Genre : Action, thriller
Durée : 125’
Acteurs : Ana de Armas, Keanu Reeves, Ian McShane, Lance Reddick, Anjelica Huston, Norman Reedus, Catalina Sandino Moreno, Gabriel Byrne...
Synopsis :
Se déroulant pendant John Wick : Parabellum, Ballerina suit la vengeance implacable d’Eve Macarro, la nouvelle tueuse de l’organisation Ruska Roma.
La critique de Julien
Après la série dérivée Amazon Prime "The Continental : From the World of John Wick" (2023), dans laquelle on découvrait comment Winston (joué dans les films par Ian McShane) était devenu le célèbre propriétaire de l’hôtel new-yorkais du même nom, l’univers "John Wick" continue de s’étoffer - cette fois-ci sur grand écran. Les producteurs espèrent ainsi exploiter davantage la poule aux œufs d’or que représente la saga, mais sans forcément se reposer uniquement sur les épaules du personnage de Keanu Reeves. C’est ainsi que sort en salles "Ballerina", dans lequel Ana de Armas incarne une Ruska Roma bien décidée à venger les assassins de son père...
Première – et dernière ? – danse compliquée pour Ballerina
Efficace mais terriblement artificiel, "Ballerina" est réalisé par le mal-aimé Len Wiseman, auquel on doit notamment les deux premiers épisodes de la franchise "Underworld" (2003 et 2006), "Die Hard 4" (2007) ou encore le remake de "Total Recall" (2012). Rien de très rassurant, d’autant plus que Chad Stahelski, aux commandes des quatre films "John Wick", a cette fois cédé sa place. Sauf qu’il a finalement repris les rênes d’un projet en perdition, afin de s’assurer que le film corresponde à sa vision, lui qui en est producteur. En effet, tandis que le tournage avait commencé en novembre 2022 à Prague, et que sa postproduction débutait en février 2023, Chad Stahelski, semble-t-il insatisfait du travail de Wiseman, aurait procédé au tournage de nouvelles scènes, accentuant l’image d’une franchise de plus en plus boursouflée après l’épuisant et excessif "John Wick : Chapitre 4" (2023) et la série évoquée plus haut. D’après The Wrap, Stahelski aurait supervisé deux à trois mois de reprises, en l’absence de Wiseman sur le plateau. Cette information fut toutefois démentie par les deux intéressés, qui parlent plutôt de deux semaines de tournage additionnel à Budapest. Le comédien Ian McShane affirmait même en 2024, sur le plateau de l’émission The One Show, qu’il n’était pas question de reshoots, mais de "nouvelles séquences", avec pour justification la volonté de "protéger la franchise". Quoi qu’il en soit, le résultat, dans les clous (de cercueil) de la franchise, amuse autant qu’il déroute.
Une mythologie avec du plomb dans l’aile
Ce n’est pas pour son intrigue ultra-balisée que l’on se rendra en salles pour voir "Ballerina". Loin d’être aussi fine que le tissu d’un tutu, cette histoire de vengeance linéaire ne dépasse jamais son postulat de départ. On s’ennuierait d’ailleurs presque devant ce film s’il n’était pas agrémenté de scènes d’action portées par l’ADN John Wick, alors chorégraphiées avec inventivité et violence exacerbée, tandis que l’esthétique rappelle évidemment celle des films de Chad Stahelski. Le dernier acte, bien que plombé par certaines idées racoleuses, est d’ailleurs ce qu’offre de mieux le film aux fan(atiques) de la saga. On salue ainsi la longue course-poursuite finale, avec ses idées de mise en scène quelque peu jouissives à mesure qu’Eve Macarro, alias Ballerina, utilise tout ce qu’elle trouve à portée de main - y compris un lance-flammes - pour se défendre. Cette séquence, tournée dans les décors d’un petit village autrichien, demeure cette fois-ci le clou du spectacle. Mais on regrette que le film mette autant de temps à s’élancer, sans compter sur la décevante écriture du personnage d’Ana de Armas. L’actrice hispano-cubaine peine ainsi à exister au-delà de sa présence physique imposante, dans le costume d’une meurtrière (malgré elle) qui cherche à tout prix à éliminer les assassins caricaturaux de son père, dans un monde dominé par les hommes, elle que rien ni personne – ni même John Wick – ne semble pouvoir arrêter. Malheureusement, ni les caméos inutiles ni les clins d’œil codifiés ne suffisent à sauver ce spin-off qui court dans l’ombre de son modèle. En d’autres termes, le film de Len Wiseman (et Chad Stahelski, en coulisses) n’apporte pas grand-chose de fondamental à l’univers "John Wick". Il recycle plutôt les mêmes gimmicks et artifices, sans trouver ni personnalité ni souffle pour se justifier. N’est pas John Wick qui veut...