Genre : Science-fiction, action

Durée : 102’

Acteurs : Cate Blanchett, Kevin Hart, Jack Black, Ariana Greenblatt, Florian Munteanu, Jamie Lee Curtis, Haley Bennett, Edgar Ramírez, Gina Gershon...

Synopsis :
Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie... Sa mission est de retrouver la fille disparue d’Atlas, l’homme le plus puissant (et le plus méprisable) de l’univers. Pour y arriver Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tina ; Tannis, une scientifique fantasque ; et Claptrap, un robot très bavard. Ensemble, ces héros improbables vont devoir affronter les pires espèces extraterrestres et de dangereux bandits pour découvrir les secrets les plus explosifs de Pandore.

La critique de Julien

On ne l’attendait pas cette adaptation cinématographique de la série de jeux vidéo "Borderlands" de Gearbox Software ! Et l’enfer de son développement aura malheureusement eu raison du résultat à l’écran ! Pourtant portée par un casting quatre étoiles, la réalisation d’Eli Roth fait, en effet, pâle figure vis-à-vis de ses confrères, tout en pompant allègrement les aventures et le ton des "Gardiens de la Galaxie" de Marvel Studios, ou de la "Suicide Squad" de DC Comics. Et pour un film dont la morale nous parle "d’impossibilité de salut possible sans sacrifice", force est de constater que ses studios, Lionsgate, s’apprêtent (sans aucun doute) à inscrire leur film dans l’éternité des plus mauvaises adaptations de jeux vidéo, et cela au sacrifice de millions de dollars de perdus dans la bataille ! Mais comment dès lors un tel gâchis a-t-il pu avoir lieu ?

Alors qu’une dizaine de scénaristes se sont succédé au fil des ans pour l’écrire (le projet a été officiellement annoncé en août 2015), c’est à Eli Roth lui-même et au co-scénariste Craig Mazin (créateur de la série "Chernobyl" et co-créateur de "The Last of Us", toutes deux pour HBO, et sorties respectivement en 2019 et 2023) que l’on devait officiellement le scénario de "Borderlands". Sauf que le film a subi des reshoots en janvier 2023, alors que son réalisateur, Eli Roth, était "engagé" sur son film d’horreur "Thanksgiving : la Semaine de l’Horreur", sorti pourtant fin de l’année dernière. Dès lors, ce dernier a été remplacé au pied levé par le cinéaste Tim Miller ("Deadpool" et "Terminator : Dark Fade", sortis respectivement en 2016 et 2019), tout en étant non crédité à la réalisation, et subissant à nouveau de nouvelles modifications d’écriture, ce qui, semble-t-il, a poussé Craig Mazin à purement retirer son nom du projet, signe que celui-ci ne voulait plus y être attaché, tout en étant remplacé par un certain Joe Crombie ; Mazin ayant nié les informations selon lesquelles Crombie était son pseudonyme. Quoi qu’il en soit, on comprend pourquoi le scénariste, réalisateur et producteur s’est désolidarisé du projet au vu de l’hécatombe de ce "Borderlands", lequel met en scène une hors-la-loi (Cate Blanchett) formant une alliance avec une équipe de marginaux afin de retrouver Tina, la fille disparue (Ariana Greenblatt) d’Atlas, qui n’est autre que l’homme le plus puissant de l’univers (Edgar Ramírez), et cela sur la planète Pandore (Pandora en VO, tiens donc). Or, c’est sur celle-ci que se cacherait un trésor extraterrestre inestimable, appelé l’Arche, lequel renfermerait une technologie avancée d’une civilisation perdue...

Produit pour plus de 110 millions de dollars, tout en en ayant rapporté moins de 9 lors de son premier week-end d’exploitation en Amérique du Nord, "Borderlands" débute pourtant sans trop d’encombres, alors que la voix-off du personnage de Cate Banchett nous explique les prémisses de ladite planète, ainsi que son histoire, elle qui y est d’ailleurs née, et y remettra rapidement les pieds par l’appât du gain, après s’être pourtant jurée de ne jamais y retourner. Punk et rousse, Cate Blanchett semble énormément s’amuser dans son rôle, lequel l’a d’ailleurs accepté par amusement, au sortir de la COVID-19, et sans doute avec l’envie de devenir la reine de la gâchette, tandis que son mari - le dramaturge australien Andrew Upton - lui aurait dit que ce film pourrait lui "sauver la vie". Autant dire qu’on en doute, même s’il faut reconnaître qu’elle est l’une des seules raisons d’acheter un billet de cinéma pour subir ce film. Car ses partenaires de jeu, eux, n’ont malheureusement pas autant de chances qu’elle de briller à l’écran comme un phœnix en feu. Ainsi, Kevin Hart, Ariana Greenblatt, Florian Munteanu, Gina Gershon ou encore Jamie Lee Curtis ne ramassent ici que les miettes dans des rôles aussi satellites que grotesques, sans parler de Jack Black, venu doubler - en roue libre - l’insupportable robot Claptrap. Cependant, il faut bien reconnaître que ce n’est pas pour la qualité du casting que l’on se rend en salles pour y voir un film de science-fiction, d’autant plus lorsqu’il est adapté d’un jeu vidéo, et que l’on sait que le risque de se casser la pipe est généralement de mise... Mais même le spectacle qu’offre ce "Borderlands" ne suffit pas à le sauver de la casse.

Impossible de se dire que cette adaptation est réalisée par l’un des maîtres du cinéma de l’horreur et surtout de l’hémoglobine, à qui l’on doit notamment "Cabin Fever" (2002), "Hostel" et sa suite (sortis respectivement en 2005 et 2007), "The Green Inferno" (2013), le mauvais remake "Death Wish" (2018), ou encore la parenthèse familiale "La Prophétie de l’Horlogue" (2018), déjà emmenée par Blanchett et Black. Ainsi, par une goutte de sang n’est visible à l’écran, ce qui est très clairement une volonté des studios de rendre leur film visible au plus grand nombre, au détriment de la violence du matériau d’origine. Aussi, "Borderlands" manque cruellement de personnalité, en plus de reposer sur une intrigue insignifiante et criblée de balles. Tout semble ici déjà vu, déjà entendu, quitte à bien vite nous fatiguer, et cela malgré son rythme effréné et de nombreuses scènes d’action, alors agrémentées d’une bande originale évidemment pétaradante, mais ô combien sans âme. Or, c’est justement parce que le film ne se pose jamais et n’approfondit que bien trop peu ses enjeux qu’il finit par totalement nous désintéresser, et littéralement nous endormir. Enfin, ce dernier, lorsqu’il ne dégaine pas des effets spéciaux (rarement) dignes de son budget, se repose alors sur une direction artistique aux décors carton-pâte assez dérisoires, et qui tachent d’autant plus avec la photographie saturée de Rogier Stoffers, ou même les costumes respectivement uniformes des personnages, sans parler de la frange rousse de Cate Blanchett, qui ne bouge pas d’un iota malgré toutes les péripéties traversées... Bref, on ne va pas enfoncer davantage le couteau dans le plaie : "Borderlands" est une adaptation à fuir !