Synopsis : Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.
Casting : Pierre Niney (Edmond Dantès, le Comte de Monte-Cristo, Busoni, Lord Halifax) ; Bastien Bouillon (Fernand de Morcef) ; Anaïs Demoustier (Mercédès de Morcef) ; Anamaria Vartolomei (Haydée) ; Laurent Lafitte (le procureur Gérard de Villefort) ; Pierfrancesco Favino (Abbé Faria) ; Patrick Mille (baron Danglars) ; Vassili Schneider (Albert) ; Julien de Saint Jean (Andréa Cavalcanti) ; Françoise Gazio (Yvonne) ; Oscar Lesage (Maximilien Morrel) ; Lily Dupont (Suzanne)
Une lourde succession !
L’œuvre célèbre de Dumas a été adaptée une bonne trentaine de fois au cinéma et à la télévision. Fallait-il remettre le couvert avec cette version proposée par Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière, d’autant que leur adaptation des Trois mousquetaires n’a pas totalement convaincu (ils étaient aux commandes du scénario, mais pas, comme ici, à la réalisation) ?
Pour avoir revu cinq adaptations ces dernières semaines, durant une convalescence forcée, cette nouvelle proposition tient largement la route, après avoir visionné le film sans a priori (n’ayant volontairement consulté aucune critique ou revue de presse). Ayant donc en mémoire, télévision et cinéma confondus, la version de Robert Vernay avec Jean Marais en 1954 ; celle de Claude Autant-Lara, avec Louis Jourdan en 1961 ; celle de Denys de La Pattelière avec Jacques Weber en 1979 ; de Josée Dayan avec Gérard Depardieu en 1998 et même, de l’autre côté de l’Atlantique, celle de Kevin Reynolds en 2002 avec Jim Caviezel... et, pour mémoire, une adaptation japonaise dans la série d’animation Gankutsuou, en 2004 ; c’est Jacques Weber qui était, en toute subjectivité assumée, le "meilleur" comte, celui mis en image par... le père d’Alexandre De La Patellière qui coréalise la nouvelle version de 2024 avec Matthieu Delaporte.
Pierre Niney allait-il détrôner Jacques Weber ? Car la tâche est rude : traduire en images un roman de près de deux mille pages et cela en trois heures, alors que certaines adaptations, optant pour le mode sériel, se déployaient parfois durant 6 heures.
Pierre Niney, transcende le film !
Pierre Niney à l’âge qui convient pour faire illusion dans le rôle du jeune Edmond Dantès et dans celui de Monte-Cristo quatorze ans plus tard, animé par une terrible soif de vengeance à laquelle le spectateur ne peut qu’adhérer. Il est aidé par une reconstitution au cordeau : décors et costumes rendent justice à un film dont la plupart connaissent l’intrigue. Tout l’intérêt est alors de séduire autrement puisqu’il n’y a aucune surprise, l’histoire étant connue. Même si chaque adaptation de ce roman-fleuve ont donné lieu à des variations sur un thème déjà exploité, celui-ci est suffisamment prégnant pour que l’on soit séduit par autre chose, notamment par la façon de raconter l’histoire, de la mettre en scène. Par exemple, outre les costumes et décors déjà mis en exergues, quelques courts flashbacks à des moments clés de l’intrigue viendront éclairer la scène en cours et en montrer les enjeux et la préparation par le comte (aidé aussi par l’excellent travail du prothésiste français Pierre-Olivier Persin qui avait réalisé un excellent travail sur le trop peu connu Gräns).
grâce à des acteurs confirmés...
Si Pierre Niney transcende le film, il le doit aussi à l’ensemble du casting et, notamment, à ses antagonistes. Fernand de Morcef est interprété par Bastien Bouillon, remarquable, un acteur que l’on a vu notamment dans La nuit du 12, Le mystère Henri Pick, Jumbo... Le procureur de Villefort, homme politique, opportuniste doit toute la densité de son personnage et de son interprétation à un fabuleux Laurent Lafitte, toujours excellent dans des rôles troubles ! Danglars que l’on aimera détester grâce Patrick Mille. Il faut noter aussi, celle pour qui le cœur d’Edmond Dantès a battu, puis s’est brisé, Mercédès à qui Anaïs Demoustier apporte son corps et son jeu tout en finesse. On comprend qu’Edmond Dantès était amoureux et que cet amour est perdu à jamais du fait de la trahison dont il fut l’objet.
et à de jeunes acteurs très talentueux !
Enfin, il faut mettre en avant les jeunes acteurs : Anamaria Vartolomei qui joue une séduisante et ambigüe Haydée (elle est à l’affiche de Maria de Jessica Palud où elle joue Maria Schneider ; elle fut en 2017 Mademoiselle de Montpensier dans L’Échange des princesses de Marc Dugain).
Vassili Schneider, le frère de Niels Schneider joue un Albert très convaincant, tandis que Julien de Saint Jean est un excellent, séduisant et ambigu Andréa Cavalcanti ! Julien de Saint Jean, est probablement moins connu, mais il a été vu à l’écran en télévision en 2021 dans Emma Bovary et dans Mise à nu ainsi que dans un documentaire diffusé sur Arte l’an dernier, Le diable au corps sensuel et sans remord, où il interprétait Raymond de Radiguet l’auteur de Le diable au corps, face à Catherine de Léan, qui jouait le rôle de Marthe, son amante plus âgée et mariée à un soldat durant la Première Guerre mondiale. Les spectateurs français ont eu l’occasion de voir cet acteur (formé aux cours Florent) dans un film qui, hélas, n’a pas été distribué en Belgique Arrête avec tes mensonges, l’adaptation par Olivier Peyon du roman autobiographique de Philippe Besson. Il y interprétait le rôle de Thomas Andrieu en 1984 [1]. Et c’est l’an dernier qu’on a pu le découvrir dans l’excellent Le paradis.