Genre : Catastrophe

Durée : 122’

Acteurs : Daisy Edgar-Jones, Glen Powell, Anthony Ramos, Maura Tierney, Brandon Perea, Sasha Lane, Kiernan Shipka, David Corenswet, Daryl McCormack, Nik Dodani...

Synopsis :
Kate Cooper, une scientifique traumatisée par la chasse aux tornades, et Tyler Owens, un chasseur de tornades insouciant et accro au danger, vont devoir s’allier pour tenter de maitriser l’une des forces les plus destructrices de la nature : des tornades F5. Mais la nature, imprévisible et en perpétuelle mutation, les confrontera à des tempêtes d’une violence sans précédent. Une suite du film "Twister", sorti en 1996.

La critique de Julien

Bien qu’il ajoute un "s" au titre du film-phare de Jan de Bont datant de 1996, "Twisters" n’est aucunement une suite du film culte, lequel, lors de son année de sortie, n’a été devancé que par "Independence Day" de Roland Emmerich au box-office mondial. Profitant des progrès des effets spéciaux numériques et s’inscrivant dans la mouvance des films catastrophes des années 1990 aux côtés de "Volcano" (Mick Jackson, 1997), du "Pic de Dante" (Roger Donaldson, 1997) ou encore de "Armageddon" (Michael Bay, 1998) pour ne citer qu’eux, "Twister" suivait alors l’histoire de chasseurs de tornades interprétés à l’époque par Helen Hunt et le regretté Bill Paxton. Près de vingt-cinq ans plus tard, sous l’impulsion du cinéaste Joseph Kosinski ("Top Gun : Maverick", 2022) [1], et après le refus des studios de l’idée d’Helen Hunt d’en écrire et réaliser une suite avec les créateurs de la série télévisée "Blindspotting" (2021-2023), Universal et Warner Bros. Pictures ont donc uni leurs forces après que Steven Spielberg, producteur exécutif du film d’origine via sa société Amblin Entertainment, ait exprimé son enthousiasme pour le scénario original de Mark L. Smith, à qui l’on doit notamment le script de "The Revenant" (Alejandro González Iñárritu, 2015). Mis en scène par le coréano-américain Lee Isaac Chung, après son récit semi-autobiographique "Minari" (2021), tandis qu’il a également mis en scène un épisode de la saison trois de la série Disney+ "The Mandalorian" histoire de se familiariser en matière avec des effets spéciaux, celui raconte évidemment l’histoire d’une nouvelle génération de chasseurs de tornades, lesquels vont tenter une nouvelle technologie pour, d’une part, détecter des tornades et, d’autre part, réduire leur intensité pour ainsi sauver des vies...

