Synopsis : Michel, la cinquantaine, est passionné depuis toujours par les avions. Un jour, il tombe en arrêt devant des photos de kayak : on dirait presque un avion. C’est le coup de foudre. En cachette de sa femme, il achète un kayak, pagaie des heures sur son toit, et rêve d’épopées en solitaire. Michel se décide enfin à partir sur une jolie rivière inconnue. Sa première escale est dans une guinguette où il rencontre la patronne Laetitia, la jeune serveuse Mila et les quelques habitués. Michel y installe sa tente pour la nuit... et, le lendemain, a beaucoup de mal à quitter les lieux...
Acteurs : Bruno Podalydès, Agnès Jaoui, Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès, Vimala Pons.
Comme un avion... ou comme un avi(r)on ! est une comédie française qui aborde le thème de la crise de la cinquantaine. Une "crise" que l’on connaît, qui fait presque cliché, mais avec les frères Podalydès sur le terrain (comme réalisateur et/ou acteurs) ce seront surtout les jeux de mots qui feront mouche. En découvrant l’histoire de ce coup de foudre, non pas pour une femme (en tout cas au début), mais pour un kayak (attention, pas un canoë !) nous sommes entraînés dans une sorte de road movie qui aura lieu sur une rivière plutôt que sur les routes (et en tout cas dans les airs pour ce rêveur d’avions). Le voyage sur les eaux sera d’ailleurs passablement immobile lorsque Michel (Bruno Podalydès) découvrira une guinguette et deux femmes : Laetitia (Agnès Jaouï) et Mila (Vimala Pons).
A plusieurs moments j’ai songé aux babas cool (1981), pour ce qui a trait à la situation d’un homme qui rencontre une communauté, repliée sur elle-même et hors du temps. M’est venu aussi à l’esprit le film Alexandre le bienheureux (1968) en découvrant Michel prendre distance par rapport à son travail et s’attardant à ne rien faire dans la guinguette, sinon dormir, boire, manger...
Mais avant de prendre la route ou plutôt le fleuve avec son kayak, il y a d’abord la description du milieu de travail de Michel ainsi que la présentation de son patron, Rémi (Denis Podalydès) et surtout de Rachel, son épouse (Sandrine Kiberlain). Un anniversaire sera l’occasion de s’interroger, de se poser des questions jusqu’à se retrouver avec un kayak sur le toit. Avec beaucoup d’humour, le réalisateur nous montre l’évolution de ce quinquagénaire et de ses relations qui vont l’amener à faire un exode hors de son travail et de sa famille. Un couple "banal" où la sagesse permet de parler "simplement" de sa sexualité tout en se lavant les dents. Un couple "ordinaire", d’aujourd’hui, devant la télévision : elle est plongée dans sa série, lui dans son projet de kayak ! Cette banalité n’est pas le signe d’une usure du couple, mais simplement de leur quotidien assumé.
Sans vouloir trop dévoiler les moments de l’intrigue, relevons un Pierre Arditi dans son propre rôle et qu’on laissera sur la berge (vous comprendrez en découvrant le film !) et une scène de rencontre/conquête amoureuse à l’aide de post-it entre Michel et Laeticia ! Cette scène qui comprend une fellation (be cool ! tout cela est très soft et suggéré bien entendu) est amenée avec beaucoup de finesse y compris dans sa montée en tension !
Le plan final, traveling qui suit deux personnes sur la berge, dont Rachel et lui dans son kayak, nous offre une fin ouverte. Leur couple n’est probablement pas mort malgré leurs parenthèses réciproques. Il ne s’agit pas d’un film d’académie mais d’une comédie qui assume son humour et nous invite à aimer ses personnages, grâce au talent des acteurs qui sont véritablement au service du film (qui a été tourné dans l’ordre chronologique). N’hésitez pas à profiter de ce moment de détente au fil de l’eau !