Genre : Drame, thriller
Durée : 112’
Acteurs : Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen, Christophe Montenez, Fatima Adoum, Yan Tual...
Synopsis :
Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, le commandant Mohamed Bida et ses hommes assurent la sécurité de l’ambassade de France, encore ouverte. Pris au piège, le commandant Bida décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour conduire les évacués jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard.
La critique de Julien
"13 Jours, 13 Nuits", c’est la dernière collaboration à gros budget entre Pathé Films, le producteur Dimitri Rassam et le metteur en scène Martin Bourboulon, après le diptyque "Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan" et "Milady" (2023). Basé sur l’histoire vraie du Commandant Mohamed Bida, d’après son roman "13 jours, 13 nuits dans l’enfer de Kaboul" (Éditions Denoël, 2022), ce thriller nous plonge en pleine opération Apagan, soit l’exfiltration à grande ampleur des derniers ressortissants français présents en Afghanistan, alors organisée par les forces armées françaises à l’été 2021. En effet, à la suite de l’offensive généralisée par les talibans à partir du 1er mai 2021, suite au retrait des troupes américaines du pays, les dernières évacuations aériennes eurent lieu au départ de l’aéroport de Kaboul, du 15 au 27 août 2021 (jusqu’au 29 pour certaines). Ce film restitue avec intensité cette urgence, portée par des hommes et des femmes déterminés à faire fuir ceux qu’ils pouvaient encore sauver, malgré le déracinement...
Acte de courage collectif
C’est à Roschdy Zem que l’équipe du film a confié, comme une évidence, le rôle principal du film, soit celui de Mohamed Bida, dit "Mo", lequel figurait parmi les vingt dernières personnes à évacuer l’Ambassade de France, à Kaboul. Sauf que les plans ne se sont pas déroulés comme prévu, puisque les talibans ont mitraillé les hélicoptères qui devaient les exfiltrer. Le policier, alors à quinze jours de la retraite, a dès lors dû parlementer avec les talibans afin de trouver une autre solution pour leur mission d’exfiltration, tandis que la menace terroriste était d’autant plus réelle. L’acteur donne corps et âme à son personnage, entièrement dévoué à sa tâche, à la fois solide et tremblant face aux dangers et imprévus, lui qui agit non pas par héroïsme, mais avec dignité, sang-froid, détermination et courage, ce qui en fait un véritable héros. Documentés, et à l’écoute des conseils de Mohamed Bida lui-même, d’ailleurs présent sur les plateaux de tournage au Maroc, Roschdy Zem, Martin Bourboulon et son équipe réussissent alors à faire émerger de ce récit l’humanité dont ont fait preuve Bida et tant d’autres pour sauver des vies, ou en aider d’autres à vivre libres, loin de ce qu’est (re)devenu l’Afghanistan d’aujourd’hui, où toutes les femmes ont désormais reperdu leurs droits.
Fiction et réalisme au service d’un thriller sous tension palpable
"13 Jours, 13 Nuits" se regarde dès lors comme un divertissement nerveux, lequel retranscrit avec efficacité ces longues heures d’incertitude. La reconstitution, plutôt minutieuse, participe également au rythme du métrage, tout comme le défi de la mise en scène réussit ici à rendre compte de la foule qui s’amassait aux portes de l’Ambassade de France, et surtout à l’aéroport de Kaboul, où les images télévisuelles laissaient voir des milliers d’Afghans apeurés, s’accrochant désespérément, et vainement, aux avions pour fuir le régime taliban. L’énorme travail de figuration, agrémenté d’effets spéciaux, finit par convaincre. En parallèle, le film ne passe évidemment pas à côté de quelques libertés purement cinématographiques, notamment via ses personnages secondaires, joués avec authenticité par Lyna Khoudri (une humanitaire et interprète franco-afghane) et Sidse Babett Knudsen (une journaliste américaine risquant également sa vie pour témoigner des événements), lesquels sont inspirés par diverses personnes. Le rôle de Shoaib Saïd, en chef taliban abandonnant ses fonctions, est quant à lui totalement fictif, et sert ici à appuyer l’émotion et les contradictions du peuple afghan en temps de crise, pris entre loyauté, peur et instinct de survie. Les conflits intrapersonnels au sein des forces armées, la responsabilité morale au-delà des ordres, l’aspect complexe et bureaucratique de l’exfiltration, tout comme finalement le titre même du film – son scénario ne couvre que les trois premiers jours de l’opération en question – prennent des raccourcis pour servir une narration quasi-continue, condensée, elle qui ne donne dès lors pas l’impression de s’étaler sur 13 jours, et 13 nuits. Dès lors sans temps mort, malgré ses victimes, le film de Martin Bourboulon retrace ainsi avec honnêteté, et plus ou moins de sobriété, ces heures décisives où un pays a basculé dans l’effondrement, mais duquel l’humanité, elle, n’a jamais cédé.
