belge. C’est que cet acteur encore trentenaire a imposé son talent et sa "gueule" dans quelques films remarquables. Le couple ici proposé à l’écran laissait augurer le meilleur et ce n’est pas ce que j’ai vu (ainsi que nombre de mes confères). Autant dire que la déception est grande au regard de l’attente.
Le film semble courir deux lièvres à la fois : le portrait d’un soldat souffrant de troubles post-traumatiques et un thriller somme toute très classique. La charnière se situant dans un passage assez ridicule, lorsque notre "héros" est appelé à l’entrée de la grande propriété dont il assure la garde avec d’autres militaires (en dehors de leurs heures pour arrondir leurs fins de mois). Il entre un conflit avec le chauffeur d’une voiture d’un personnage important. Le chauffeur est "de type ’arabe’" comme on dit, au risque du cliché usé jusqu’à la corde. A ce moment-là, on va virer dans une atmosphère bizarre. Nous sommes censés penser/croire que nous sommes dans un trip sensoriel et/ou mental du soldat à cause de son état de santé (et probablement des nombreux médicaments qu’il consomme avec abus), de ses maux de tête, de ses hallucinations. Et pour nous "aider" à aller dans ce sens, la réalisatrice use et abuse de sons et d’une musique propre à susciter trouble et interrogations. Et si cela passe plus ou moins tant que l’on est en mode plus ou moins subjectif [1], en revanche, à partir du moment où l’on passe en mode action, avec une vitre brisée, le film devient un thriller, non pas dans la tête de Vincent, mais de facto pour le spectateur. Et si la réalisatrice tente de rattraper la sauce en revenant avec des effets qui donne à penser/croire que le climat oppressant est dans la tête du soldat, cela ne fonctionne pas vraiment. Alors, on a beau ajouter des tonnes de pluie pour faire ambiance, un chien comme compagnon de Vincent (et à ce sujet, que devient le chien que l’on ne retrouve plus à la fin du film ?).
La lecture que je fais : à partir du moment où Vincent voit Jessie au milieu des invités, près de la piscine et "flashe" sur elle, il entre dans son trip qui va débuter par l’épisode relaté ci-dessus à l’entrée de la propriété. N’empêche que je puis totalement me planter.
Donc, en dernier ressort, à vous de voir si vous voulez tenter l’expérience, en particulier si vous appréciez Matthias Schoenaerts qui habite vraiment son rôle et sauve d’une certaine façon ce qui peut être sauvé de ce film qui peine à trouver ses marques ; au besoin, demandez l’avis d’amis dont vous connaissez le jugement.
Il reste cependant quelque chose sur lequel j’aimerais insister : la prise de son. Certains dialogues, échanges, choses entendues sont à la limite de l’audible. Le fait que ce soit sous-titré en néerlandais laisse sous-entendre (!) que ces "mots dits" sont faits pour être entendus ! Hélas, sur ce point, cela laisse à désirer.
Pour tenter de comprendre le film, je laisse la parole à la réalisatrice : Je me suis intéressée aux photographes de guerre qui parlaient du retour difficile à la vie civile, après avoir côtoyé la mort et les horreurs des combats. De fil en aiguille, j’ai rencontré des soldats qui rentraient d’Afghanistan et qui me parlaient de leurs troubles, de leurs angoisses, de leurs accès de violence. Tous ces maux que l’on regroupe sous le terme de syndrome post-traumatique et qui mettent les soldats hors jeu.
Le personnage de Vincent est né de ces rencontres. J’ai imaginé que mon personnage serait un soldat à qui l’on dit qu’il ne peut pas repartir en opération, comme un ouvrier usé qu’on met à la casse. Et que le trajet de ce personnage serait celui de quelqu’un qui reprend possession de son corps. L’idée du film d’action est venue de là, du personnage.
J’avais aussi envie d’aller vers un territoire généralement réservé aux hommes, celui du film de genre. Il y a certainement dans mon choix l’idée de réaffirmer que pour les réalisatrices aujourd’hui, « tout est permis » [2].