Ne cherchez pas : les véritables tornades du film, ce sont ses acteurs principaux Daisy Edgar-Jones et Glen Powell ! La première, vue dans le drame adapté "Là où Chantent les Écrevisses" (Olivia Newman, 2022) et le thriller Disney+ "Fresh" (Mimi Cave, 2022), et le second à la tête de la comédie romantique "Tout Sauf Toi (Anyone But You)" de Will Gluck sortie cette année, au même titre que "Hit Man" de Richard Linklater, font ici finalement bien plus de ravages que les tornades de l’Oklahoma. L’actrice joue ici Kate Carter, une jeune scientifique endeuillée par la disparition de trois de ses amis - dont de son petit copain - après avoir chassé une tornade dévastatrice (au départ un EF1 ayant muté en EF5), et se sentant terriblement responsable (la faute à... Dorothy !). Cinq ans plus tard, tandis qu’elle travaille désormais pour la National Oceanic and Atmospheric Administration, Javi (Anthony Ramos), le seul survivant de leur drame commun, lui proposera d’intégrer durant une semaine sa société de radars anti-tornades mobiles, dans le but de poursuivre leurs recherches, ce qu’elle acceptera après qu’une tornade ait encore rayé une ville entière de la carte. C’est alors en pleine chevauchée de ses peurs que celle qui sera surnommée "la citadine" rencontrera le célèbre chasseur et charmeur invétéré de tempêtes Tyler Owens, connu sous le nom de "Tornado Wrangler", débarquant avec son équipe en Oklahoma pour tirer parti de l’épidémie de tornades prévue, avec leurs méthodes sensationnelles. Edgar-Jones confirme alors tout le bien que l’on pensait déjà d’elle, elle que l’on sent profondément touchée par le poids de la culpabilité de son personnage, tandis que Powell, lui, fait ce qu’on attendait le lui, avec son sourire ravageur, et pose à chaque plan, changeant ici plus vite de chemise que la foudre ne frappe le sol. Pourtant, l’acteur sait calmer le jeu et les ardeurs pour s’avérer également faire de l’œil au vortex d’une tornade, et s’avérer moins bête qu’il en a l’air. Mais l’autre atout majeur du film, mais malheureusement inexploité, c’est l’apparition de très nombreux acteurs prometteurs dans des seconds rôles, dont Sasha Lane ("American Honey" d’Andréa Arnold, 2016), David Corenswet (le futur "Superman" de James Gunn !) ou encore Katy O’Brian (toujours à l’affiche de "Love Lies Bleeding" de Rose Glass), sans oublier la trop rare Maura Tierney (Abby Lockhart dans la série télévisée "Urgences"). Mais qu’on se le dise, ce n’est pas pour ses acteurs que l’on regarde "Twisters"...

Avec son budget de production estimé par le magazine Variety et "Deadline Hollywood" à 155 millions de dollars (hors promotion), "Twisters" n’a pas lésiné sur les moyens pour nous en mettre plein les yeux, lequel a d’ailleurs déjà remporté sa mise de départ après avoir notamment signé le plus gros démarrage au box-office domestique pour un film de catastrophe naturelle. Pourtant, bien que ses effets spéciaux - très réalistes - fassent le job, tout en étant inspirés de nuages supercellulaires et de tornades réelles comme "El Reno" (2013), tout en étant supervisés par des consultants techniques, dont le chasseur de tempêtes Sean Casey, ceux-ci ne procurent aucunement l’effet "Twister", dans le sens où, à l’époque, nous n’avions encore jamais vu une vache voler. Ainsi, si ses scènes demeurent spectaculaires, et font leur petit effet, l’ensemble s’oublie aussitôt la salle de cinéma quittée. Cependant, on souligne la scène finale, où une tornade UF5 est vue depuis l’écran d’une salle de cinéma éventrée, alors que les habitants d’une petite ville s’y sont réfugiés. Quant à l’argument de la justification de ce reboot de "Twister" compte tenu de son scénario validé par Steven Spielberg, on se pose encore la question. En effet, en plus d’être longuette, l’histoire de ce film - quasi-identique à celle de son modèle - peine à soulever un quelconque intérêt, en plus de ne pas aboutir. Or, si cela est sans doute volontaire, et appelle à une vraie suite, le film de Lee Isaac Chung, très américain dans l’âme avec ses touches de country et autre rodéo, manque cruellement de consistance et de personnalité. Heureusement, si l’intrigue s’amuse et provoque les tornades en duel, elle ne tourne fort heureusement pas le dos aux sinistrés, et pointe du doigt ceux qui profitent de leur malheur. Par contre, quand est-il du réchauffement climatique, jamais ici cité ? Et bien pas grand-chose, étant donné que le réalisateur du film a expliqué lors d’une interview à CNN son intention de "s’assurer que le film ne transmette aucun message". Or, en l’occurrence, le message est clair. Son "Twisters" est là pour divertir, et (re)plonger ainsi le spectateur dans un film catastrophe comme à la bonne époque, avec son lot d’adrénaline et de bourrasques imprévisibles à dompter, et une touche de nostalgie jamais pompeuse, portée également par une bande originale rythmée. Bref, ça ne mérite pas vingt Mississippi, mais ça évite largement... la catastrophe.