Genre : Film d’animation
Durée : 98’
Acteurs : Yonas Kibreab, Zoe Saldana, Jameela Jamil, Brad Garrett, Shirley Henderson...
Synopsis :
Elio, un garçon à l’imagination débordante et passionné par les extraterrestres, se retrouve téléporté par inadvertance dans le Communiverse, un paradis interplanétaire abritant des formes de vie intelligentes venues des galaxies les plus lointaines. Pris à tort pour l’ambassadeur de la Terre par cette organisation intergalactique, Elio devra surmonter une série d’épreuves inattendues, nouer des liens avec des créatures excentriques et faire face à une crise d’une ampleur cosmique. Cette aventure hors du commun l’amènera non seulement à défendre sa planète mais aussi à découvrir qui il est réellement destiné à être.
La critique de Julien
Même s’ils profitent joyeusement de l’énorme succès rencontré par "Vice-Versa 2" (Kelsey Mann, 2024), les temps restent difficiles pour les studios Pixar, qui peinent à retrouver de leur superbe, notamment depuis la crise sanitaire de 2020. Après "En Avant !" (Dan Scanlon, 2020), sorti quelques jours avant le début de la pandémie, et les sorties uniquement sur Disney+ de leurs films "Soul" (Pete Docter, 2020), "Luca" (Enrico Casarosa, 2021) et "Alerte Rouge" (Domee Shi, 2022), les studios Pixar avaient pourtant misé haut pour leur retour sur les écrans des salles de cinéma du monde entier, avec le spin-off de l’univers de "Toy Story", "Buzz l’Éclair" (Angus MacLane, 2022). Sauf que ce dernier s’est soldé par un violent échec au box-office, tandis que "Élémentaire" (Peter Sohn, 2023), bien parti pour suivre le même chemin, a finalement profité d’un étonnant bouche-à-oreille mondial, pour devenir ainsi rentable. Ce fut donc un "ouf" de soulagement pour les studios, jusqu’à ce qu’ils reprennent leur envol pour l’espace avec leur 29ᵉ métrage, "Elio", désormais dans nos salles, et voué malgré lui à l’échec cosmique...
S.O.S. d’un terrien en détresse
Cela faisait longtemps qu’on attendait ce film d’animation. Effectivement, "Elio" était initialement prévu pour l’année dernière dans les salles, avant d’être décalé suite, d’une part, à la grève SAG-AFTRA 2023 et, d’autre part, au départ du projet de son réalisateur Adrian Molina, parti entre-temps sur la suite de "Coco" (2017), toujours aux côtés de Lee Unkrich, tout en restant ici crédité en tant que réalisateur, en compagnie de ses successeuses, Domee Shi et Madeline Sharafian. "Elio" raconte alors l’histoire d’un jeune garçon de onze ans, recueilli par sa tante après la mort de ses parents, et qui a du mal à s’intégrer. Or, celle-ci a renoncé à son rêve de devenir astronaute pour l’élever. De fait, il croit ne pas être aimé d’elle... Alors qu’Elio est émerveillé depuis qu’il est tout petit par l’idée de découvrir une autre forme de vie dans l’espace, l’une d’elles finira alors par indirectement lui répondre. Il deviendra alors accidentellement l’ambassadeur intergalactique de la planète Terre après avoir été téléporté dans le Communiverse. Bien qu’il y ait erreur sur la personne, Elio aura pour mission de calmer les ardeurs d’un chef de guerre rejeté, lequel menace de s’emparer par la force du Communiverse...
Sommes-nous seuls dans l’univers ?
Sans surprise, "Elio" est une tendre aventure familiale évoquant la difficulté de trouver sa place dans un monde où l’on manque de repères, ici à la suite d’une perte tragique. L’histoire de ce petit garçon en manque d’acceptation de soi et d’affection touche alors en plein cœur, bien que sa situation — aussi injuste soit-elle — ne nous permette pas facilement de nous mettre à sa place. Autrement dit, le film devrait davantage parler au jeune public pour sa lecture au premier degré, étant donné ses innombrables péripéties, ainsi que l’histoire d’amitié qu’il met en place avec un extraterrestre vermiforme du nom de Glordon, lequel a d’autres projets que ceux qui lui sont destinés. Cependant, la question existentielle que se pose l’humain depuis la nuit des temps quant à sa solitude universelle trouve ici une profonde réponse aussi poétique que symbolique, au travers du parcours d’Elio. En effet, il comprendra qu’il n’a pas besoin de l’immensité de l’univers pour être compris et aimé tel qu’il est, et que sa place est bien sur Terre, notamment avec sa tante. Aussi, l’univers coloré et fantaisiste du Communiverse, avec ses créatures extraterrestres au design inventif, ses couleurs translucides et luminescentes, témoigne d’une richesse visuelle qui devrait satisfaire les yeux des spectateurs.
Elio, un orphelin délaissé sur Terre par les spectateurs ?
Bien que rythmé et authentique dans le traitement de ses messages, "Elio" n’a malheureusement pas les épaules assez larges pour sortir pleinement du lot des productions Pixar originales. Certes, on se laisse porter par ses qualités et la personnalité attachante de son protagoniste, mais l’ensemble ne reflète pas la différence que porte, au contraire en lui, ce dernier. Ainsi, même si l’idée de trouver des réponses auprès d’autres formes de vie est séduisante — témoignant au passage d’une forme de tolérance —, "Elio" reste en surface des choses, et manque de force dans son développement narratif, où l’aventure prend le pas sur l’émotion. À vrai dire, le résultat est assez attendu, et ne sort jamais des lignes de son synopsis. Aussi, après un récent détour par l’espace avec "Buzz l’Éclair" (Angus MacLane, 2022), on aurait sans doute préféré que Pixar pose pleinement ses valises sur le plancher des vaches, tandis que les notes de musique de Rob Simonsen ne trouvent pas d’écho dans les étoiles. Voilà qui ne devrait pas aider "Elio" et ses investisseurs à garder la tête dans les étoiles, tandis qu’il vient de réaliser le pire démarrage de l’Histoire pour un Disney/Pixar aux États-Unis avec seulement 21 millions de dollars de recettes lors de son premier week-end d’exploitation, et seulement 14 autres à l’international. Un résultat catastrophique virant au trou noir, compte tenu de son budget de production de 150 millions de dollars (sans compter celui de sa promotion). Espérons maintenant que les familles trouvent le chemin des salles de cinéma pour découvrir l’histoire d’Elio, laquelle ne démérite pas, sans être un classique instantané, tel que l’était devenu, par exemple, "Coco" (2017). Et si le réalisateur Adrian Molina, initialement sur le projet, l’avait compris dès le départ, abandonnant dès lors le vaisseau spatial pour retrouver les guitares de Miguel Rivera ?