Synopsis : 1985. Libby Day a huit ans lorsqu’elle assiste au meurtre de sa mère et de ses sœurs dans la ferme familiale. Son témoignage accablant désigne son frère Ben, alors âgé de seize ans, comme le meurtrier. Trente ans plus tard, un groupe d’enquêteurs amateurs, appelé le Kill Club, convainc Libby de se replonger dans le souvenir de cette nuit cauchemardesque. De nouvelles vérités vont émerger, remettant en cause son témoignage clé dans la condamnation de son frère.
Acteurs : Charlize Theron, Chloë Grace Moretz, Christina Hendricks, Drea De Matteo, Nicholas Hoult, Corey Stoll, Tye Sheridan.
Le film est l’adaptation du roman éponyme publié en 2009 par Gillian Flynn (qui a écrit également Gone Girl en 2012).
Le hasard a voulu que je découvre à la télévision une intrigue assez proche dans le cadre d’un spin-off des Experts (probablement une rediffusion). Il y était question d’une adulte qui s’interrogeait sur son témoignage d’enfant dans une série de meurtres et qui amenait les enquêteurs à revoir l’enquête de fond en comble. Ici, l’héroïne ne souhaite pas interroger son passé (qui l’a rendue célèbre) et encore moins le revivre et les enquêteurs sont des amateurs. Il n’empêche, sur papier, le thème était très prometteur. L’enquête, tout d’abord. Qu’en est-il de la "vérité" ? Est-ce bien son frère qui a tué, exécuté toute la famille et pourquoi ? Et si d’aventure ce n’est pas lui, qui alors et comment ? La relation frère soeur après trente ans ouvrait également des pistes larges comme des autoroutes. Le groupe d’enquêteurs "ludiques" ouvrait des perspectives. Et pourtant, malgré quelques bons acteurs, à l’arrivée, la déception est présente et partagée par plusieurs confrères journalistes.
C’est que le réalisateur et scénariste a choisi non pas de suivre l’enquête aujourd’hui, de découvrir une relecture du passé à partir du travail d’investigation... mais plutôt à l’aide de différents flashbacks. Et là, c’est totalement raté. C’est que rien n’indique à l’écran que nous venons de retourner trente ans en arrière. Bien après un certain temps, on s’en rend compte, mais tout cela tombe régulièrement comme un cheveu dans la soupe et rend celle-ci (ou le film) plutôt indigeste. Dès lors, on navigue entre une histoire passée très sombre dont on découvre peu à peu les ramifications et le travail des enquêteurs amateurs dans le temps réel. Entre les deux, l’éveil de l’héroïne à une autre lecture de son histoire ne nous passionne plus vraiment. Certes, c’est le besoin d’argent qui la motive au départ (le roman de son histoire d’enfant ne rapporte plus), mais ensuite, elle s’interroge vraiment sur son passé. Quand vient le moment des derniers rebondissements et que nous découvrons les intrications entre les divers protagonistes et ce qui s’est réellement passé on regrettera que le réalisateur n’ait pas choisi une autre façon de nous raconter cette histoire.
Bien sûr, le suspens est maintenu jusqu’au bout et Gilles Paquet-Brenner arrive à bien nous intéresser à cette affaire où l’actrice principale donne vie à son personnage et à rendre crédibles ses ambiguïtés (et le film est quand même bien loin de Gone Girl auquel certains le comparent !)