Genre : Animation, fantastique
Durée : 130’
Acteurs : Brian Cox, Gaia Wise, Luke Pasqualino, Miranda Otto...
Synopsis :
Ce nouveau chapitre, situé 183 ans avant la trilogie du Seigneur des Anneaux, explore l’histoire de la Maison de Helm Hammerhand, roi de Rohan. Face à l’attaque soudaine de Wulf, un seigneur vengeur et cruel, Helm et son peuple se barricadent dans la forteresse de Hornburg, rebaptisée Gouffre de Helm. Dans cette lutte désespérée, Héra, la fille de Helm, doit rassembler le courage nécessaire pour diriger la résistance contre un ennemi déterminé à détruire son peuple.
La critique de Julien
La saga du "Seigneur des Anneaux" n’a pas encore rendu l’alliance. Alors que la série Amazon Prime Video "Les Anneaux de Pouvoir" a dévoilé sa seconde saison fin de l’été dernier et qu’Andy Serkis (alias Gollum) prépare un nouveau film pour 2026 situé dans l’univers de J. R. R. Tolkien, et déjà intitulé "The Hunt for Gollum", c’est sous forme d’un film animé que l’on retrouve la franchise au cinéma en cette fin d’année, avec "La Guerre des Rohirrim", empruntant esthétiquement à l’animation nippone. On y découvre alors les événements ayant conduit au changement de l’appellation de l’ancienne forteresse d’Hornburg ou de Fort-le-Cor en Gouffre de Helm, puisqu’on y suit les aventures d’Helm Hammerhand, le roi légendaire du Rohan, de ses fils et surtout de sa fille, Héra, protégeant leurs terres et leur peuple face à la vengeance d’un seigneur Dunlending aussi rusé qu’impitoyable...
Racontée par Éowyn, une future guerrière du Rohan jouée dans la première trilogie de Peter Jackson par Miranda Otto, et doublant ici son propre personnage, cette histoire déroule alors son intrigue 183 ans avant les événements contés dans "La Communauté de l’Anneau" (2001). Produit pour un budget dérisoire (au regard de ses modèles) de 30 millions de dollars par New Line et Warner Bros. Pictures, respectivement coproducteur et distributeur du film, "La Guerre des Rohirrim" est avant tout un produit marketing stratégique, d’après un article de Variety (J. Kim Murphy, 2024). En effet, celui-ci aurait été réalisé dans le but, non pas de satisfaire les fans, mais bien d’assurer à New Line de garder les droits sur la franchise, d’où son développement assez rapide. Et même s’il est bien parti pour être un échec commercial au box-office, et prouve ainsi que la marque "Seigneur des Anneaux" ne suffit plus/pas à elle seule pour vendre, "La Guerre des Rohirrim" permettra au moins aux studios de lancer en grande pompe sa nouvelle série de films exigés par le PDG de Warner, David Zaslav. On espère seulement que cette stratégie, aux visées futures, n’affaiblisse justement pas la saga...
Ayant notamment travaillé sur des adaptations animées du manga "Ghost in the Shell" ainsi que sur la série animée "Blade Runner : Black Lotus" (avec Aramaki de Shinji, 2021), le japonais Kenji Kamiyama nous livre alors un film qui ne sort dès lors pas des clous du spectacle, si ce n’est donc vis-à-vis de son esthétique. La production du film a d’ailleurs vu revenir le directeur créatif de la société d’effets spéciaux Wt Workshop, Richard Taylor, ainsi que les illustrateurs Alan Lee et John Howe. Inspiré également du travail du cinéaste Ralph Bakshi sur son film d’animation "The Lord of the Rings" (1978) et des œuvres d’Akira Kurosawa et Hayao Miyazaki, le visuel de "La Guerre des Rohirrim" est certainement une originalité bienvenue dans l’univers de la Terre du Milieu, bien que celle-ci pourrait rebuter les fans de la première heure vis-à-vis du style de Peter Jackson. Mais il faut bien reconnaître que l’animation est d’une beauté étincelante, et qu’elle permet à toute la mythologie du "Seigneur des Anneaux " de briller sous un nouveau jour, offrant dès lors un autre regard de la part du spectateur envers ce film notamment coécrit par la célèbre productrice Philippa Boyens, coscénariste des deux trilogies de Peter Jackson, lequel, lui, n’a pas été officiellement impliqué dans cet anime.
Alors que Tolkien avait donné des détails sur la mort d’Helm et de ses fils, Haleth et Hama, force est de constater que le sort de sa fille, alors anonyme, n’était pas clair. Et c’est justement sur ce point que se concentre l’histoire de ce film, en en faisant ainsi son héroïne, aussi libre que sauvage, capable de défendre son peuple et de monter à cheval comme les hommes du Rohan, malgré les contre-indications de son père, croyant davantage en la force de ses fils qu’envers celle de sa fille. Pour autant, les scénaristes de cette aventure n’en font pas une princesse de guerre, mais davantage un personnage souhaitant s’affranchir de son image et de sa condition, et prouver qu’on peut être fort et dévoué envers son peuple sans forcément être l’héritière du trône, elle qui n’est d’ailleurs aucunement intéressée par le pouvoir, mais surtout pas l’aventure. Enfin, le film développe également un autre personnage méconnu, à savoir celui de Fréaláf Hildeson, neveu d’Helm...
Dans l’absolu, "Le Seigneur des Anneaux : la Guerre des Rohirrim" se regarde donc sans déplaisir, mais ne restera qu’une parenthèse enchantée dans l’univers cinématographique de l’œuvre de Tolkien. Certes, le film ravive une touche de nostalgie quant à l’épopée fantastique que représente cet univers, mais son histoire manque cependant, sur papier, de prise de risques, en plus d’être assez prévisible et cantonnée. Bref, une sublime aventure, mais quelque peu anecdotique, et dont les aboutissants féministes sont trop évidents, et donc pas assez nuancés que pour sonner comme authentiques...