Genre : Horreur
Durée : 114’
Acteurs : Ethan Hawke, Madeleine McGraw, Mason Thames, Demián Bichir, Jeremy Davies...
Synopsis :
Depuis son enlèvement, Finney, aujourd’hui âgé de 17 ans, éprouve beaucoup de mal à reprendre le cours d’une vie normale, alors que rien ni personne ne saurait arrêter Gwen, sa sœur de 15 ans. Mais le sinistre téléphone se met à sonner dans les rêves de l’adolescente, où elle voit sans cesse trois garçons se faire pourchasser dans un camp de montagne appelé Alpine Lake. Déterminée à mettre fin à ces cauchemars et à en percer le mystère, Gwenn persuade son frère de se rendre sur place, malgré le blizzard qui frappe la station. C’est là qu’elle découvre l’horrible vérité derrière le lien entre l’Attrapeur et sa propre famille. Les deux adolescents vont alors devoir affronter un tueur que la mort a rendu presque invincible et à qui leurs destins sont beaucoup plus liés qu’ils n’auraient pu l’imaginer.
La critique de Julien
Ce n’était un secret pour personne, et nous le pressentions déjà en vous partageant notre avis sur le premier volet, "Black Phone" (2022). En effet, au vu de son succès commercial — 161 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget de production de 18 millions —, il n’aura pas fallu longtemps aux investisseurs pour décrocher leur téléphone et commander une suite à son metteur en scène, Scott Derrickson. Et c’est désormais chose faite, qui plus est avec la même équipe. Mason Thames, Madeleine McGraw et Jeremy Davies reprennent leurs rôles respectifs, tandis qu’Ethan Hawke réenfile le masque de "l’Attrapeur / The Grabber", même depuis l’au-delà, étant donné sa mort à l’issue des précédents événements. Or, souvenez-vous : librement adapté de la nouvelle "Le Téléphone noir" de Joe Hill, parue en 2004 dans le recueil "Fantômes – Histoires troubles", "Black Phone" racontait l’histoire d’un tueur d’enfants qui terrorisait une petite ville du Colorado. Nous étions alors en 1978, et le jeune Finney Blake était retenu prisonnier dans le sous-sol insonorisé du tueur. C’est là qu’il découvrait un téléphone noir permettant aux esprits des précédentes victimes de communiquer avec lui pour l’aider à s’échapper et vaincre son bourreau. En parallèle, sa jeune sœur Gwen, dotée de dons de voyance hérités de leur mère décédée, aidait la police à retrouver son frère ainsi que les corps des enfants disparus. Avec cette suite, Derrickson et son équipe promettaient ainsi de replonger dans l’horreur surnaturelle qui avait tant séduit le public. Mais parviennent-ils à renouveler la formule ?
Quand les morts ont encore quelque chose à dire...
Quatre ans se sont écoulés depuis les tragiques événements. Et tandis que Finney peine encore à surmonter le traumatisme, Gwen est hantée par de nouveaux rêves étranges liés à "l’Attrapeur". Or, ses visions semblent faire écho à d’anciens meurtres survenus en 1957 dans le camp chrétien isolé d’Alpine Lake, elle qui recevra également un appel de sa mère, laquelle, à l’époque des crimes, faisait elle aussi d’inquiétants rêves. Avec son frère et un ami, Gwen se rendra ainsi sur les lieux – alors qu’une tempête de neige historique s’abat sur le Colorado – pour tenter de comprendre l’origine de ses visions. Le passé ne tardera dès lors pas à ressurgir, brouillant les frontières, glaciales et surnaturelles, entre cauchemar et réalité.
Vous l’aurez compris : "Black Phone 2" joue sur deux temporalités différentes, entre passé et présent, tandis que les fantômes des victimes referont surface et que "l’Attrapeur" cherchera à se venger de Finney. Scott Derrickson ressort alors ses caméras Super 8 pour filmer sur pellicule les cauchemars et rêves prémonitoires de Gwen : des séquences fantasmagoriques et granuleuses, visuellement saisissantes, agrémentées d’une musique glauque qui l’est tout autant, inspirée du black metal norvégien et signée Atticus Derrickson, le fils du réalisateur. Pourtant, force est de constater que ces scènes font une nouvelle fois écho à celles de son meilleur film, "Sinister" (2012), et finissent ici par lasser. Or, ce sont ces seules, et trop nombreuses, séquences qui font véritablement avancer le récit, lui qui patine donc assez vite sur la glace.
"La mort n’est qu’un mot..."
Toujours coécrit avec son fidèle collaborateur d’écriture, C. Robert Cargill, le scénario de Derrickson s’enlise alors dans sa propre mécanique. En effet, l’action ne progresse ici qu’au rythme des visions – d’abord menaçantes, puis rapidement grandiloquentes – de Gwen, alors que les esprits des anciennes victimes tentent de la guider vers leurs corps disparus, ce qui semble freiner l’emprise de "l’Attrapeur". Heureusement, le film profite de son ambiance pesante et de quelques jolies scènes fantastiques, où le personnage d’Ethan Hawke, tel un fantôme, s’en donne à cœur joie pour terroriser les vivants à la façon d’un esprit frappeur, d’un poltergeist, lesquels font pourtant déjà face à leurs cicatrices du passé. Mais cette suite finit par tourner en rond, prisonnière d’une narration répétitive et, à force, somnolente, où rêve, apparitions et réalité se confondent sans effrayer ni se répondre habilement, que ce soit au téléphone ou de vive-voix. Bref, il est temps de raccrocher le téléphone.
