Genre : Aventure, comédie, film familial
Durée : 106’
Acteurs : Ben Whishaw, Hugh Bonneville, Olivia Colman, Antonio Banderas, Emily Mortimer, Julie Walters, Jim Broadbent, Imelda Staunton...
Synopsis :
Alors que Paddington rend visite à sa tante Lucy bien-aimée, qui réside désormais à la Maison des ours retraités, la famille Brown et notre ours préféré plongent dans un voyage inattendu et plein de mystères, à travers la forêt amazonienne et jusqu’aux sommets des montagnes du Pérou.
La critique de Julien
Onze ans après une première aventure, et huit depuis sa seconde, le plus inoffensif, british et bien élevé des ours, alias Paddington, est de retour au cinéma ! Et après avoir serpenté les rues londoniennes lors de ses précédents événements et trouvé refuge chez la famille Brown, le plus anglophone des ursidés se rendra cette fois-ci au Pérou, afin de rendre visite à tante Lucy, dans sa maison de retraite, à qui il manque. Accompagné de sa famille de cœur, l’inconditionnel de marmelade apprendra pourtant sur place que sa chère tante a disparu, laissant derrière elle ses lunettes et son bracelet. Impossible dès lors de rester les bras croisés, Paddington se lançant avec les siens sur ses traces. Et c’est par ce biais que l’adorable ours, toujours aussi savoureusement doublé en version française par Guillaume Gallienne, en découvrira sur ses origines, non loin de la cité perdue et mythique d’El Dorado, elle qui contiendrait tout l’or offert par l’Empire inca aux esprits de la jungle...
Créé en 1958 par l’écrivain anglais Michael Bond, Paddington a déjà été porté à deux reprises au cinéma, dans des aventures à la fois familiales, charmantes, bienveillantes et fantaisistes, et qu’avait alors été réalisées Paul King. Cependant, ce dernier a préféré laisser ici sa place, trop occupé par son "Wonka" (2023). C’est ici le cinéaste Dougal Wilson qui lui succède, non sans responsabilités, lequel signe d’ailleurs sa première réalisation pour le cinéma, après notamment plusieurs publicités, clips musicaux et courts-métrages. Et autant dire qu’inviter l’ours à prendre part à un voyage initiatique a ici du bon, comme du moins bon. Et commençons d’abord par le positif, avec l’efficacité de l’intrigue, permettant sans cesse à ses personnages d’être en mouvement et de traverser ainsi de nombreux décors sauvages, donnant ainsi à suivre une aventure à la fois trépidante et visuellement réussie. Paddington apprendra ainsi à embrasser les risques, lequel était déjà pourtant habitué à s’attirer des ennuis, mais toujours de manière innocente. Le second degré est dès lors au rendez-vous, et la cocasserie qui va avec. De plus, cette histoire, co-imaginée par Paul King, est également une manière d’unir définitivement le petit ours chétif et valeureux avec sa famille d’accueil, pour une petite dose d’émotions et de bienveillance bienvenues, allant de pair avec l’œuvre Michael Bond. Aussi, toujours affublé de son duffle-coat bleu et de son chapeau rouge, Paddington a, une nouvelle fois, été réalisé par le studio britannique d’effets visuels et d’animation Framestore, basé sur Chancery Lane, à Londres. Or, le résultat est toujours aussi bluffant de réalisme, d’expression et de beauté. On aurait d’ailleurs parfois l’impression de voir un vrai ours à l’image, tandis que l’action, elle, s’avère également impressionnante (à son échelle). Qu’à cela ne tienne, le départ de Paul King à la réalisation et au scénario se fait ici douloureusement ressentir...
Écrit à trois mains, le scénario de "Paddington au Pérou" ne se révèle malheureusement pas aussi fin et soigné que celui de ses prédécesseurs, accusant ainsi d’innombrables facilités scénaristiques au sein de son aventure, ainsi qu’une large palette de personnages secondaires et stéréotypés, et dès lors peu intéressants. Ces derniers, dont Olivia Colman en Révérende Mère et Antonio Banderas en chasseur de trésors, tentent alors d’amuser la galerie, mais sans arriver, par exemple, à la cheville de l’irrésistible excentricité d’un Phoenix Buchanan, joué dans le précédent volet par Hugh Grant, osant alors se moquer, avec beaucoup de dérision, de sa propre (ex-)image. Le film de Dougal Wilson manque également d’éclat et d’imagination, sans qu’on y trouve ainsi une séquence digne de ce nom, comme celle filmée à la façon d’un pop-up, dans "Paddington 2" (2017), au travers de laquelle - souvenez-vous - Paddington faisait virtuellement visiter Londres à sa tante Lucy au fil des pages d’un tel livre, desquelles, en les feuilletant, faisant surgir des développements en volumes. En matière de mise en scène, Dougal Wilson nous offre alors un spectacle familial plus formaté, divertissant, voire parfois téméraire, lui qui n’a, certes, pas à rougir de honte vis-à-vis de ses aînés, mais qui ne joue définitivement pas dans la même cour. Plus sommaire, moins enchanteur et british dans la peau, et cela malgré sa douceur et une dernière partie rehaussant le goût de cette nouvelle cuvée de marmelade, "Paddington au Pérou" en a moins sous le chapeau que Paddington en a, lui, de sandwichs à la marmelade...