Genre : Thrillet
Durée : 105’
Acteurs : Josh Hartnett, Ariel Donoghue, Hayley Mills, Saleka Shyamalan, Alison Pill...
Synopsis :
30 000 spectateurs. 300 policiers. Un tueur. Cooper, père de famille et tueur en série, se retrouve pris au piège par la police en plein cœur d’un concert. Parviendra-t-il à s’échapper ?
La critique de Julien
Après avoir longuement collaboré avec Universal Pictures et signé désormais un contrat de plusieurs années avec Warner Bros. Pictures Group en février 2023 pour produire - avec sa société de production Blinding Edge Pictures - tous ses prochains films, M. Night Shyamalan nous dévoile cette semaine-ci sa nouvelle réalisation "Trap", quelques mois après la sortie de son précédent métrage "Knock at the Cabin" (2023), et seulement quelques semaines après celle du premier film de sa fille Ishana Shyamalan, "Les Guetteurs (The Watchers)", qu’il avait évidemment coproduit, mais lequel c’était tristement soldé par un échec commercial dans les salles de cinéma. Et c’est également mal parti pour son nouveau et pourtant alléchant thriller porté par Josh Hartnett en tête d’affiche. Étrangement promu, étant donné que toute sa campagne promotionnelle vendait déjà son personnage principal comme son antagoniste, ce film suit alors un tueur en série pris au piège dans un guet-apens, alors qu’il assiste avec sa fille (Ariel Donoghue) au concert manigancé de la popstar Lady Raven (jouée par Saleka Shyamalan, la fille aînée du réalisateur, auteure-compositrice-interprète ayant écrit l’entièreté de la bande originale du film). Dommage, en effet, d’avoir vendu si rapidement la mèche, gâchant quelque peu l’effet de surprise, et donc le probable retournement de situation, lequel aurait pu ainsi s’avérer être une grosse et désarçonnante surprise. Le réalisateur et scénariste n’a pourtant pas vendu ici la peau de l’ours avant de l’avoir tué, étant donné que son film n’en reste pas là, bien qu’on aurait finalement préféré...
Reposant - de prime abord - sur une traque vécue par son antagoniste, lequel passe donc son temps à l’écran à essayer de trouver un moyen de s’échapper tout en laissant seule sa fille en salles en train de chanter à tue-tête les chansons de son idole, "Trap" aurait pu s’avérer être au moins palpitant si l’écriture avait été intelligente, ou au moins crédible. Or, bourrée de facilités scénaristiques, l’intrigue du film ne tient absolument pas la route, alors que ledit tueur en série ne trouve sur son chemin que des aides plutôt que des embûches. À titre d’exemple, alors que tous les employés du concert, alors au courant de la supercherie, ne peuvent rien dire à personne, tout en devant se méfier du moindre homme, le premier d’entre eux que l’assassin croisera lui révélera aussitôt (!) tout ce qu’il ne devait pas savoir, ce qui lui donnera dès lors accès à bien des possibilités, même si les membres des forces de l’ordre du FBI contrôlent, guettent et reçoivent directement les instructions d’une profileuse (Hayley Mills) dans leurs oreilles, ce que ne manquera pas donc d’entendre à son tour celui qu’on surnomme le "Boucher"... À partir de ce moment, "Trap" se démène alors pour nous tenir en haleine, mais sans jamais y arriver, malgré sa mise en scène fluide. Il faudra alors attendre la fin du concert en question pour que Shyamalan soit fidèle à sa réputation de maître du twist, ou du moins en apparences...
Toute aussi décevante, cette seconde partie joue dès lors sur les traces de la première, et fait donc autant l’effet d’un pétard mouillé, étant donné ces mêmes incohérences et mauvais choix qui empêchent, voire tuent toute tension. Pire, c’est bien le rire qui s’invite ici face à l’improbabilité déconcertante des événements, permettant sans cesse à son tueur de passer à la trappe... Pourtant, ce n’est pas faute de manquer d’un personnage principal intrigant, mais dont le développement ne reste ici qu’en surface des choses, lequel souffre d’un traumatisme d’enfance ayant fait de lui le monstre incognito qu’il est devenu aujourd’hui, en parallèle de mener un père de famille marié. Josh Hartnett, charismatique, fait alors ce qu’il peut dans la peau de son personnage, mais sans pouvoir montrer sa véritable nature, étant donné la situation qui l’empêche d’être lui-même, et donc d’être effrayant. Quant à Saleka Shyamalan, elle offre là une partition musicale très accrocheuse, à défaut de se voir offrir un rôle qui l’est tout autant. Car, à ne pas s’y méprendre, nous ne sommes pas venus là pour regarder un interminable concert. D’ailleurs, comment expliquer que d’innombrables spectateurs et fans n’y assistent pas, préférant ainsi consommer dans les allées de la salle ? Peut-être seulement ont-ils compris l’arnaque ?
Quand vient alors une ultime tentative de créer la surprise et de rebattre les cartes, il est malheureusement trop tard pour "Trap", au regard de ce sur quoi il s’est bâti pour en arriver là. Le film, qui n’a (fort heureusement pour lui) pas été montré à la presse, ne possède dès lors aucunement l’ingéniosité ni la méticulosité qu’il nécessitait et qu’on attendait de lui, tout en avançant faussement à l’aveuglette, et sans vraisemblance. Finalement, le véritable crime du film est celui commis ici par M. Night Shyamalan, lequel ne s’est absolument pas rendu compte que son histoire était criblée de balles, sans ainsi assurer ses arrières, se retrouvant dès lors pris au même piège que l’est ici son antagoniste...