Genre : Romance, drame
Durée : 130’
Acteurs : Blake Lively, Justin Baldoni, Jenny Slate, Brandon Sklenar, Hasan Minhaj, Isabela Ferrer, Alex Neustaedter...
Synopsis :
Lily Bloom surmonte une enfance traumatisante pour se lancer dans une nouvelle vie à Boston et poursuivre son rêve de toujours d’ouvrir sa propre boutique. De sa rencontre fortuite avec le charmant neurochirurgien Ryle Kincaid nait une connexion intense - mais alors que les deux tombent profondément amoureux, Lily commence à entrevoir des aspects de Ryle qui lui rappellent la relation de ses parents. Lorsqu’Atlas Corrigan, le premier amour de Lily, réapparait soudainement dans sa vie, sa relation avec Ryle est bouleversée et Lily réalise qu’elle doit apprendre à s’appuyer sur sa propre force et faire un choix impossible pour son avenir.
La critique de Julien
C’est en 2016 que sortait le roman "It Ends with Us" de l’auteure américaine Colleen Hoover, alors basé sur la relation qu’entretenaient sa propre mère et son père. Or, c’est seulement en 2022 que son œuvre a véritablement fédéré le public, et ainsi gagné en popularité "grâce" à l’attention de la communauté #BookTok sur le réseau social TikTok (plus un milliard de tags), ce qui lui a notamment permis, en janvier 2022, de faire ses débuts à la première place de la liste des best-sellers du New York Times, tout en devenant le roman le plus vendu de 2023. Surfant sur le succès, Hoover en a dès lors écrit une suite, "It Starts with Us" (2022). Cette adaptation du premier livre, on la doit à l’acteur, producteur et réalisateur américain Justin Baldoni (metteur en scène de "Five Feet Aparts" et "Clouds", datant respectivement de 2019 et 2020), lequel a acquis les droits du roman via sa société de production Wayfarer Entertainment, et donc coproduit ici le film avec Sony Pictures, ainsi qu’avec une certaine Blake Lively, en tant que productrice déléguée. C’est d’ailleurs elle qui interprète ici le rôle principal de Lily Bloom dans ce drame romantique, soit une trentenaire débutant une nouvelle vie, à Boston, où elle réalise enfin son rêve d’enfance d’ouvrir une boutique de fleurs. Mais cette dernière surmonte surtout un traumatisme d’enfance lié à l’abus de son père (récemment décédé) sur sa mère, tout en se retrouvant elle-même dans une relation abusive, partagée à l’écran avec Justin Baldoni, le réalisateur du film, ici tourmenté, et ayant du mal avec les relations stables... Et quelque chose nous dit que ce film devrait forcément attirer en salles la gent féminine (lectrice ou non) en masse, et devenir un phénomène aussi gros que celui rencontré (tardivement) par le roman dont il s’inspire...
Librement adaptée, malgré une certaine fidélité, "Jamais Plus" se veut être un récit dans l’air du temps, plein de résilience, où il est donc question de maltraitance et violences conjugales, lequel navigue entre passé et présent, étant donné un récit jonché de flash-back sur l’adolescence de son héroïne, qu’ils soient liés à son père, mais surtout à sa première idylle amoureuse, dont le souvenir impérissable est gravé sous sa clavicule gauche, alors que son premier crush, lui, garde d’autres types de souvenirs de leur relation sur son corps... Trop bien emballé, Justin Baldoni nous livre alors avec "It Ends with Us" un mélodrame romantique sans doute beaucoup trop écrit que pour toucher à hauteur de ce qu’il nous raconte. Pourtant, ce n’est pas faute de parler de sujets qui ne touchent pas. En effet, Lily Bloom, pourtant terriblement marquée par les événements du passé, fait preuve ici de déni face à la nouvelle relation qu’elle vit, entre amour et emprise, jusqu’à ce qu’un autre fantôme du passé refasse (évidemment) son apparition dans sa vie, ce qui lui fera (forcément) ouvrir les yeux. Et bien que les péripéties soient écrites, et donc adaptées, on ne peut s’empêcher de voir ici un film du genre qui en coche toutes les casses, sans jamais surprendre, ou faire preuve d’authenticité.
Trop artificiel dans sa manière d’adapter ces lignes, Justin Baldoni ne se contente alors que de ficeler une intrigue dévouée à son personnage principal, dont on suit tout le travail psychologique, et les émotions, jusqu’à la réparation, avec la ferme intention de ne jamais plus connaître la maltraitance. De plus, "It Ends with Us" déstabilise dans sa manière de tromper le spectateur vis-à-vis de la violence qu’il dénonce. Alors que le livre, lui, met rapidement les points sur les i après le premier incident entre Lily et le ténébreux neurochirurgien Ryle, le film, lui, en joue, et cela avec illusion, nous faisant ainsi interpréter les faits de la même manière que Lily les interprète, aveuglée par la situation. Dès lors, ladite violence conjugale est ici longtemps refoulée, et davantage subie au quotidien par Lily vis-à-vis de ses souvenirs d’enfance. Aussi, le film dénote dans sa manière de punir cette violence, voire de lui pardonner, avec complaisance, bien que l’écriture des dialogues, aussi maladroits que puissants, fasse la part des choses. Cependant, jamais les mots "viol" ni "violence" ne sont ici prononcés, comme si le film atténuait, normalisait quelque peu la gravité de ses enjeux, au profit de ses clichés...
Mais parlons du principal attrait du film. Incarnant un standard de beauté, Blake Lively est absolument sublime dans son rôle, tandis que l’on sent son personnage profondément renfermé sur lui-même, gardant en lui une blessure qui n’a pas encore cicatrisée, malgré les années. Cependant, et non sans hasard, Lily Bloom est ici à l’opposé de ce quoi aurait pu ressembler une autre Lily, dans un style qui aurait pu faire moins rêver, ou tout simplement plus familier. Car son actrice, aux magnifiques tenues sans cesse portées, semble constamment défiler sur un podium, tellement elle est belle, et classe. Mais finalement, tout est chargé dans "It Ends with Us", tout est pensé pour plaire, pour taper à l’œil. De la photographie automnale de Boston qui donnerait envie d’y voyager, en passant par le physique charismatique et la voix très virile de ses acteurs masculins, ou encore de sa bande originale, où l’on peut (évidemment) y entendre Taylor Swift sur le titre "My Tears Ricochet" ("Folklore", 2020), rien n’est laissé au hasard pour ne pas être apprécié, mais pour ne pas non plus passer à côté de la caricature... Car oui, on a plusieurs fois droit à des scènes déchirantes sous une pluie battante ! Sauf que le film le fait tellement bien qu’il devrait pouvoir plaire à son public prédestiné, ne voyant là pas plus loin que ce qu’il est venu y chercher, et que le film lui donne, mais avec, à son tour, une certaine emprise...