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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

J.T. Mollner
Strange Darling
Sortie du film le 18 septembre 2024
Article mis en ligne le 19 septembre 2024

par Julien Brnl

Genre : Thriller

Durée : 96’

Acteurs : Willa Fitzgerald, Kyle Gallner, Barbara Hershey, Ed Begley Jr., Madisen Beaty...

Synopsis :
Ce thriller psychologique suit The Lady, une jeune femme qui joue au jeu mortel du chat et de la souris avec The Demon. L’histoire se déroule en six chapitres non linéaires, révélant les couches sombres de leur vie et de leur passé.

La critique de Julien

Si nous savions que le déplacement en valait sans aucun doute la chandelle étant donné les retours presse de ce film outre-Atlantique, nous ne nous attendions tout de même pas à ça ! Malheureusement peu distribué dans nos salles malgré sa sortie cette semaine-ci par Kinepolis Films Distribution, "Strange Darling" est un thriller qui déjoue les attentes et manipule le spectateur pour mieux le secouer ! Et c’est une claque !

Réalisé par le cinéaste américain totalement méconnu dans nos contrées J.T. Mollner, et cela après son premier et inédit long métrage "Outlaws and Angels" (2016), "Strange Darling" a la première particularité d’avoir été entièrement filmé en 35mm, bénéficiant dès lors d’un grain si caractéristique (merci la pellicule !), tandis qu’il a été photographié par l’acteur - habitué aux seconds rôles - Giovanni Ribisi, marquant ainsi ses débuts en tant que directeur de la photographie. Et quelle photographie, aux couleurs vives, le film ayant été tourné durant l’été 2022 dans l’Oregon, captant dès lors l’atmosphère rurale de cet état, et particulièrement celle du comté de Hood River, avec ses hippies et ses larges étendues sauvages. D’autre part, le film est présenté en six chapitres distincts, auxquels se greffe un épilogue, le tout agencé de manière non linéaire vis-à-vis du curieux synopsis de départ, lequel en dit peu, mais suffisamment pour nous rendre heureux étant donné les nombreuses surprises que nous réserve l’intrigue, subtilement fragmentée. Et le générique du film annonce d’emblée la couleur...

Tandis que résonne la musique anxiogène (et de plus en plus omniprésente dans le métrage) du compositeur Craig DeLeon, l’introduction du film nous informe sur fond noir, et écrit dans un rouge sang, d’un thriller basé sur une série de meurtres d’un tueur en série qui dure depuis des années dans l’ouest des États-Unis, et dès lors d’une dramatisation des faits, lesquels n’ont cependant pas été confirmés ni niés par son metteur en scène... Quoi qu’il en soit, ce générique nous présente également les acteurs principaux du film, dont Willa Fitzgerald, appelée ici "The Lady", et Kyle Gallner, "The Demon". Des dénominations qui en disent long sur les événements à venir, s’inscrivant directement dans le sillage de l’époque post-#MeToo, alors que les féminicides tuent en masse aux États-Unis. D’ailleurs, on y découvrira rapidement la jeune femme courant, au ralenti, au travers d’un champ, laquelle semble terrorisée et blessée, avant que la mise en scène du film nous plonge dans leur histoire, autour d’une aventure d’un soir tournant en un dangereux jeu du chat et de la souris...

"Are you a serial killer" ? Difficile de ne rien dévoiler de l’intrigue de ce film, lequel ne révèle d’ailleurs son véritable visage qu’à mesure que ses chapitres nous sont dévoilés (on a droit à cet ordre : 3 ; 5 ; 1 ; 4 ; 2 ; 6), et cela donc dans un désordre finement pensé. Mais on n’en dira rien ! Écrit par le réalisateur lui-même, "Strange Darling" profite alors intelligemment de sa trame narrative haletante pour mettre en lumière une traque humaine, de prime abord toute classique, entre un prédateur et sa proie. Or, c’est mal connaître le Monsieur, lequel s’amuse à nous tromper davantage, et à jouer avec nos nerfs. Plus encore, son film détourne méchamment les clichés du genre liés à la position de la victime et du bourreau, malgré une réalité sociétale et sexuelle qui fait mal, tandis qu’il traite aussi de confiance aveugle, et notamment celle du spectateur. Chapitre après chapitre, dialogue après dialogue, scène après scène, son film sème alors le trouble, tandis qu’il réécrit sans cesse nos interprétations présupposées, et cela avec autant d’efficacité que de style. Car en plus d’être donc un trope, un puzzle, dont on apprécie assembler les pièces (surprises), "Strange Darling" s’avère être un bel objet cinématographique, riche et équilibré, et rendant hommage au cinéma d’antan, et plus particulièrement à celui de l’horreur. Héritier des maisons hantées Freakling Brothers à Las Vegas (si, si), J.T. Mollner nous dévoile ici un film qui devrait indéniablement lui permettre de gagner du galon dans le paysage du cinéma de genre contemporain, son film n’ayant d’autant plus bénéficié "que" d’un budget de production de quatre millions de dollars, ce qui est très peu au regard de ses modèles. Mais autant dire que cet argent n’a pas été gaspillé !

Une autre raison de voir ce film est très certainement le jeu de ses acteurs, et forcément l’écriture de ses personnages, dont le principal est joué par l’électrique Willa Fitzgerald, exceptionnelle dans un rôle d’une femme traquée par la figure du démon, laquelle ne sera pas ici qu’une simple victime. Vue récemment dans la mini-série Netflix "The Fall of the House of Usher" (2023) créée par Mike Flanagan, l’actrice trouve là une rampe de lancement qui devrait permettre de surcharger de boulot son agent ! Quant à Kyle Gallner, il se révèle assez mystérieux et ambigu dans la peau de cet homme armé, ne dévoilant que peu ses émotions, si ce n’est sans doute celle de tuer, à bout portant.

D’une manière ou d’une autre, "Strange Darling" saura donc vous surprendre, ou au moins vous prendre au dépourvu. Car il y a de la malice impertinente dans ce thriller effréné, violent et inattendu, lequel joue donc de nos préjugés et de l’image que l’on se fait trop facilement face aux apparences. Et son cinéaste J.T. Mollner, qui n’en est pourtant qu’à son second coup d’essai, risque bien de graver là ses initiales - non pas sur la peau de sa victime comme le fait ici ledit tueur en série - sur la liste des meilleurs films de l’année ! Bref, on ne saurait que vous conseiller de trouver un cinéma qui le diffuse, et de le découvrir urgemment en salles !



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