Genre : Action, drame, péplum
Durée : 148’
Acteurs : Paul Mescal, Pedro Pascal, Connie Nielsen, Denzel Washington, Joseph Quinn, Fred Hechinger, Lior Raz, Derek Jacobi, Tim McInnerny...
Synopsis :
Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d’entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d’une main de fer. La rage au cœur et l’avenir de l’Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l’honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.
La critique de Julien
Force et honneur ! Décidément, la mode appartient aux suites à retardement ! Ainsi, "Top Gun : Maverick" (Joseph Kosinski, 2022) et "Beetlejuice, Beetlejuice" (Tim Burton, 2024) sont sortis 36 ans après leurs aînés, tandis que "Gladiator II", lui, débarque dans l’arène du Colisée 24 ans après le célèbre film de Ridley Scott, ayant permis à l’acteur néo-zélandais Russell Crowe d’exploser à l’international, lequel remporta d’ailleurs pour son rôle de Maximus Decimus Meridius l’Oscar du meilleur acteur, tandis que le film, lui, reparti avec le précieux trophée du meilleur film. Autrement dit, "Gladiator" a marqué son temps, tout en ayant revisité le film de péplum. Ainsi, on se souvient tous du combat épique, et final, entre le gladiateur et Commode (Joaquin Phoenix), fils de l’empereur Marc Aurèle (Richard Harris), ayant trahi son père pour accéder au trône de Rome, alors que celui-ci était destiné à Maximus. La mort au combat des deux hommes mettait ainsi fin à la tyrannie envers le peuple de Rome (ou aurait pu, en tout cas, y mettre fin). Sauf que le nom de Maximus fut effacé de l’Histoire de Rome, tout en restant vénéré par la plèbe et les esclaves...
Vingt ans se sont donc écoulés depuis lesdits événements, alors que les frères jumeaux dysfonctionnels et empereurs Caracalla et Geta (respectivement joués par Joseph Quinn et Fred Hechinger, répétant le mythe de Romulus et Remus), fils du Septième Sévère, font ainsi régner la peur, la corruption et la violence dans la Rome antique. De l’autre côté de la Méditerranée, en Numidie, Lucius Verus (Paul Mescal), fils de Lucilla (Connie Nielsen) et de Maximus, vit avec sa femme sous le nom de Hanno, et travaille comme agriculteur, tout en étant en rébellion contre l’Empire. L’armée prétorienne dirigée par le général Marcus Acacius (Pedro Pascal) envahira alors leur ville, et tuera sa femme. Lucius sera dès lors réduit en esclavage, et conduit aux portes de Rome, où il atterrira dans une petite arène pour servir de test aux marchands d’esclaves. C’est là qu’il sera repéré par Macrinus (Denzel Washington), un trafiquant d’armes aux grandes ambitions, dans les jupes de l’Élite, voyant ainsi en Lucius un grand potentiel de gladiateur, lequel pourrait lui être utile dans sa quête, alors que Lucius, lui, espère se venger d’Acacius...
Comment succéder à "Gladiator" ? Ridley Scot semble avoir trouvé sa réponse du côté du divertissement XXL ! Et pour cause, les gladiateurs affrontent ici dans l’arène des babouins quelque peu hystériques et carnivores, mais aussi un rhinocéros les empalant sur sa corne comme une brochette, sans oublier des requins blancs, lors d’une naumachie, et en plein Colisée, s’il vous plaît ! Mais des questions se posent ! Comment dès lors cette eau a-t-elle bien pu arriver là ? Et où passent donc ces millions de litres d’eau gaspillés après le combat ? D’anachronismes historiques à des invraisemblables scénaristes, "Gladiator II" n’y va donc pas dans la nuance, et nous offre un spectacle numérique où la surenchère d’effet visuel n’a d’égal ici que la rage de Lucius Verus, interprété par le mélancolique Paul Mescal. Mais le film, s’il joue certes dans la même cour que son aîné, n’est pourtant pas aussi bien écrit que lui, lequel est le fruit (final, après de multiples réécritures au fil des années) du travail du scénariste David Scarpa, déjà aux manettes du scénario du précédent film de Ridley Scott, "Napoléon" (2023). Car "Gladiator II" n’est pas aussi puissant et nuancé que l’était son modèle en matière d’écriture, et manque d’émotions (la musique d’Hans Zimmer et de Lisa Gerrard en moins y est aussi pour quelque chose)...
Dans l’absolu, la mise en scène du film prône ainsi les gros plans et les scènes de combats plutôt que les dialogues, ce qui n’aide en rien, d’une part, à ressentir de l’empathie pour ses protagonistes et, d’autre part, à construire une intrigue ciselée avec des enjeux forts. Pourtant, le film, long de près de deux heures et trente minutes, prend son temps pour les installer, mais en favorisant toujours ici l’action, et la démesure. Donnant ainsi moins de grandeur à l’héritage de Maximus ou aux défis profonds qui habitent le cœur de son récit, "Gladiator II", entre ses quelque imposants combats, enchaîne les échanges davantage superficiels ou en surface des choses, et traînent ainsi le glaive. Dès lors, lorsque viennent certains retournements de situation décisifs, on se retrouve avec des personnages principaux réagissant de manière radicale, sans qu’on ait eu le temps de comprendre comment, ni par quel processus psychologique ils en sont arrivés là. Autrement dit, on n’y croit pas ! L’écriture des personnages n’est donc malheureusement pas à la hauteur des acteurs qui les interprètent, Paul Mescal le premier, même si Denzel Washington lui vole sans doute le rôle du plus habile, tout en étant tous deux charismatiques.
Si contrairement au premier volet, ce second opus ne devrait donc pas rester dans les annales, il demeure tout de même un honnête divertissement qui saura répondre aux attentes des amateurs du genre, d’autant qu’une fois son coup d’état en marche, "Gladiator II" nous entraîne avec lui dans sa révolte sanglante, sans ne jamais plus nous lâcher la main. La relève est donc assurée, et la suite, elle, déjà en chantier. Espérons de ne plus devoir attendre 24 ans pour la découvrir en salle.