Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Barry Jenkins
Mufasa : le Roi Lion
Sortie du film le 18 décembre 2024
Article mis en ligne le 24 décembre 2024

par Julien Brnl

Genre : Animation, familial

Durée : 117’

Acteurs : Tahar Rahim, Gwendal Marimoutou, Jamel Debbouze, Alban Ivanov, Daniel Kamwa, Rayane Bensetti, Daniel Njo Lobé, Anne Sila, Aurélie Konaté...

Synopsis :
Rafiki raconte la légende de Mufasa à Kiara, la jeune lionne, fille de Simba et Nala, avec Timon et Pumbaa qui lui prêtent leur voix. Racontée en flashbacks, l’histoire présente Mufasa comme un lionceau orphelin, perdu et seul jusqu’à ce qu’il rencontre un lion sympathique nommé Taka, l’héritier d’une lignée royale. Cette rencontre fortuite déclenche le voyage d’un groupe extraordinaire de marginaux en quête de leur destin. Leurs liens seront mis à l’épreuve alors qu’ils travailleront ensemble pour échapper à un ennemi menaçant et mortel.

La critique de Julien

Le cycle de la vie de Disney est-il voué à revisiter ses grands classiques ou à leur donner faussement suite ? Ainsi, rien que du côté des adaptations en live-action de ses incontournables, on se souvient, en 2010, de "Alice au Pays des Merveilles" réalisé par Tim Burton, lequel avait remporté la considérable somme un 1,025 milliard de dollars à travers le monde, avant de connaître une suite, "Alice de l’Autre Côté du Miroir" (James Bobin, 2016), laquelle avait nettement moins convaincu, avec un peu plus du quart des recettes mondiales de son prédécesseur, tout en étant tous les deux adaptés de l’œuvre de Lewis Carroll (respectivement sortis en 1865 et 1871). Dans la même veine que "Le Livre de la Jungle" de Jon Favreau (2016), les studios aux grandes oreilles avaient recyclé "Le Roi Lion" (2019), également réalisé par Favreau, ayant connu un succès triomphal avec plus de 1,662 milliard de dollars de recette dans le monde, et inscrit dès lors, tel un roi, sur le trône de ses adaptations. Il n’en fallut pas plus à Disney pour se lancer dans un nouveau projet d’estime en Terre des Lions, prolongeant ainsi les histoires de Simba et de Nala. Ou du moins indirectement. Dédié à James Earl Jones, décédé cette année-ci, lequel prêtait jusque-là sa voix à Mufasa, cette - à la fois - origin-story et antésuite a pour ainsi dire la lourde tâche de succéder, tel Simba, à son prédécesseur. Mais un bon point pour elle est d’être une histoire originale, bien que forcément inscrite dans l’univers que l’on connaît tous, et dans nos cœurs de grands enfants... Dès lors, le lion va-t-il (re)naître en cette fin d’année ?

Réalisé par Barry Jenkins, oscarisé pour "Moonlight" (2016), cette aventure ultra photoréaliste plante son décor quelque temps après les événements du premier film, alors que Simba et Nala sont parents d’une petite lioncelle nommée Kiara, et se dirigent vers une oasis afin que Nala puisse mettre bas, tandis qu’ils ont demandé à leurs amis Timon et Pumbaa (quelle idée) de veiller sur Kiara, le temps de leur absence. Mais entendant ces derniers raconter des bêtises sur leur oncle Scar à Kiara, Rafiki les rejoindra pour raconter à Kiara la vérité, soit l’histoire de son grand-père, Mufasa, et de son grand-oncle, connu, à l’époque, sous le nom de Taka...

Qu’on se le dise, "Mufasa : le Roi Lion" est un joyau visuel de chaque instant, donnant à voir des prises de vue plus vraies de nature, et où les détails et expressions des animaux étonnent par leur réalisme, et précision. La manière dont Barry Jenkins orchestre cette histoire offre d’ailleurs ses séquences absolument sublimes et très dynamiques, et même quelques plans techniquement inédits, notamment lorsque Mufasa et Taka, enfants, traversent la savane, et chantent leur fratrie, avec une caméra donnant notamment l’impression d’être posée devant leurs gueules, lorsqu’ils courent, ou encore en caméra embarquée. Virtuose, l’animation est ainsi à voir ici sur le plus grand des écrans possibles, et en IMAX, pour encore plus d’immersion. De plus, "Mufasa : le Roi Lion" fait une fois de plus rugir notre nostalgie. Ainsi, l’émotion nous gagne devant la beauté de l’ensemble, mais surtout lorsque les notes du titre "This Land" (1994) d’Hans Zimmer s’entendent, réarrangées par Dave Metzger, alors qu’est contée par Rafiki l’histoire des ancêtres de la Terre des Lions. D’ailleurs, le film n’est jamais aussi émouvant que lorsqu’il fait honneur à l’héritage du film de Roger Allers et Rob Minkoff (1994). Écrites par Lin-Manuel Miranda, à qui l’on doit, entre autres chez Disney, les musiques originales de "Vaiana" (2016) et sa suite (2024), "Encanto" (2021), "Marry Poppins Returns" (2018), les chansons de ce film, sans parvenir à éclipser celles de Tim Rice et d’Elton John, parviennent, elles, à briller, dont en version française, avec un joli doublage réalisé par Tahar Rahim et Gwendal Marimoutou, et leurs versions juvéniles, interprétées respectivement par Timéo Beasse, Sacha Tomassian, sans oublier les voix d’Aurélie Konaté et de Daniel Njo Lobé, doublant Kiros, soit l’antagoniste principal de cette intrigue. Ainsi, les titres "Milele", "Moi qui Rêvais d’avoir un Frère", "Bye Bye" ou encore "Il n’y a qu’un Roi" font leur effet, et n’ont pas à rougir de la comparaison.

Sans temps mort, "Mufasa : le Roi Lion" suit ainsi les empreintes de son aîné, sans trop s’éloigner du chemin tout tracé. D’ailleurs, le film ne prend pas beaucoup de risques, et ne vit que dans l’ombre du "Roi Lion", regardant sans cesse dans le passé, mais pour lui permettre - sans doute - de mieux embrasser le futur, et de possibles suites. Difficile alors - pour la désormais franchise - de faire honneur à tous ses personnages clefs, dont Timon et Pumbaa, ne servant ici qu’à paresseusement amuser la galerie, tandis que tout va finalement très vite quant aux origines de l’histoire de Mufasa et de son frère, Taka, et de ce qui mènera à leur querelle. En victime collatérale, la place occupée par Simba et Nala n’est dès lors que dérisoire, mais en donne cependant une autre aux rugissements de leur progéniture, Kiara. Dès lors, si la profondeur manque ici à l’appel, l’évocation, elle, est toujours aussi puissante, et les retrouvailles que l’intrigue met en place, touchantes. On se laisse dès lors emporter par ce récit, baigné par la légende, alors que les personnages tentent ici d’atteindre "Milele" ("Pour Toujours" en swahili), soit une terre de sécurité et d’abondance perpétuelles, située au point le plus éloigné, au-delà du canyon le plus profond. L’univers du "Roi Lion" et l’aura qu’il soulève en nous est donc toujours intact, tandis que la réalisation de Barry Jenkins lui rend un bel hommage, sans salir le mythe, qui vit autant en nous que Mufasa en ces personnages... Longue vie au Roi !



Mentions légales Espace privé RSS

2014-2025 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.2.1