Genre : Romance, comédie dramatique
Durée : 108’
Acteurs : Andrew Garfield, Florence Pugh, Adam James, Marama Corlett...
Synopsis :
Une cheffe prometteuse et un jeune divorcé voient leur vie changée à jamais lorsqu’une rencontre fortuite les réunit dans une histoire d’amour qui s’étend sur une décennie.
La critique de Julien
S’il y avait bien une romance qu’on attendait, c’était "L’Amour au Présent" ("We Live in Time" en version originale). Car en plus d’être dirigé par l’homme de théâtre et metteur en scène irlandais John Crowley, auquel on doit "Brooklyn" (2015) ou, plus récemment encore, son adaptation du "Chardonneret (The Goldfinch)" (2019), ce métrage est l’occasion rêvée de voir à l’écran un couple glamour d’acteurs particulièrement talentueux et charmants, à savoir Florence Pugh et Andrew Garfield. Un argument de taille (vous nous direz), et (nous) de qualité, lesquels partagent ainsi l’affiche de cette romance mélodramatique racontée aussi bien au passé qu’au présent, et donc par le prise d’une mise en scène non linéaire. Un parti-pris qui pourrait, d’une part, perturber plus d’un spectateur, étant donné que l’intrigue révèle d’entrée de jeu les défis et obstacles auxquels ont du/vont devoir faire face Tobias (Garfield) et Almut (Pugh) dans leur quotidien, et, d’autre part, empêcher l’émotion d’émerger. Pourtant, force est de constater que "L’Amour au Présent" parvient à nous toucher à contre-courant...
Alors qu’il révélait Andrew Garfield aux yeux du monde dans son second film "Boy A" (2007), John Crowley porte ainsi au travers de son film le scénario du dramaturge britannique Nick Payne, lequel n’a d’autre prétention que de raconter l’histoire de vie d’un couple, et cela de leur rencontre (accidentelle) à la construction de leur foyer et de leur famille, parallèlement à leur carrière professionnelle, tandis qu’un événement malheureusement viendra perturber leurs projets. Car c’est ici une terrible fatalité qui viendra compromettre la vie qu’ils avaient commencée à dessiner, ensemble, défiée ainsi par les limites du temps qui leur reste à vivre, ensemble. Étendant son intrigue sur dix ans, "L’Amour au Présent" nous parle ainsi des complexes choix de vie motivés par celle-ci, lorsqu’elle a décidée de choisir pour nous - et plus tôt que prévu - notre issue. Que ça soit ainsi par peur de l’oubli, par quête de réalisation de sa personne, par fierté, par amour ou par résilience, le film est une très belle métaphore de la soif de respirer qui habite tout humain tant qu’il le peut encore, nous confrontant ainsi au combat du quotidien et à l’importance de chérir chaque instant, comme s’il s’agissait du dernier, tout en laissant, derrière nous, une empreinte aux êtres aimés. Ainsi, si cette histoire d’amour défie le temps, c’est pour mieux défier la vie, et en souligner son importance, et dès lors tous les bonheurs qu’elle peut nous apporter au quotidien, malgré l’inéluctable...
Si le temps se raccourcit ainsi à l’écran pour Tobias et Almut, l’alchimie entre leurs interprètes, elle, ne fait qu’y grandir, lesquels sont respectivement joués par Andrew Garfield et Florence Pugh, particulièrement beaux et justes. Sans chercher à nous arracher les larmes, les acteurs embellissent sans cesse leurs personnages et leur union, faisant de chacun de leurs moments un instant unique, résumant souvent, à eux seuls, la vie, avec toutes les émotions qui vont avec. Et bien que le film, lui, ne raconte pas en soi une histoire des plus originales, son procédé narratif, osé pour ce qu’il a à nous raconter, soit la vie et son caractère - de prime abord - fondamentalement chronologique, permet justement à l’existence qu’il porte de nous marquer à la fois au présent, et au futur, guidant, à sa modeste mesure, nos propres vies...