Genre : Comédie dramatique
Durée : 91’
Acteurs : Pierre Richard, Bernard Le Coq, François Berléand, Emilie Caen, Charlotte de Turckheim...
Synopsis :
L’Arc-en-ciel est un authentique lieu associatif à Marmande qui accueille des personnes ordinaires mais violentées par la vie. Ses adhérents se soutiennent mutuellement dans leur lutte contre les difficultés quotidiennes. Quand on menace de les expulser, un élan de solidarité s’organise autour de Pierre, le fondateur, pour sauver cette maison d’accueil unique.
La critique de Julien
Entre Pierre Richard et le metteur en scène, comédien, auteur et cinéaste Christophe Duthuron, c’est une longue histoire d’amitié, et de collaboration. Déterminé à le rencontrer lorsqu’il était adolescent, Christophe Duthuron a, en effet, attendu la venue de son idole à côté de sa péniche, à Paris, en espérant ainsi le rencontrer sur les quais de la Seine, en février 1991. Tel un Messie, Pierre Richard y est alors apparu, avant de l’inviter à bord pour prendre un café et d’aller écouter, le soir même, son fils jouer du jazz. Après avoir correspondu pendant quelques années, Pierre Richard a alors répondu favorablement au parrainage d’une compagnie de théâtre que Christophe Duthuron montait dans son Lot-et-Garonne natal. Puis, c’est Pierre Richard qui lui a demandé "d’imaginer quelque chose pour une carte blanche que lui donnait le théâtre de Moscou". Bien sûr, il y eut aussi le livre recueil de souvenirs et d’anecdotes "Comme un poisson sans eau : détournement de mémoire" (2003, Éditions du Cherche-Midi), devenu un spectacle solo (2003-2004, théâtre du Rond-Point) pour Pierre Richard, et justement mis en scène par Christophe Duthuron. Depuis, ils ne se sont presque plus quittés. C’est d’ailleurs à eux que l’on doit les adaptations des "Vieux Fourneaux" (2018 et 2022). Et les compères s’associent cette fois-ci pour la comédie dramatique "Fêlés", mettant alors en lumière l’association Arc-en-Ciel, située à Marmande (Lot-et-Garonne), laquelle est une maison d’accueil créée d’après les préceptes de la psychiatrie institutionnelle du psychiatre espagnol François Tosquelles, alors gérée entièrement par ses patients en pleine réinsertion dans la société (après une avoir subi une fêlure ou s’être perdus) ou malades mentaux, lesquels y (re)donnent ainsi un nouveau sens à leur vie. Mais cette comédie fictionnelle à la fois humaniste et solidaire a-t-elle au moins un p’tit truc en plus que ses propres consœurs ?
Il y est alors question de Pierre (Pierre Richard), lequel est sur le point de voir la maison associative qu’il a fondée avec sa défunte épouse être délocalisé en lieu et place d’un parking. Sauf que le vieux bonhomme un brin lunaire tient à ces (et ses) murs, tout comme ses adhérents isolés et victimes de troubles psychiques, ne pouvant plus être pris en charge par le système hospitalier. Ensemble, ils vont alors mettre en place un élan de solidarité afin de trouver de l’argent pour racheter la maison... Par ce simple synopsis, on voit directement où veut en venir cette comédie cousue de fil blanc, laquelle se veut authentique bien qu’elle filme davantage d’acteurs et de comédiens professionnels que les résidents de la résidence Arc-en-Ciel eux-mêmes, dont le quatuor clownesque les Chiche Capon, Bernard Le Coq (en directeur d’un centre hospitalier), Charlotte de Turckheim (en Maire) ou encore François Berléand (en entrepreneur).
L’intrigue trop gentille du film se construit alors en surface des nombreux portraits qu’elle côtoie, enchaînant les moments aussi tendres que cocasses, elle qui n’a finalement d’yeux que pour ceux - bleus - de Pierre Richard. Car en choisissant le prisme de la fiction, "Fêlés" passe à côté du combat mené par Arc-en-ciel et de sa nécessité, qui aurait sans doute mérité davantage de visibilité, notamment par le documentaire. N’en déplaise, le film de Christophe Duthuron s’avère touchant et sensible, tout en ne courant pas forcément après le happy-end téléphoné. Il est plutôt ici question de l’importance de l’entraide, notamment sous la menace d’expulsion, d’inclusion, mais aussi de deuil entouré. De beaux messages qui ne font jamais de tort d’être entendu, que l’on soit un bras cassé ou non. Après tout, "on a tous une fêlure cachée" au fond de nous...