Genre : Sport, drame
Durée : 155’
Acteurs : Brad Pitt, Damson Idris, Javier Bardem, Kerry Condon, Tobias Menzies, Sarah Niles, Simone Ashley...
Synopsis :
Sonny Hayes était le prodige de la F1 des années 90 jusqu’à son terrible accident. Trente ans plus tard, alors qu’il est devenu un pilote indépendant, il est contacté par son ancien coéquipier Ruben Cervantes, patron d’une écurie de F1 au bord de la faillite. Ruben convainc Sonny de faire son grand retour sur le circuit pour tenter de sauver l’écurie et montrer qu’il est le meilleur pilote du monde. Il aura pour coéquipier Joshua Pearce, diamant brut sans limite qui compte s’imposer comme le numéro 1. Mais très vite, Sonny est rattrapé par son passé. Il découvre alors qu’en Formule 1, son coéquipier est son plus redoutable rival, que le danger est partout, et qu’il peut y laisser sa vie.
La critique de Julien
Parmi les films les plus attendus de l’année - et redoutés par l’industrie - figure sans conteste "F1 le Film" de Joseph Kosinski, à qui l’on doit notamment le triomphal "Top Gun : Maverick" (2022). Après Tom Cruise, le cinéaste s’associe cette fois à une autre icône du cinéma hollywoodien : Brad Pitt, lequel "vole" tout autant ici que son homologue "d’Entretien avec un Vampire" (Neil Jordan, 1993), même si ce n’est pas dans les airs, mais bien sur l’asphalte des circuits. En effet, à 61 ans, l’acteur incarne Sonny Hayes, ancien prodige de la Formule 1, dont la carrière a été brisée par un accident en 1993. Devenu un nomade ruiné, accro aux jeux d’argent et marqué par une série d’échecs personnels, celui-ci refera surface en remportant les 24 Heures de Daytona 2023, lors d’un one-shot. Ce coup de poker lui vaudra alors une proposition pour le moins inattendue : son ancien coéquipier, Ruben Cervantes (Javier Bardem), patron de l’écurie APXGP, lui offrira un retour en F1. L’objectif est alors de sauver l’écurie de la faillite en remportant l’un des neuf derniers Grands Prix de la saison. Hayes acceptera, non pas pour une question d’argent, mais pour se venger de la piste et pour ressusciter les sensations jadis ressenties depuis le cockpit d’une F1 lancée à toute vitesse. Il devra toutefois faire équipe avec l’ambitieux - et arrogant - débutant britannique Joshua Pearce (Damson Idris), en qui tous les espoirs sont placés...
La première place du podium ou rien
Coproduit par Apple Studios, "F1 le Film" représente un immense challenge pour le cinéma : c’est l’une des rares œuvres originales de l’été à oser se lancer face aux suites, films de super-héros et adaptations. C’est donc un pari risqué pour Apple, en quête d’un succès en salles après les échecs de "Killers of the Flower Moon" (Martin Scorsese, 2023), "Napoléon" (Ridley Scott, 2023), "Argylle" (Matthew Vaughn, 2024) ou encore de "To the Moon" (Greg Berlanti, 2024) – bien que ces films aient trouvé une seconde vie sur Apple TV+. Or, celui-ci est un défi d’autant plus que "F1 le Film" a des comptes à rendre au monde de la F1, dont à Lewis Hamilton, coproducteur du film. Ce dernier y joue d’ailleurs le jeu, au même titre que d’autres champions de F1 (comme Fernando Alonso et Max Verstappen) et visages emblématiques de la discipline. Tourné lors de plusieurs Grands Prix allant de Silverstone à Monza, en passant par Abu Dhabi et même Spa-Francorchamps (quelle fierté !), le film de Joseph Kosinski s’impose-t-il dès lors comme LE vrai divertissement attendu par les spectateurs (néophytes ou non), ou est-il (trop) dans la démonstration technique ?
Rouler des mécaniques, mais avec Brad Pitt
Comme attendu, "F1 le Film" repousse bien les limites de l’immersion cinématographique en matière de Formule 1. Grâce à des caméras motorisées et intégrées au cockpit des monoplaces offrant des plans sensationnels via des mouvements panoramiques à 180°, ou à une image d’une netteté spectaculaire tournée en IMAX, le film nous propulse en mode turbo dans l’empire médiatique de la F1. Et bien qu’ils n’aient participé à aucune course, Brad Pitt et Damson Idris ont cependant piloté de vraies F2 modifiées, tandis que les équipes de tournage ont filmé des scènes de course à horaire décalé sur les plus grands circuits du monde lors de championnats, alors que les scènes en caméra embarquée face aux pilotes sont le fruit d’effets spéciaux de postproduction, et de simulateurs. Mais au-delà de l’immersion visuelle et du réalisme bluffant de certaines scènes de course, le film trouve une autre véritable trajectoire dans la relation entre ses deux pilotes, et dans ce qu’elle dit de l’humain derrière la machine...
Rédemption qui met les gaz
Domaine aux retombées économiques et géopolitiques colossales, la Formule 1 est un univers où s’entremêlent innovations technologiques, puissance industrielle et culte de l’extrême (vitesse, précision, risque et compétitivité). Mais "F1 le Film", lui, ne se limite pas à cela : il raconte avant tout une histoire de résilience, de discipline et de transmission, au cœur du rapport tendu entre Sonny Hayes, pilote déchu, et le jeune Joshua Pearce, campé par Damson Idris, en tête brûlée montante, convaincant dans ce rôle de rival effronté. Autour d’eux gravitent alors des personnages secondaires bien campés : Javier Bardem incarne Ruben Cervantes, propriétaire de l’équipe APXGP et ancien coéquipier de Hayes chez Lotus, tiraillé par la peur de perdre son écurie face à des investisseurs impitoyables. Kerry Condon, elle, joue la directrice technique de l’équipe, impliquée dans une romance impossible avec Hayes, lui-même incarné par un Brad Pitt toujours aussi charismatique. L’acteur donne chair à un personnage de pilote solitaire, instable, libre comme l’air, et rattrapé par une opportunité qui pourrait bien bouleverser à nouveau le cours de son existence. Le casting sert dès lors des personnages relativement bien dessinés, sans grande originalité, mais qui parviennent à exister face aux bolides. Quant au scénario d’Ehren Kruger, bien que reposant sur une structure classique - celle du champion brisé en quête de rédemption et autre passage de flambeau - et quelques facilités scénaristiques (les puristes de F1 risquent parfois de ricaner), celui-ci ne faiblit jamais, porté par le montage énergique de Stephen Mirrione et la mise en scène nerveuse de Kosinski, rythmée par les compétitions, et non pas par la composition originale d’Hans Zimmer, quasi absente. Heureusement, la bande-son commerciale vrombissante, où résonnent les voix de Don Toliver et Doja Cat sur le titre "Lose My Mind", de Rosé sur "Messy", de Tate McRae avec "Just Keep Watching" ou encore Ed Sheeran sur le bien nommé "Drive", est un pur plaisir pour les oreilles, qui plus est amplifié par l’intensité sonore de l’expérience IMAX, au même titre que le mixage sonore, lors des scènes de courses. Un film que l’on vous conseille donc de voir dans les meilleures conditions possibles, pour profiter de l’honnête et généreux spectacle qu’il offre.