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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Greg Berlanti
To the Moon (Fly Me to the Moon)
Sortie du film le 10 juillet 2024
Article mis en ligne le 11 juillet 2024

par Julien Brnl

Genre : Comédie, romance

Durée : 132’

Acteurs : Scarlett Johansson, Channing Tatum, Nick Dillenburg, Jim Rash, Ray Romano, Woody Harrelson...

Synopsis :
Chargée de redorer l’image de la NASA auprès du public, l’étincelante Kelly Jones, experte en marketing, va perturber la tâche déjà complexe du directeur de la mission, Cole Davis. Lorsque la Maison-Blanche estime que le projet est trop important pour échouer, Kelly Jones se voit confier la réalisation d’un faux alunissage, en guise de plan B et le compte à rebours est alors vraiment lancé...

La critique de Julien

Après "Killers of the Flower Moon" de Martin Scorsese et "Napoleon" de Ridley Scott, tous deux sortis l’année dernière, ainsi que "Argylle" de Matthew "Kingsman", quant à lui sorti plus tôt cette année, "To the Moon" est la quatrième collaboration entre Sony Pictures et Apple Original Films, autour de films à très gros budget et au casting XXL, et destinés à Apple TV+ après leur petit tour (jusqu’à présent pas très fructueux) en salles. Tandis que la prochaine sera - en septembre - "Wolfs" de Jon Watts, mettant en scène avec George Clooney et Brad Pitt, "To the Moon" est quant à lui réalisé par Greg Berlanti, à qui l’on doit le teen movie "Love, Simon" (2018). Comédie romantique, son film met alors en scène la course folle à l’espace des États-Unis face à l’Union soviétique, et plus précisément la mission Apollo 11, tout en jouant de l’une des nombreuses théories du complot, selon laquelle le Gouvernement américain, pour éviter un échec, aurait filmé et diffusé un faux alunissage de Neil Armstrong et Buzz Aldrin à la date du 21 juillet 1969. Centré autour de deux personnages fictifs et glamours campés par Scarlett Johansson et Channing Tatum, "To the Moon" réussit-il alors à décrocher la Lune ?

Le film plante alors son drapeau en plein contexte, d’une part, du dramatique accident d’Apollo 1 [1] et, d’autre part, de la fin de Guerre du Viêt Nam, qui n’incite guère les politiciens à investir dans la - pourtant - course contre la montre de la conquête spatiale. Kelly Jones (Johansson), une caméléonne experte en marketing, sera alors recrutée par le Gouvernement américain de Nixon afin de redorer l’image publique de la NASA, et d’attirer ainsi les investisseurs, ce qui ne sera pas du goût du directeur de la mission Apollo 11, Colve Davis (Tatum), portant sur ses épaules le fardeau de la disparition de ses collègues, et qui ne voit pas d’un bon œil de mentir au public, ou de vendre des produits sur le dos de sa mission. Pourtant, leur collaboration quelque peu forcée fera vite ses preuves, Jones jouant de plus de ses charmes et de ses capacités oratoires persuasives pour appâter, tandis que s’installera entre elle et Colve des manigances amoureuses qui pourraient les mener haut, très haut. Sauf qu’en parallèle, et dans le dos de Colve, Kelly sera chargée d’organiser un faux alunissage sur la Lune, lequel sera donc diffusé en direct, plutôt que le vrai, mais avec la bonne bande-son, et cela juste au cas où...

Bien que basé sur la réelle mission Apollo 11, "To the Moon" s’amuse à déjouer la réalité et à mettre en scène une des plus célèbres théories du complot qui ne cesse de nourrir l’imagination des conspirationnistes, autour dudit alunissage, tandis qu’il nous montre comment la publicité, et d’autant plus la propagande peut être utilisée dans la manipulation de l’opinion publique, renforçant dans ce cas-ci sa confiance envers l’Amérique, mais aussi en sa supériorité à l’échelle du monde, étant donné des capacités technologiques permettant d’envoyer les premiers hommes sur la Lune. Quant aux personnages joués ici par Scarlett Johansson et Channing Tatum, ces derniers ont totalement été inventés pour les besoins du film, qui manque certes de sciences, mais pas de romantisme. L’alchimie entre les deux acteurs fait alors le job, tandis qu’on apprécie le côté rétro de cette histoire d’incrédulité en l’un des événements qui a changé le cours de l’Histoire de l’Homme, lequel, s’il n’avait permis là qu’un petit pas pour l’Homme, en avait fait un grand pour l’humanité. D’ailleurs, et entre parenthèses, la célèbre phrase de Neil Armstrong aurait été déformée par la NASA (lequel aurait ainsi cité "« C’est un petit pas pour UN homme, un grand pas pour l’humanité. » et non "« C’est un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité. »), tandis qu’elle n’aurait pas non plus été improvisée. Que de théories de la discorde !

La réalisation de Greg Berlanti, sans atteindre les étoiles, nous fait alors passer un agréable moment rétro, mais sans doute trop léger vis-à-vis du morceau auquel il s’attaque. Pour le coup, son pied de nez aurait pu être davantage plus piquant, ou moqueur, lequel choisit plutôt de romancer le tout. Produit pour cent millions de dollars, on se demande d’ailleurs où est passé tout cet argent, si ce n’est peut-être dans le cachet de ses acteurs, même si certains plans extérieurs, ou des préparatifs du décollage et de la construction de Saturn V s’avèrent impressionnants. Aussi, la mise en scène de Berlanti peine à constamment relancer ses enjeux, alors que ses décors et costumes ont bien du mal à paraître naturels. Ainsi, Channing Tatum (un peu trop coincé) semble toujours porter le même polo jaune au col ligné, avec, en dessous, un Marcel blanc, lui qui ressemble d’ailleurs, à s’y méprendre, avec sa tenue et ses cheveux gominés, à un personnage de Stark Trek. Aussi, les différentes fêtes organisées autour ou pour les personnages centraux sont également très artificielles dans leur exécution, et sentent beaucoup trop l’effet studio. Enfin, quelques soucis de mixages sonores s’entendent - ou plutôt se repèrent - également, dans le sens des blancs s’invitent en arrière-plan à de scènes où il ne devrait pas y en avoir, et inversement. En d’autres termes, "To the Moon" n’est pas un chef-d’œuvre, et n’a d’autre prétention que de rejouer sur un ton gentiment lunaire les coulisses hallucinées et fantasmées d’une page de l’Histoire spatiale.



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