Genre : Comédie horrifique
Durée : 95’
Acteurs : Tatiana Maslany, Christian Convery, Colin O’Brien, Rohan Campbell, Sarah Levy, Adam Scott, Elijah Wood...
Synopsis :
Hal et Bill sont frères jumeaux. Un jour, alors qu’ils font du rangement dans le grenier, ils tombent par hasard sur un vieux jouet de leur père : un singe frappant des cymbales. Peu après, ils commencent à être témoins d’une série de morts horribles liées au jouet. Ils décident alors de s’en débarrasser et poursuivent des chemins séparément. Cependant, d’autres personnes meurent. Les deux frères vont alors être obligés de se réconcilier pour stopper définitivement le jouet maléfique.
La critique de Julien
Il y a quelques mois, le réalisateur Osgood "Oz" Perkins connaissait un énorme succès (mérité) avec son thriller surnaturel "Longlegs" (2024), avec un inquiétant Nicolas Cage. Doté d’un budget de production de moins de 10 millions de dollars, son film en avait alors rapporté près de 130 dans le monde, soit un joli pactole. Fils aîné de l’acteur Anthony Perkins, notamment vu dans le rôle de Norman Bates dans le film "Psychose" (1960) d’Alfred Hitchcock et ses suites, Osgood Perkins est déjà de retour dans nos salles avec un cinquième métrage intitulé "The Monkey", d’après la nouvelle du même nom de Stephen King, publiée en 1980. Dans celle-ci, un singe mécanique, en apparence cassé, refaisait surface bien des années après avoir terrorisé un certain Hal Shelburn lorsqu’il était gamin. En effet, ses deux fils remettaient la main dessus, depuis le grenier de la maison familiale, Hal ayant pourtant tout fait pour essayer de s’en défaire. Il n’en fallut dès lors pas plus pour qu’Hal se rappelle le sourire grimaçant du singe, lequel avait répandu la mort et le malheur dans son entourage après avoir tapé de ses cymbales. Ici, place à un tambour, le projet étant arrivé entre les mains d’Osgood Perkins. Produit par le maître de l’horreur James Wan sous sa bannière Atomic Monster, "The Monkey" débarque dans nos salles avec la promesse d’une comédie horrifique vendue par sa promotion. Alors, pari tenu, ou beaucoup de bruit pour rien ?
Singe savant, mort(s) au tournant
Alors que les droits de la nouvelle appartenaient au départ au metteur en scène Frank Darabont, lequel, après son glaçant "The Mist" (2007), espérait pouvoir l’adapter pour le cinéma (sans jamais y parvenir), "The Monkey" prend forcément quelques libertés quant à l’histoire originale. Celle-ci centre alors son intrigue autour de deux jeunes jumeaux adolescents vivant avec leur mère (Tatiana Maslany), et ayant découvert, dans les affaires de leur père disparu, un singe mécanique "presque en vie", d’après les mots écrits sur la boîte qui le contenait, lequel se met à jouer du tambour lorsqu’on remonte la clé située à son dos, ce que l’un des deux frangins actionnera. Sauf que leur baby-sitter mourra quelques instants plus tard, assez brutalement, devant leurs yeux lors d’une sortie dans un restaurant japonais. Et si le singe en était responsable ? Du moins, c’est ce que soupçonnera le plus jeune des deux frères, d’ailleurs harcelé par "aîné"...
On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace
Avec "The Monkey", Osgood Perkins répond à sa manière au côté parfois aléatoire et insensé de la mort, et à la fatalité de la vie. Le cinéaste se déchaîne dès lors ici comme jamais et ne ménage pas les morts atroces et macabres au sein de son intrigue, laquelle s’étale sur vingt-cinq ans, tandis que l’acteur de la série "The White Lotus", Theo James, incarne (mollement) les deux jumeaux à l’âge adulte. Ici, toute subtilité est donc intentionnellement évitée au contraire de l’absurdité. Son film déverse alors des litres de faux sang à mesure que des personnes y meurent sans aucune explication, si ce n’est peut-être à cause de la soi-disant malédiction qui entoure le singe en question, lequel ne donne - en tout cas - pas envie de jouer avec lui. Par ce biais, Perkins traite également des liens familiaux instables, de la paternité manquée, ou de la personnification que l’on peut se faire d’événements qui nous touchent, ou même du chagrin, sans pour autant que cela ait une quelconque explication, ni de lien avec nous. Car tôt ou tard, tout le monde meurt !
Singe macabre, horreur stylée et maladresse
Irrévérencieux et grandiloquent, "The Monkey" est bien la comédie horrifique qu’on attendait, laquelle se moque gentiment de la mort pour la provoquer. Sauf que le budget de production du film ne lui permet pas d’assumer pleinement son parti-pris, la plupart des effets visuels faisant tache dans la mare de sang, tandis qu’on a vite fait le tour de celle-ci. En effet, le film perd en efficacité à force de toujours jouer sur le même ton, sans jamais relever la part dramatique des événements. Car on ne s’attache finalement jamais au personnage principal, traumatisé par ce qu’il a vécu durant son enfance, et aujourd’hui isolé des siens par peur que le singe ne réapparaisse, et ne tue à nouveau. Bref, on salue le joli pied de nez d’Osgood Perkins fait à l’œuvre de Stephen King, même si l’ensemble manque ici encore de relief et de tenue, malgré une mise en scène et une photographie rétro très plaisantes. Peut-être saisira-t-il l’occasion de s’améliorer avec son prochain film d’horreur "Keeper", déjà prévu pour la fin d’année aux États-Unis ? C’est ce qu’on lui (nous) souhaite.